Cette image restera dans toutes les mémoires. Jim Walmsley, 27 ans, le challenger le plus attendu sur cet UTMB, avec son aura de numéro 1 au classement ITRA, est allongé les yeux fermés sur un banc en pleine course de l’UTMB.
Dans la nuit de vendredi à samedi 2 septembre, peu avant le petit matin au point de contrôle de la Fouly vers 1500m, l’impensable se produit : Jim Walmsley, 13 minutes au 5000m, vainqueur de Lake Sonoma, JFK50 et d’autres Ultra, celui qui s’entraine dans la vallée de Chamonix depuis des semaines, coaché par les meilleurs, celui qui avait l’ambition d’être le premier homme américain de l’histoire à remporter l’UTMB s’effondre, prêt à abandonner.
Pourquoi et comment ?
La pression est aux sommets.
D’abord cet UTMB 2017 est LE trail de la décennie avec un plateau si incroyable que Kilian Jornet s’inscrira assez tardivement pour disputer la course compte tenu des inscrits. Pour la première fois dans l’histoire de l’UTMB jamais épreuve ne sera autant disputée.
Il y a une authentique volonté de la part des américains de remporter le challenge : si les américaines, femmes, avaient de nombreuses fois remporté l’UTMB, une malédiction continue de peser sur les hommes.
Cette fois ci, les américains, équipe Hoka One en tête emmèneront les audacieux David Laney, Tim Tollefson, Zach Miller, Hayden Hawks -qui remportera fièrement la CCC- et bien sûr Jim Walmsley.
Qu’a-t-il manqué à l’armada US pour percer la résistance des tenants du titre ?
Un manque de stratégie des américains ou une bonne stratégie des européens ?
Rien ne laisse supposer qu’il y a eu une entente entre les anciens vainqueurs de l’UTMB Jornet, Thévénard et d’Haene pour empêcher Jim Walmsley d’arriver en premier.
Mais c’est tout comme.
Thévenard, D’Haene, Jornet ne se sont pas laissés impressionnés par la vitesse. Ni par la vitesse de départ, aux environs de 19km/h, ni aux allures importantes du coureur de fond jusqu’au milieu de la nuit, environ 5 minutes au kilomètre dans les zones semi-plates, ou en descente jusqu’à Courmayeur.
Il y a même eu ces moments bizarres, où Jim Walmsley attendait ses concurrents aux ravitos. Grand prince ou arrogance ?
D’Haene se constitue en appât.
C’est peut-être cette dernière possibilité qui aurait fait naître l’idée de jouer l’appât chez d’Haene ? En effet Thévenard ayant décroché, Jornet se laissant légèrement distancier vers Courmayeur, d’Haene va mettre une pression incroyable à l’américain.
Se posant dans chacun de ses pas, soufflant sur sa nuque, François montre à Jim qu’il est décidé à ne pas le laisser filer. Mieux il lui impose, dans une sorte contrôle arrière, un rythme que Walmsley ne va pas tarder à payer.
En effet vers 2h du matin, alors les deux adversaires ont 1500m de dénivelé à grimper, que les conditions météos rajoutent à la nuit glaciale de la neige et du vent, quelque chose se produit. Walmsley était-il arrivé en surpression en haut du col Ferret à 2500m, et doublé par d’Haene, était-il descendu le corps et le mental congelé jusqu’à la Fouly ? En tout cas on dit qu’il se sera blessé les pieds, et, à cause de son état aggravé par des problèmes digestifs, il va s’allonger plus d’un quart d’heure sur un banc.
Arrivé 4mn derrière François d’Haene, il laissera ce dernier repartir avec 20mn d’avance.
L’américain avait mordu à l’appât et a perdu le trophée tant espéré dans les ténèbres de la Fouly.
D’Haene devient alors le patron d’un UTMB épique.
Tandis Jim Walmsley fera une nouvelle pause pour se faire ausculter à Champex-Lac à 8h25 pendant 20mn, François d’Haene est déjà reparti depuis une demi heure, suivi à 10mn près par Kilian Jornet.
Tim Tollefson, compatriote de Jim dans la team Hoka, passera le réconforter avant de partir sécuriser la 3e place.
Jim réussira tout de même, exploit à la hauteur de sa réputation, après être redescendu à la 7e place, à terminer à la 5e place, laissant toutefois la 4e place à Xavier Thévenard.
Rapide mais jeune, Jim Walmsley, s’est heurté à l’expérience redoutable des triples vainqueurs de l’UTMB François d’Haene et Kilian Jornet…
La malédiction des hommes américains se sera donc une nouvelle fois accomplie sur l’UTMB 2017.
Qui aligneront-ils l’année prochaine ?
Et si Hayden Hawks qui a puissamment remporté la CCC, n’avait fait que reconnaître la partie de l’UTMB pour réussir là où Jim Walmsley a échoué ?
Réponse dans un an.
Pour l’instant, le mont Blanc reste pour les américains le mont Maudit.
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