Le tunnel du Mont Blanc coûte une blinde.
Quand on accompagne un coureur à l’UTMB, ou qu’on est simplement passionné par cet événement mythique, on a envie de tout vivre. Pas seulement la course en elle-même, mais l’ambiance des jours qui précèdent, les conférences, les stands, les projections, les arrivées des autres formats, les retrouvailles, les applaudissements, les rencontres. Bref, on veut être dans le truc, du début à la fin. Mais tout cela se complique singulièrement quand on est logé à Courmayeur.
Le problème du péage du tunnel du Mont Blanc pour profiter de la fête à Chamonix pendant l’UTMB
Le tunnel du Mont-Blanc, qui sépare l’Italie de la France, fait payer très cher chaque passage. En 2025, la traversée du tunnel coûte environ 68 euros aller-retour. Et cela change tout. Une simple envie de faire un saut à Chamonix pour une interview, une remise de dossard, un café entre copains, devient une décision à 68 euros. Et si on veut revenir ensuite pour l’arrivée ou la remise des prix, rebelote. Ce qui aurait dû être un week-end de partage devient une série de choix rationnels : “est-ce que ça vaut le coup de repayer ?”, “est-ce que je reste côté italien ?”, “est-ce que je rate ce moment-là ?”.
Les tarifs de péage pour le tunnel du Mont Blanc
Il existe bien des abonnements et des forfaits pour les usagers fréquents du tunnel, mais encore faut-il les anticiper, les connaître, et surtout faire assez d’allers-retours pour les rentabiliser. Certaines formules permettent de bénéficier de tarifs réduits si l’on fait le retour dans un délai précis, mais cela reste un système pensé pour les frontaliers réguliers, pas pour les accompagnateurs ou les suiveurs d’une course. Il y a aussi une carte “résident TMB” pour les habitants des communes proches, mais là encore, tout le monde n’y a pas droit.
Face à cette réalité, beaucoup font des choix. Certains renoncent à traverser, d’autres limitent les allers-retours au strict minimum, d’autres encore choisissent de loger côté français malgré des tarifs parfois plus élevés, rien que pour éviter ce tunnel devenu barrière. La conséquence, c’est que l’ambiance que l’on pourrait espérer collective devient morcelée. Ceux qui logent à Courmayeur vivent leur UTMB d’un côté, ceux qui sont à Chamonix vivent autre chose, et le tunnel devient une frontière plus sociale que géographique.
C’est un détail, peut-être. Mais c’est un détail qui dit beaucoup sur l’évolution du trail. Un sport qui se veut accessible, ancré dans la nature, ouvert à tous… mais où vivre pleinement l’expérience d’un événement comme l’UTMB peut revenir très cher. Entre les inscriptions, le matériel, les transports, l’hébergement, et maintenant ce péage à 68 euros la traversée, on commence à se demander si l’ultra ne s’adresse plus qu’à ceux qui ont les moyens.
Alors oui, on peut s’organiser. On peut mutualiser les trajets, prendre des navettes, covoiturer, optimiser les passages. Mais cela ne change pas le fond du problème : en tant qu’accompagnateur, supporter, journaliste ou même coureur, on ne devrait pas avoir à calculer chaque passage sous la montagne pour vivre un événement dont le cœur bat des deux côtés. Chamonix n’est pas juste une ligne d’arrivée. C’est un lieu de partage, d’émotions, de rencontres. Et il serait dommage que le prix d’un tunnel empêche certains d’en profiter.
Le trail est une aventure collective. Et à l’UTMB, cette aventure commence souvent bien avant la ligne de départ. Si les organisateurs veulent continuer à faire rayonner l’événement, peut-être faudra-t-il un jour penser à ces détails qui n’en sont pas. Parce qu’à 68 euros le tunnel, on finit par traverser moins souvent… et vibrer un peu moins fort.
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