L’UTMB n’est pas seulement une course, c’est une vitrine mondiale pour les équipementiers du trail running. En 2025, bien plus que les exploits individuels, c’est une marque qui a dominé la semaine chamoniarde : ASICS.
Asics : stratégie gagnante, visibilité massive
Sur la course reine (174 km, 9 900 m D+), ASICS s’est illustrée avec un doublé remarquable : Tom Evans l’emporte, suivi de près par son coéquipier Ben Dhiman. Une performance qui ne relève pas du hasard, mais d’une stratégie élaborée : recrutements ciblés, développement de prototypes rapides et robustes, présence omniprésente sur les réseaux et dans les médias.
Et ASICS n’a pas joué la carte unique. Sur l’OCC, Andrzej Witek (Pologne) conclut 3e. L’ETC voit monter sur le podium Maximilien Drion (Belgique). Dans la catégorie jeunes (YCC), Julia Ehrle (Allemagne) décroche la première place. Résultat ? Présence sur quasiment tous les formats et une victoire qui ressemble à un coup de maître marketing.
Avec des podiums quasi ininterrompus, ASICS a expliqué à tous – concurrents comme spectateurs – qu’elle était la marque à battre à l’UTMB 2025.
Salomon dans la nouvelle réalité du trail
Autrefois leader incontesté, Salomon paraît désormais dans une phase de repli relatif. L’absence de podiums significatifs sur l’UTMB 2025, combinée à la transition de ses figures emblématiques, annonce une mutation nécessaire.
- Kilian Jornet – pilier de la marque de 2003 à 2021 – a quitté Salomon, entraînant une perte symbolique et stratégique majeure.
- François D’Haene, quadruple vainqueur de l’UTMB, tente un retour après une triple fracture de la cheville. En 2025, il a dû abandonner autour du 68e km, victime d’une douleur persistante, même s’il a fait preuve d’une dignité remarquable dans ses propos.
- Courtney Dauwalter, supposée invincible ces dernières années, a connu une course difficile en 2025. Partie en tête, elle a progressivement craqué et a terminé 10e au classement femmes – un résultat inattendu pour la « reine de l’ultra-trail ».
Au-delà des athlètes, c’est aussi sur le plan commercial que Salomon recule. Selon une étude https://www.globalgrowthinsights.com/market-reports/trail-running-shoes-market-112587, la marque a été dépassée ces dernières années par Hoka sur le marché américain, notamment grâce à une gamme plus amortie et plus accessible. D’autres challengers, comme ASICS, Altra ou encore Nike Trail, grignotent également des parts de marché. En France, les chiffres précis sont plus opaques, mais les tendances de recherche et les ventes sur les plateformes en ligne (Alltricks, i-Run) confirment un déplacement progressif des préférences des traileurs vers des modèles plus récents et innovants.
Ces éléments ne sont pas des critiques, mais des constats : en trail running, le leadership ne se décrète pas, il se gagne chaque saison. Et l’appui de champions historiques, aussi charismatiques soient-ils, ne suffit plus à masquer un déficit d’innovation produit ou une stratégie marketing en retrait.
La chaussure devient symbole
À l’arrivée, Tom Evans déclare :
“Je vous avais dit que cette chaussure méritait de gagner l’UTMB. Je l’ai fait.”
Cette phrase résume tout. Le coureur n’est plus seulement un sportif, mais un narrateur : une chaussure devient un message. L’UTMB, en plus d’être un défi physique, est un lancement produit mondial.
Marketing grand format, monde entier en spectateurs
Chaque dossard, chaque logo visible, chaque plan caméra devient une exposition publicitaire. ASICS y a été exemplaire : présence institutionnelle, communication cohérente, sérieux dans la préparation.
Salomon, avec moins de visibilité directe, doit repenser son approche : innover, recréer un lien fort avec le public, valoriser ses nouveaux ambassadeurs. La concurrence, notamment Hoka (sponsor officiel de l’UTMB), Altra ou encore les divisions trail de Nike et adidas, ne laisse aucune place à l’immobilisme.
une course de marketing avant tout
Si l’UTMB demeure une épreuve d’endurance extrême, il est devenu évident que sa dimension économique et médiatique est au moins aussi cruciale. En 2025, ASICS l’a démontré : victoire sportive rime désormais avec domination commerciale.
Salomon, riche d’une histoire colossale, observe depuis une autre rive. L’avenir lui appartient toujours, à condition qu’elle se réinvente – pas seulement sur les sentiers, mais aussi dans l’esprit des coureurs.
Cet article propose une analyse journalistique fondée sur des résultats sportifs publics, des données accessibles sur les parts de marché des équipementiers, et des déclarations officielles. Il ne vise en aucun cas à dénigrer une marque ou ses athlètes, mais à commenter l’évolution observable des dynamiques du trail running professionnel. Les noms cités le sont dans un cadre informatif, sans volonté de porter atteinte à leur image ou à celle de leurs sponsors.