Attention à la banalisation des distances et des défis en trail.
On voit ces dernières années la multiplication des défis par les élites. On ne va pas revenir sur tous, mais ça a commencé en 2020 avec la Grande Traversée du Team Salomon, le GR20 de Thévenard, le GR10 de Clavery, le GR5 de Curmer/Robin/Kern, l’UTMB de Capell, etc. Le souci est qu’avec la multiplication desdits défis, on a pu assister à une banalisation des distances.
Des défis sportifs beaucoup plus durs que des ultra
Hormis la PTL et le Tor des Géants, qui approchent ou dépassent les 300km, la majorité des grosses courses (celles qui drainent des élites) dépassent rarement les 180km (dans mon souvenir, la plus longue serait l’ultra Marin et ses 177km, mais je peux en oublier). Ici, les distances ont explosé. Clavery a fait 900km, le Team Salomon en a fait 1000, Thévenard en a fait 180, Curmer/Kern/Robin en ont fait 200…
Une banalisation dangereuse, même pour les élites, deux exemples
Deux cas ont montré que ça pouvait être plus dangereux qu’on ne le pensait.
– Le premier est celui de Xavier Thévenard. On ne va pas revenir sur sa volonté de faire un record ou pas, ce n’est pas le sujet. En revanche, ce qui m’a marqué, c’est son interview en fin de course. Entre ce qu’il dit (« ce n’est pas humain de se mettre dans un état pareil ») et la manière dont il le dit (il avait particulièrement l’air d’être au bout de sa vie le pauvre), quand on sait que sa réputation est de gérer ses courses comme un métronome, on peut prendre la mesure de la difficulté de ce genre de distances.
Avec deux ans de recul, il explique que si sa maladie de lyme a pris le dessus, c’est suite à ce défi sur le GR20 qui l’a clairement mis dans le rouge.
– Le second cas qui prouve que ça peut être dangereux est celui de Courtney Dauwalter. L’américaine n’est pas la première venue (vainqueure en titre de l’UTMB) et avait décidé de s’attaquer au Colorado Trail (789km pour 27000m de D+). Plus précisément, elle voulait battre le record de Bryan Williams (qui était de 8 jours et 30 minutes). Elle était bien partie mais, aux alentours du 500ème, elle a dû jeter l’éponge en raison d’une bronchite aïgue et a malheureusement dû être transportée à l’hôpital. A priori rien de grave cependant.
Rien d’anodin !
Ces deux exemples nous montrent bien que ces distances (tant pour les amateurs que pour les élites) n’ont rien d’anodin et qu’il est extrêmement dangereux de les banaliser. Dites-vous que les pseudo-spécialistes qui vous disent, de manière un peu pédante et condescendante que vous n’êtes rien si vous n’avez pas fait l’UTMB n’ont probablement jamais fait de trail et sont beaucoup plus à l’aise quand il s’agit de faire la morale depuis leur canapé.
Ce n’est pas une fatalité
Alors oui, tout est possible, tout est réalisable. C’est surtout lié aux moyens qu’on se donne. Il faut s’entraîner longtemps et sérieusement ; il faut y aller progressivement, et patiemment ; il est capital d’écouter son corps, et surtout, de donner du sens à ce qu’on fait (je le dis souvent, mais si on n’a pas de réelle finalité pour aller au bout d’un tel challenge, au premier temps faible, ou quand on sera seuls en pleine nuit face à nous-mêmes, on explosera).
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