On a évoqué il y a trois ans la question du matériel obligatoire lors du tragique accident qui s’est déroulé en Chine, où une vingtaine de participants à un ultra-trail ont perdu la vie. Pour synthétiser la situation, nous avons ici deux visions qui, à défaut de s’affronter, co-existent. D’un côté l’école à la française, et de l’autre côté l’école à l’américaine.
Trail : en France, matériel obligatoire
L’école à la française, c’est imposer une checklist qu’on est obligés d’avoir, qui est contrôlée soit pendant la course un peu au hasard (comme c’est le cas pendant l’Ecotrail de Paris), soit préalablement pour entrer dans le sas de départ (comme c’est le cas à la diagonale).
Trail : aux Etats-Unis pas de matériel obligatoire
A contrario, l’école américaine oblige rarement, voire pas du tout de checklist (à la Western States notamment). Chacun prend ce dont il a besoin et construit la stratégie qui est la sienne. Par exemple, une polémique comme il y a eu pour Jornet à l’UTMB en 2008 (à sa première victoire, il n’avait qu’une banane et pas un sac ; en d’autres termes, il avait joué avec le règlement, uniquement car il a écouté son besoin et adapté son matériel à sa stratégie) n’existerait jamais aux USA. Tu joues avec le feu, tu prends le risque de te brûler. Finalement, ça se rapproche un peu de la philosophie de Jim Walmsley, à savoir on prend des risques en se mettant à la limite, avec la possibilité d’exploser en plein vol.
Derrière ces deux écoles on retrouve finalement les ADN politiques des deux pays.
La France a toujours été jacobine et un brin paternaliste (on adore avoir quelqu’un qui nous dit ce qu’on doit faire juste pour pouvoir râler dessus, mais on préfère l’avoir) alors qu’aux USA, c’est un libéralisme (je ne parle pas ici au sens économique) à outrance où tout ce qui n’est pas interdit est permis.
Une des deux écoles vaut-elle mieux que l’autre ?
Pas forcément, c’est surtout une question de feeling. Personnellement, je préfère l’école américaine, car elle nous responsabilisera, nous obligera à penser notre stratégie de courses, et surtout parce qu’on est des adultes. Pour le dire plus simplement, si je prépare l’UTMB, je n’ai pas besoin qu’on me dise qu’il va falloir avoir des équipements chauds la nuit pour en prendre… Si je n’en prends pas et qu’il m’arrive une bricole, bah tant pis pour moi, c’est ma responsabilité, et j’estime que ça ne doit pas être celle des organisateurs. Eux ont une obligation de prévention, et je trouve que c’est bien assez. Je trouve facile de dire que s’il y a un mort à cause d’un matériel manquant, c’est à cause de l’organisation…
C’est pourquoi à la limite, un compromis peut être pas mal (les trails en Belgique font généralement ça), c’est une liste de matériel conseillé selon la saison et la météo. Et ça, finalement, c’est plutôt chouette, car sur ces listes, il y a des choses auxquelles on ne pense pas forcément. A titre d’exemple, quand j’ai fait mon premier 100km, c’était en été 2019, et dans le matériel recommandé, il y avait une pince anti tiques. Jamais je n’aurais pensé à ça, et maintenant, elle m’accompagne toujours dans ma trousse de secours.
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