ego coureur
Courir pour se prouver quelque chose ? Quand la quête de performance masque un manque de confiance.
La performance est souvent glorifiée. Objectifs chronométrés, records personnels, podiums, segments Strava… Pourtant, derrière cette quête d’excellence peut se cacher une faille plus intime : un manque de confiance en soi. Et si courir vite, fort, souvent, n’était qu’un moyen de combler un vide d’estime personnelle ? Cette question, de plus en plus étudiée, mérite qu’on s’y attarde.
ego coureur
lien rémunéré irun
Quand le perfectionnisme devient une armure… ego coureur
De nombreux traileurs présentent des traits perfectionnistes, souvent valorisés dans notre société. Mais comme l’explique une étude publiée dans Psychology of Sport and Exercise (Hill, A. et al., 2015), il existe une différence fondamentale entre le perfectionnisme sain (orienté vers le progrès) et le perfectionnisme dysfonctionnel (motivé par la peur de l’échec ou le besoin d’approbation).
Chez les sportifs, ce perfectionnisme peut se traduire par un surentraînement, une incapacité à se satisfaire de ses performances, ou encore une tendance à l’auto-dénigrement en cas de résultats jugés « insuffisants ». La performance devient alors une manière de fuir le doute, plutôt qu’une source d’épanouissement.
Performance ou estime de soi ?
Selon l’approche de la psychologue américaine Kristin Neff, spécialiste de l’auto-compassion, une estime de soi basée sur la performance est instable. Elle dépend du regard extérieur, des comparaisons, des résultats. En revanche, une confiance enracinée dans l’acceptation de soi permet une pratique plus libre et durable du sport. Cela rejoint les conclusions de l’étude Self-esteem, self-confidence and sport performance (Vealey, R.S., 2001), qui démontre que la performance optimale est atteinte non pas lorsque l’athlète cherche à prouver sa valeur, mais quand il court pour lui-même, en pleine conscience de ses limites et de ses forces.
Les signes d’un déséquilibre # ego coureur
Comment savoir si l’on court pour les bonnes raisons ? Voici quelques indicateurs :
-
Une angoisse forte avant les compétitions, même secondaires ;
-
Une baisse d’estime personnelle après un échec sportif ;
-
Une tendance à se définir uniquement par ses résultats ou son volume d’entraînement ;
-
Un besoin constant de validation extérieure (réseaux sociaux, regard du coach, etc.).
Vers une pratique plus confiante et authentique
Le psychologue du sport Guillaume Millet rappelle dans ses interventions que « le mental ne se construit pas seulement dans la douleur mais aussi dans l’acceptation de ce que l’on est ». Pour retrouver un rapport apaisé à la performance, plusieurs leviers peuvent être utiles :
-
Revenir aux motivations profondes : pourquoi ai-je commencé à courir ?
-
Diversifier ses objectifs (esthétiques, sociaux, sensoriels) au-delà du chronomètre ;
-
Pratiquer l’auto-compassion et le lâcher-prise ;
-
Parler avec un professionnel en cas de pression intérieure trop forte.
Courir vite, longtemps, fort… n’a rien de problématique en soi. Mais lorsque chaque entraînement devient une épreuve de validation personnelle, il est légitime de se demander : est-ce que je cours contre moi, ou avec moi ? Réconcilier performance et confiance en soi, c’est s’autoriser à être imparfait, tout en progressant. Et paradoxalement, c’est souvent là que le vrai potentiel se révèle.
Sources citées :
-
Hill, A.P., et al. (2015). Perfectionism in sport and exercise: A review of the psychology literature. Psychology of Sport and Exercise, 16, 24–36.
-
Neff, K. (2011). Self-Compassion: The Proven Power of Being Kind to Yourself. William Morrow.
-
Vealey, R.S. (2001). Understanding and enhancing self-confidence in athletes. In Singer, R.N., Hausenblas, H.A., & Janelle, C.M. (Eds.), Handbook of Sport Psychology (2nd ed.).
-
Entretien avec Guillaume Millet (Université Jean Monnet), consultable dans les archives de l’INSEP.
Lire aussi
- Le secret de Kilian Jornet, ce n’est pas l’altitude !
- ego coureur
- Est-ce bien de courir tous les jours ?
- Une petite trouvaille d’une BD sur l’univers Trail, le Tor des Géants vu de l’intérieur.
- Des traileurs se mettent en danger en inhalant un gaz toxique pour simuler un entrainement trail en altitude
- Pour 550 euros, voici ce qui manque à la Garmin Forerunner 570
-
Certains liens présents dans cet article sont affiliés. Cela signifie que si vous achetez un produit via ces liens, notre site peut percevoir une commission sans que le prix ne change pour vous. Cette rémunération contribue à soutenir notre média indépendant et à vous proposer des contenus gratuits sur le trail.