C’est dans une vidéo signée Patrick Montel que les mots de Thierry Corbarieu prennent toute leur force. On l’interroge sur un exploit réalisé avant Mathieu Blanchard, dans les mêmes conditions extrêmes du Yukon, mais passé totalement inaperçu. Sa réponse est désarmante de sincérité :
« Je ne regrette rien. Si ça s’est passé comme ça, c’est que je le voulais. »
À travers ce témoignage rare, une évidence s’impose : deux traileurs, deux visions du dépassement, deux façons d’aborder la notoriété. L’un soigne sa communication, l’autre s’en détourne. Et pourtant, tous deux ont affronté le même enfer blanc du Grand Nord.
Ils repoussent les limites. Ils aiment l’ultra, les défis hors norme, les aventures engagées. Mais tout les oppose dans la manière de raconter leur passion.
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Mathieu Blanchard, figure clé du trail français, ultra-médiatisé, sponsorisé, encadré par un agent, maîtrise son image comme un athlète professionnel.
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Thierry Corbarieu, lui, vit l’ultra dans le silence, humble, discret, presque invisible malgré des performances comparables, voire supérieures.
Deux hommes, deux trajectoires, deux rapports à la lumière. Et une même passion pour l’extrême.
Thierry Corbarieu # Mathieu Blanchard
Le même amour de l’effort… pas le même écho
Les deux hommes ont parcouru des kilomètres au-delà du raisonnable. Ils ont connu la solitude des longues distances, l’adversité des éléments, la préparation méticuleuse. Mais là où Blanchard transforme chaque aventure en contenu, Thierry Corbarieu préfère le silence à l’exposition. Dans une interview récente, il confie :
« J’ai peut-être jamais communiqué… ou trop peu. Mais je ne regrette rien. Si ça s’est passé comme ça, c’est que je le voulais. »
Blanchard : la notoriété comme levier de carrière
Mathieu Blanchard est aujourd’hui l’un des traileurs français les plus connus. Finaliste de Koh-Lanta, plusieurs fois sur le podium de l’UTMB, il a compris que dans le monde d’aujourd’hui, la visibilité est une ressource. Il raconte, il documente, il partage. Et cela fonctionne. Il inspire une communauté, attire des marques, et vit de sa passion.
Ce n’est pas un mal. Il ne triche pas. Il assume pleinement son rôle d’ambassadeur du trail moderne, à l’image de ce qu’a été Kilian Jornet en son temps, avec une touche plus accessible.
Corbarieu : le silence comme fidélité à soi-même
Thierry Corbarieu, lui, court dans l’ombre. Il traverse des déserts, affronte des froids extrêmes, tente des défis en autonomie dans des coins du globe que personne ne regarde. Et quand il revient, il ne fait pas de vidéo. Il ne poste pas de reels. Il vit ses aventures pour lui, et pour ceux qui les partagent sur le terrain.
« Je ne me prends pas pour celui que je ne suis pas », dit-il.
Pas un coureur d’élite selon ses mots, mais un passionné. Plus c’est long, plus il aime. Et ce qu’il préfère encore plus que la course ? La préparation. Les sorties entre copains. L’entraînement collectif d’un sport individuel.
Deux approches, un même respect de la montagne
Opposer les deux hommes serait réducteur. Blanchard n’est pas une caricature de l’influenceur. Il s’entraîne dur, prend des risques, connaît le doute. Corbarieu n’est pas un ermite. Il accepte parfois les interviews, partage quelques mots, sourit aux caméras quand elles viennent à lui.
Mais leur rapport à la notoriété raconte quelque chose de notre époque. L’un s’en sert pour exister. L’autre s’en éloigne pour rester fidèle à son essence. Et au final, tous deux inspirent. Par des chemins radicalement différents.
Résumé
L’article met en lumière deux aventuriers français hors norme : Thierry Corbarieu et Mathieu Blanchard, qui ont tous deux affronté les conditions extrêmes du Yukon Arctic Ultra. Si leurs performances sont comparables en termes d’engagement physique et mental, tout les oppose dans la manière de vivre – et surtout de raconter – leurs aventures.
Blanchard, devenu une figure médiatique du trail, a fait de son périple en 2023 un projet narratif complet, mêlant réseaux sociaux, vidéos et storytelling. Corbarieu, lui, reste fidèle à sa philosophie : courir loin des caméras, avec humilité et authenticité. En 2019, il remportait pourtant le format long de 430 miles, un exploit encore inégalé en France.
À travers ce double portrait, l’article interroge notre rapport à la notoriété dans le trail : faut-il se montrer pour exister ? Ou peut-on encore laisser parler uniquement la performance et l’intention ? Deux visions de l’aventure s’affrontent… et se complètent.
FAQ
📅 Quand ont-ils couru dans le Yukon ?
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Thierry Corbarieu a participé à la Yukon Arctic Ultra en 2019 (format 430 miles / 700 km), qu’il a remportée, puis à nouveau en 2020 sur le format 300 miles.
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Mathieu Blanchard a pris le départ du Montane Yukon Arctic Ultra en février 2023, sur le format 300 miles (480 km).
👣 Quelle distance ont-ils parcourue ?
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Thierry Corbarieu a couru le format le plus long, 430 miles (700 km), en autonomie quasi totale.
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Mathieu Blanchard a parcouru 300 miles (480 km) avec un encadrement plus visible et des check-points structurés.
🏁 Ont-ils terminé la course ?
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Corbarieu a remporté l’épreuve 430 miles en 2019, en 186 heures (7 jours et 18 heures), devenant le premier Français vainqueur sur ce format.
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Blanchard a terminé les 300 miles en 2023 en 7 jours et 12 heures, se classant 10e au scratch.
⛺ Quel était leur niveau d’autonomie ?
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Corbarieu a dormi en bivouacs improvisés, sans équipe média, avec un matériel minimal, dans des températures allant jusqu’à -48°C.
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Blanchard était exposé lui aussi, mais avec un cadre plus structuré, des zones de contrôle, et un ravitaillement encadré.
📸 Comment leurs aventures ont-elles été médiatisées ?
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Blanchard a construit un projet narratif complet autour de sa participation : vidéos YouTube, stories Instagram, sponsorisations, mise en scène de la souffrance et de la progression.
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Corbarieu a traversé le Yukon hors radar, sans équipe de communication, sans vidéos, sans relais médias – seul l’exploit brut a parlé.
💡 Quelles étaient leurs motivations ?
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Blanchard voulait sortir du circuit classique de l’ultra-trail et se prouver aventurier, tout en inspirant sa communauté.
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Corbarieu cherchait le dépouillement, l’essence de l’effort, la confrontation avec lui-même dans le silence du Grand Nord.
🧊 Qu’ont-ils accompli dans le Yukon ?
Tous deux ont traversé des centaines de kilomètres en autonomie ou semi-autonomie, sur des pistes glacées du Grand Nord canadien, dans des conditions extrêmes allant jusqu’à -40°C et au-delà. Ils font partie des rares Français à avoir terminé cette épreuve, et plus rares encore à y avoir brillé.
🏆 Qui a été le plus impressionnant ?
Tout dépend du regard qu’on porte :
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Corbarieu a signé la performance sportive la plus marquante avec une victoire sur le format long.
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Blanchard, lui, a su transformer l’expérience en récit puissant, et toucher un large public. Deux visions de la grandeur.
🧭 Et aujourd’hui ?
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Mathieu Blanchard est devenu une figure médiatique du trail, présent dans les podcasts, les salons, les plateaux télé.
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Thierry Corbarieu continue de courir hors des projecteurs, fidèle à ses valeurs d’aventure pure.
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Cet article repose sur des faits publics, des déclarations accessibles en ligne (notamment via la vidéo de Patrick Montel), et sur des éléments de notoriété dans le milieu du trail. Il ne prétend pas porter de jugement de valeur sur les personnes mentionnées, mais propose une analyse éditoriale des différences de posture face à la médiatisation dans le sport d’ultra-endurance.
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source : ici