Fini le traileur alpha qui impose ses blocs de D+ dominicaux et sa diète à base de pasta. En 2025, une étude de l’Institut Montagne & Société (IMS) révèle que 70,3 % des traileuses actives recherchent un « traileur déconstruit » : un compagnon présent, sensible, et capable de s’effacer pour laisser place au projet sportif de sa moitié. Mais concrètement, que cache cette nouvelle tendance du monde outdoor ? uTrail décrypte le phénomène.
Une étude très sérieuse
L’étude Trail & Égalité 2025, dirigée par Camille Alizon-Durand, sociologue CNRS spécialisée en sports de pleine nature, a interrogé 1 214 traileuses inscrites sur des événements FFA ou UTMB World Series. Le constat est sans appel :
– 70,3 % veulent un traileur « déconstruit »
– 64 % trouvent plus séduisant un homme qui les laisse doubler en montée
– 58 % valorisent un compagnon qui prépare leurs ravitos et gère le calendrier trail
« Le traileur déconstruit, c’est celui qui ne court plus pour le chrono mais pour l’autre », explique Camille Alizon-Durand. « Il ne vise plus le podium, il vise la sérénité logistique. »
Le portrait robot du traileur déconstruit
Selon le think tank RunForHer, cofondé par Élise B. Marchand, ultra-traileuse et autrice de D+ et Empathie, le traileur déconstruit coche de nouvelles cases :
– Il accepte d’être doublé sans sortir son cardio, même en descente technique
– Il porte les flasques, les vestes, les bâtons et les rêves
– Il gère les inscriptions, le GPX, les AirBnB, et les annulations de dernière minute
– Il offre une Garmin Fenix 8 Solar, pas une bague
Mais il ne s’arrête pas là. Le soir, il masse à l’arnica, installe la pressothérapie, et monte les vidéos YouTube. Il connaît les bons hashtags, la météo à J+3, et le rythme exact de récupération post-85 km.
“Il ne partage pas ses entraînements sur Strava, parce qu’il préfère ne pas polluer l’algorithme de sa partenaire,” explique Élise B. Marchand.
Une masculinité en pleine mutation
Le Laboratoire des Identités Sportives de Grenoble (LISG) va plus loin : le traileur déconstruit serait un pilier de la transformation égalitaire du sport amateur. Pour le chercheur Thomas Vilgrain,
“Ces hommes sont en train de redéfinir le rôle du soutien dans la performance. Ils s’effacent pour mieux valoriser l’autre. C’est la fin du ‘trail narcissique’.”
Parfois, ils vont très loin. L’étude note que :
– 1 traileur sur 3 a déjà annulé sa course pour accompagner sa compagne sur la sienne
– 22 % paient l’abonnement Strava Premium de leur partenaire
– 11 % ont renoncé à un ultra pour tenir une GoPro à l’arrivée
Vers une récupération sponsorisée
Certaines marques commencent à flairer le filon. Un e-commerçant testerait actuellement une gamme de textiles pour hommes étiquetés « Support Crew certified ». De son côté, Garmin réfléchirait à une version de la Fenix 9 dédiée à l’assistance, avec un mode « compagnon en course » qui permet de suivre les splits, la fréquence cardiaque et l’état émotionnel du duo en direct.
Le traileur déconstruit n’est pas seulement un partenaire. C’est un chef de projet de l’amour en zone montagne, un soigneur de l’ombre, un assistant émotionnel en Salomon XT6. En 2025, aimer une traileuse, c’est peut-être attendre 4h du matin sous la pluie avec un gel déjà découpé et un plaid chauffant.
Comme le résume Élise B. Marchand : « On ne demande plus à un homme d’aller au bout de lui-même. On lui demande d’être là quand vous allez au bout de vous-même. »
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