Le GR20, mythique sentier qui traverse la Corse de part en part, est une promesse d’aventure sauvage, d’évasion en altitude et de paysages à couper le souffle. Mais derrière l’image de carte postale, ce tracé réputé pour sa difficulté recèle aussi une part d’ombre. Chaque année, des randonneurs y laissent la vie.
GR20
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L’un des drames les plus marquants sur le GR20s’est produit le 10 juin 2015 dans le cirque de la Solitude.
Dix ans plus tard, les souvenirs de cette journée tragique rappellent cruellement que le GR20 ne pardonne pas l’imprudence, l’impréparation ou la sous-estimation des conditions météo.
Ce jour-là, Benoît Cristin faisait partie d’un petit groupe de randonneurs expérimentés engagés dans la traversée du fameux cirque de la Solitude, un passage redouté pour sa verticalité et sa technicité. La météo s’annonçait incertaine, mais des pompiers croisés en chemin les avaient rassurés. Quelques gouttes, puis des grondements. L’orage a éclaté avec une violence inouïe. Le groupe s’est replié contre la paroi. Des torrents de pluie se sont mis à dévaler, des blocs de pierre ont commencé à chuter. Puis un éclair, des cris, et le chaos. Sept personnes ont perdu la vie, emportées ou écrasées. Benoît, l’un des trois survivants, s’en est sorti par miracle, au prix d’une blessure physique et d’un traumatisme profond. Il a mis des années à retrouver une forme de paix intérieure, et confie encore aujourd’hui combien ce jour hante ses souvenirs et a bouleversé sa vie.
D’autres drames récents sur le GR20 illustrent pourquoi les accidents y sont fréquents, souvent à cause de la météo subite, du terrain technique et de l’isolement
Le 1er mai 2025, Marc Lauriac, un marcheur de 50 ans, a disparu dans la matinée alors qu’il était localisé au refuge de Petra Piana à 8h45. Malgré un appel à témoins lancé par la gendarmerie, il reste introuvable à ce jour.
En mai 2024, un randonneur d’une cinquantaine d’années a été retrouvé mort près de Calenzana après une nuit sous une météo hivernale : pluie, vent, neige. Son compagnon, en hypothermie sévère, a été héliporté. Le froid intense et l’impossibilité de secourir immédiatement ont été fatals.
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Un autre drame en mai 2024 a tourmenté un homme originaire de Montenoy (Meurthe‑et‑Moselle) : perdu à plus de 2 000 m d’altitude, piégé sous une tempête de neige, il n’a pas survécu. Son ami, blessé, a été héliporté dans un état grave.
Ces incidents viennent s’ajouter au terrible bilan du 10 juin 2015, quand sept personnes sont mortes dans le cirque de la Solitude à cause d’un orage soudain. Benoît Cristin, seul survivant, en garde un traumatisme indélébile
Le GR20 concentre un grand nombre de facteurs à risque : météo montagnarde brutale, passages exposés, terrain instable, isolement géographique.
Pourquoi ces drames se répètent‑ils ?
D’abord parce que la météo en montagne corse est extrême et changeante. En mai, des orages violents, des pluies glaciales ou même des chutes de neige peuvent survenir sans préavis, rendant les sentiers glissants, les températures très basses, et les secours difficiles.
Ensuite, le terrain du GR20 est technique : passages escarpés, crêtes étroites, pentes abruptes, pentes rocheuses… Sous la pluie, la prudence devient un enjeu vital.
Enfin, l’isolement des lieux aggrave chaque situation : les secours, parfois retardés par le temps, arrivent trop tard ou ne peuvent pas accéder à certains secteurs. Même pour des randonneurs chevronnés, l’addition de ces facteurs crée un contexte à haut risque.
Ces faits récents le montrent clairement : chaque année, le GR20 coûte des vies. Sous la beauté des paysages se cachent des pièges natures, qu’il faut impérativement anticiper, comprendre et respecter. L’aventure est forte, mais un pas en montagne sans préparation peut s’avérer fatal.
Ces éléments, pris séparément, peuvent être gérés. Mais combinés à une surfréquentation estivale et à la diversité des profils de randonneurs, ils deviennent un cocktail potentiellement mortel.
Le problème vient aussi du fantasme entretenu autour du GR20.
Beaucoup s’y engagent pour relever un défi personnel, parfois sans se rendre compte de la rudesse du terrain ni de la nécessité d’une réelle préparation physique et mentale. Certains doublent les étapes, partent trop tard dans la journée, ou ignorent les signes annonciateurs d’un changement météo. L’erreur n’est pas toujours dans l’inconscience volontaire, mais dans le manque d’expérience et le refus de renoncer.
Face à cette réalité, certaines précautions simples peuvent sauver des vies.
Il est impératif de consulter la météo chaque matin et de ne jamais s’engager dans un passage exposé si un orage est annoncé. Il faut partir tôt, marcher léger, disposer d’un matériel adapté, et ne jamais sous-estimer une étape, même courte sur le papier.
Les traileurs, eux aussi attirés par l’exploit de boucler le GR20 en quelques jours, voire d’en battre les records, ne sont pas à l’abri. La vitesse n’est pas une garantie de sécurité si elle conduit à ignorer la fatigue, à brûler les étapes ou à se retrouver en haute altitude au mauvais moment.
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Cet article repose sur des faits réels et documentés. Il vise à sensibiliser les pratiquants à la sécurité en montagne. Il ne remet pas en cause les décisions individuelles prises dans des contextes extrêmes.
Cet article a pour but de sensibiliser aux risques objectifs liés à la pratique du trail ou de la randonnée sur le GR20. Il ne vise ni à dénigrer la Corse, ni à dissuader quiconque de découvrir ce sentier emblématique. Au contraire, il s’agit de rappeler l’importance de la préparation, du respect de la montagne, et de l’attention à la météo pour éviter des accidents parfois dramatiques. Les faits relatés sont sourcés et rapportés dans un souci d’information et de prévention. -
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