Pourquoi Strava a vraiment choisi de ne pas parler du trail dans son bilan annuel 2025
Il y a des oublis qui ne sont pas des oublis.
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Brassard de Sport avec Poche Écouteur
Strava a « oublié » de parler du trail dans son bilan annuel 2025
Dans son Year in Sport 2025, Strava dresse un tableau complet des tendances mondiales de la pratique sportive : explosion du running urbain, retour en force de la marche, domination des run clubs, génération Z en pleine mutation digitale… Mais un mot manque. Il manque totalement. Ce mot, c’est “trail”.
Pas une mention. Pas une catégorie. Pas un chiffre.
Alors que le trail explose en pratique réelle, que l’UTMB est officiellement partenaire de Strava, et que des millions de traileurs utilisent la plateforme chaque semaine, cette absence interroge.
Est-ce un oubli ? Une erreur ? Ou une volonté assumée de passer le sujet sous silence ?
Et si ce n’était pas un oubli…
Soyons clairs : l’absence du trail dans ce rapport est trop visible pour être accidentelle.
Strava sait. Strava mesure. Strava collecte des données d’ultra-trails de 160 km, de D+ hallucinants, de sorties en montagne, de traces GPS au cœur des parcs nationaux. Ils ont les chiffres, les profils, les pics d’activité, les segments, les performances. S’ils avaient voulu parler du trail, ils l’auraient fait.
Option : une année embarrassante à oublier
Strava sort d’une année délicate. Leur procès contre Garmin, engagé avec fracas, s’est terminé dans un silence gêné, avec un abandon surprise de la procédure fin octobre. Sur les réseaux, l’image de Strava a été sérieusement écornée, notamment auprès des utilisateurs les plus techniques (cyclistes, data nerds, traileurs, etc.).
Dans cette optique, le Year in Sport 2025 ressemble à une tentative de reconquête : ton positif, narration lissée, focus sur la Gen Z, mise en avant des usages urbains… et disparition volontaire de tout ce qui pourrait rappeler les tensions de l’année écoulée. Le trail, discipline exigeante, communautaire, indépendante, avec un fort attachement aux données (segments, D+, montres GPS) n’est peut-être tout simplement plus dans les priorités de communication de Strava.
Option : la peur du flou
Le trail est, par essence, une pratique aux contours flous. Ce n’est ni une distance précise, ni une vitesse cible, ni un terrain unique. On peut faire du trail dans les Alpes comme dans le bois de Vincennes, sur 12 km ou 220 km, en marchant ou en courant.
Et pourtant, Strava propose bien une catégorie « Trail Run » dans ses types d’activité. Elle existe. Des millions d’utilisateurs l’emploient chaque année pour taguer leurs sorties. Mais au moment d’établir son bilan global, la plateforme choisit de ne pas exploiter cette donnée dans ses statistiques officielles.
Pourquoi ? Peut-être parce que cette catégorie, bien que renseignée, reste difficile à interpréter à l’échelle mondiale. Le trail n’est pas un sport défini par sa géométrie (comme la natation, le vélo ou le marathon), mais par un esprit, un environnement, une irrégularité. C’est justement cette variabilité — entre effort solitaire, ultra-endurance, marche course, nature sauvage — qui le rend difficile à lisser dans un tableau Excel.
Alors, plutôt que de risquer une définition bancale, Strava a peut-être préféré ne rien dire. Ce serait une forme d’auto-censure algorithmique : si les critères sont trop hétérogènes, on raye la ligne.
Mais dans un rapport aussi important, ce silence équivaut à une forme de déni. Car en ne parlant pas du trail, Strava efface une réalité massive de son propre écosystème.
Option : une gêne stratégique liée au partenariat avec l’UTMB
Strava et l’UTMB se sont associés en 2025 pour promouvoir le trail à grande échelle. Une bonne nouvelle en apparence… mais qui a soulevé des critiques dans le monde du trail.
Pourquoi ce rapprochement entre une plateforme numérique globale et une organisation souvent accusée de privatiser la montagne ? Pourquoi centraliser encore plus une pratique historiquement libre, communautaire, sans structure unique ?
Strava s’est peut-être brûlé les ailes avec cette alliance.
Trop tôt. Trop visible. Trop contradictoire avec l’image “authentique” du trail.
Ne pas évoquer le trail dans son rapport 2025 pourrait alors être un choix stratégique : ne pas raviver le débat, laisser l’orage passer, et revenir plus tard avec une communication mieux pensée, peut-être plus sectorielle.
Option : un recentrage assumé sur le “running urbain stylé”
Quand on lit entre les lignes, le Year in Sport 2025 n’est pas neutre. Il consacre tout un chapitre à la Gen Z, à l’esthétique du sport, aux run clubs, aux rendez-vous organisés sur Instagram, à la culture TikTok du sport communautaire.
Bref : un sport cool, social, tendance, connecté — et surtout urbain.
Le trail n’entre pas facilement dans ce moule. Il est plus solitaire, plus rugueux, moins photogénique. On transpire, on s’épuise, on tombe, on galère dans la boue, on est loin des cafés et des reels.
Peut-être que Strava n’a pas oublié le trail : peut-être qu’il ne correspond plus à leur storytelling.
Dans cette logique, ils ne visent plus les traileurs historiques. Ils cherchent une nouvelle base d’utilisateurs : jeunes, urbains, actifs, abonnables. Et dans ce ciblage, le trail ne rentre pas dans la photo.
En résumé, le trail est un peu trop libre pour être exploité
Ce que le Year in Sport 2025 de Strava révèle en creux, c’est une fracture culturelle.
Le trail est trop difficile à marketer, trop vaste à segmenter, trop autonome pour être intégré dans un storytelling uniforme. Il échappe aux tentatives de simplification. Il déborde les algorithmes. Il crée ses propres codes, ses propres récits, ses propres communautés.
Strava, malgré ses racines dans l’outdoor, semble désormais vouloir cadrer l’imprévisible, lisser le rugueux, contrôler les récits. Le trail, lui, continue de courir à côté. Hors-catégorie.
Source
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