Sur les groupes Facebook québécois de trail, on voit régulièrement des gens chercher ou vendre des billets de course à la dernière minute. dossard course en sentier
Le transfert de billet de trail, le dossard course en sentier : France vs Québec
En France, cette pratique n’existe pratiquement pas. Pourquoi?
Si vous êtes actif sur les groupes Facebook de trail au Québec, vous avez probablement déjà vu ces publications. « Cherche billet pour le Québec Mega Trail ce weekend », « Je vends mon dossard pour Tremblant, imprévu de dernière minute », « Quelqu’un veut mon inscription au ultra bromont ? »
C’est devenu une pratique courante. Une façon pour les coureurs de récupérer une partie de leur argent quand ils ne peuvent plus participer, et pour d’autres de saisir une opportunité de dernière minute.
Mais en France, cette pratique n’existe pratiquement pas. Les billets de course ne se revendent pas. Les transferts d’inscription sont rares, voire impossibles.
Pourquoi cette différence?
Les règles strictes des courses françaises
En France, la majorité des courses interdisent formellement le transfert de dossard. C’est écrit noir sur blanc dans les règlements : votre inscription est nominative et non cessible.
Les raisons sont multiples. D’abord, l’assurance. Les organisateurs ont une assurance qui couvre les participants inscrits officiellement. Un transfert non autorisé pourrait poser des problèmes en cas d’accident.
Ensuite, la responsabilité légale. Si quelqu’un court sous le nom d’un autre participant et qu’il arrive un problème, qui est responsable? L’organisateur? Le participant inscrit? Celui qui court réellement?
Et puis il y a le certificat médical. En France, pour participer à une course, il faut fournir un certificat médical récent. Si quelqu’un achète un dossard de dernière minute, l’organisateur n’a aucune garantie qu’il est apte médicalement à courir.
La pratique québécoise : plus flexible, plus risquée
Au Québec, la culture est différente. Bien que plusieurs courses interdisent aussi officiellement les transferts, la pratique se fait quand même, souvent dans une zone grise.
Les coureurs s’organisent entre eux. Quelqu’un ne peut plus courir, il offre son dossard sur Facebook. Un autre le récupère, parfois gratuitement, parfois en remboursant une partie de l’inscription. Le jour de la course, le nouveau coureur se présente avec le dossard de l’autre, et généralement, ça passe.
Cette flexibilité a des avantages. Elle permet de ne pas gaspiller une place. Elle donne une chance à quelqu’un qui n’avait pas pu s’inscrire à temps. Elle évite qu’un coureur perde complètement son argent pour un imprévu de dernière minute.
Mais elle comporte aussi des risques. Les mêmes problèmes d’assurance et de responsabilité existent au Québec qu’en France. Simplement, ils sont moins souvent appliqués ou vérifiés.
Pourquoi ça marche ici?
La différence tient probablement à la taille et à la culture des événements.
Les courses québécoises sont généralement plus petites que les grosses machines européennes. Moins de participants, moins de contrôles stricts, une ambiance plus communautaire. Les organisateurs connaissent souvent personnellement une bonne partie des participants.
Il y a aussi une culture nord-américaine de flexibilité et de débrouillardise. Si quelqu’un a besoin d’aide de dernière minute, on trouve une solution. Si quelqu’un ne peut plus courir, on essaie de ne pas le pénaliser complètement.
Et honnêtement, les organisateurs ferment parfois les yeux. Ils savent que ça se passe, mais tant que tout se déroule bien le jour de la course, ils ne cherchent pas à créer des problèmes.
dossard course en sentier, les limites du système
Cette flexibilité a ses limites. Certaines courses québécoises deviennent de plus en plus strictes, surtout les événements qui grandissent et se professionnalisent.
Et il y a de bonnes raisons à ça. Un coureur qui n’est pas préparé et qui se blesse peut créer des problèmes pour tout le monde. Un transfert non déclaré peut compliquer la gestion des secours en cas d’urgence. Une assurance qui ne couvre pas la bonne personne peut avoir des conséquences graves.
Que faire si on ne peut plus courir?
La meilleure approche reste toujours de contacter directement l’organisateur. Certaines courses permettent les transferts officiels moyennant des frais. D’autres acceptent les reports à l’année suivante. Quelques-unes remboursent partiellement dans certaines circonstances.
La revente sauvage sur Facebook, c’est un risque. Pour l’acheteur, pour le vendeur, et pour l’organisateur. Ça fonctionne souvent, mais quand ça ne fonctionne pas, les conséquences peuvent être sérieuses.
Deux cultures, deux approches
Au final, la différence entre le Québec et la France sur les transferts de dossards reflète deux cultures différentes du trail.
La France privilégie l’encadrement strict, les règles claires, la protection légale. Le Québec privilégie la flexibilité, la débrouillardise, la confiance communautaire.
Aucune approche n’est parfaite. Les deux ont leurs avantages et leurs inconvénients. Mais comprendre ces différences aide à naviguer le système selon l’endroit où on court.
dossard course en sentier, cette pratique va-t-elle disparaître au Québec?
La question se pose. Avec la professionnalisation croissante des événements, l’augmentation du nombre de participants, et la commercialisation du trail qu’on observait plus tôt cette semaine, est-ce que cette flexibilité québécoise va survivre?
Probablement pas dans sa forme actuelle.
Les courses qui affichent complet en quelques heures, comme l’Alpenglow 100 ou Boréalys Mont-Tremblant, vont être tentées de serrer la vis. Plus de participants, plus de visibilité, plus de responsabilités légales. La tolérance informelle des transferts de dossards devient plus difficile à justifier.
Les assurances vont probablement exiger des règles plus strictes. Les organisateurs vont se protéger davantage. Et les coureurs vont devoir s’adapter.
Mais il y aura toujours des petites courses locales, des événements communautaires, des trails organisés par des passionnés plutôt que par des entreprises. Et dans ces contextes-là, la flexibilité va probablement survivre. Parce que c’est ça aussi, la culture trail québécoise : s’entraider, trouver des solutions, ne pas laisser quelqu’un dans la merde pour un imprévu de dernière minute.
En résumé, la vraie question, c’est de savoir si on veut garder cet esprit…
…ou si on accepte que le trail devienne un sport comme les autres, avec toutes les règles qui viennent avec.
Auteur : Jonathan Lessard, rédacteur et coureur de sentier
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