Cette année, la SaintéLyon pourrait bien décevoir les amateurs de souffrance hivernale.
Exit le froid mordant, les murs verglacés et les rampes mythiques. L’édition 2025 s’annonce plus douce, plus roulante… et certains commencent à se demander si le défi reste à la hauteur de sa réputation. Entre météo clémente et refonte du tracé, c’est une toute autre course qui attend les 20 000 participants.
Le paradoxe est cruel : si la SaintéLyon attire encore 20 000 coureurs chaque année, ce n’est plus pour son tracé — largement bitumé — ni pour sa technicité — en baisse constante. C’est pour l’ambiance. Pour le froid qui coupe les jambes, le brouillard qui efface le sentier, la pluie qui s’infiltre sous la veste. C’est ce contexte hostile qui donne à la course son vernis de légende. Le problème, c’est qu’en 2025, même cela s’effondre. Les prévisions sont formelles : la température ne descendra pas sous les 4 °C, le ciel sera nuageux mais stable, et les sentiers, s’ils restent humides, ne devraient poser aucun problème d’enneigement ou de verglas. En perdant cette part d’imprévisibilité climatique, la SaintéLyon devient ce qu’elle est vraiment depuis longtemps : une épreuve urbaine, roulante, nocturne — mais désormais dénuée du moindre relief symbolique.
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Une météo qui n’a rien d’hivernal
La SaintéLyon, c’est d’abord un mythe forgé dans la nuit, le vent, le givre, la neige. Un rituel d’endurance où le mental doit résister autant que les cuisses. Mais cette année, les prévisions météo brisent l’ambiance : pas de gel, pas de neige, pas même un souffle polaire. Juste une nuit nuageuse, des températures autour de 6 ou 7 °C et un sol humide mais praticable.
Le point culminant — la chapelle Saint-Apollinaire à 848 m — pourrait frôler les 4 °C, mais on est loin du -12 °C ressenti de l’édition 2023. Pas besoin de sur-gants, ni de chaufferettes : certains iront presque en short. Même si quelques flaques sont attendues sur les crêtes des Monts du Lyonnais, le froid ne sera pas un adversaire cette année.
Cette douceur change radicalement l’allure de la course. Là où les éditions précédentes forçaient à ralentir, à gérer les doigts gelés et les descentes en mode survie, 2025 pourrait favoriser des allures plus soutenues. Moins de lutte contre les éléments, plus de rythme. Un atout pour le chrono ? Sans doute. Mais une perte pour le caractère épique de la course, selon les puristes.
Une SaintéLyon sans neige ni froid ?
La météo 2025 ne ressemble pas à un mois de décembre : jusqu’à 7 °C dans la nuit, pas de gel annoncé, et des conditions globalement sèches après Sainte-Catherine. Le défi hivernal devient une longue course de nuit… presque agréable.
Même Casquette Verte pourrait courir en short cette année.
Casquette Verte confirme qu’il courra la SaintéLyon en short. Ce n’est pas une révolution dans le règlement — déjà assez souple sur les équipements — mais le symbole est fort. Voir un des coureurs les plus exposés médiatiquement troquer le collant pour un short en plein mois de décembre va dans le sens d’une édition 2025 clairement adoucie. Même les jambes ne craignent plus le froid.
Et comme si cela ne suffisait pas, le parcours lui aussi perd de sa brutalité. Deux montées mythiques disparaissent. Et avec elles, une part de l’histoire.
Un parcours remanié qui gomme deux des pires bosses
Mais le vrai tournant de cette édition, c’est le parcours. Deux montées mythiques disparaissent : le Signal et le Rampeau. Deux murs, deux repères, deux morceaux de légende qui structuraient la course et faisaient vaciller les plus solides au cœur de la nuit. Ils ne sont plus là.
Le Signal, c’était la rampe longue et usante qui plaçait les coureurs face à eux-mêmes. Une montée progressive, située au moment où les jambes deviennent lourdes, où les hallucinations commencent. Le Rampeau, plus court mais plus raide, tranchait dans le vif et décidait parfois du vainqueur. En 2024, c’est là que Thomas Cardin avait fait exploser la course.
Le parcours 2025 contourne ces secteurs. À la place ? Des portions inédites, plus roulantes, moins pentues, parfois bitumées. On enlève environ 200 mètres de dénivelé positif, avec un total ramené à 1 944 m D+ pour 80 km. C’est loin des années à 2 300 m D+.
Une course plus rapide, mais pas forcément plus simple
Alors oui, le profil devient plus linéaire. Moins de cassures, moins d’ascensions longues. Mais attention : plus roulant ne veut pas dire plus facile. Courir davantage, c’est aussi puiser plus vite dans les réserves. Et sur un sol gras, maintenir un tempo élevé devient une vraie souffrance musculaire. La boue n’a jamais fait de cadeau aux quadriceps.
Les coureurs devront revoir leur gestion de course. Moins de marche en côte, plus de relance. Moins de pause mentale, plus de constance. Le mental ne se repose plus entre deux bosses : il encaisse des kilomètres à allure régulière dans le noir, dans l’humidité, dans un paysage sans grand repère.
Vers une SaintéLyon « grand public » ?
Derrière cette transformation se cachent aussi des logiques assumées par l’organisation. La SaintéLyon attire désormais 7 500 partants solo, et plus de 20 000 coureurs au total. Pour assurer la sécurité, la logistique, les secours, il faut des parcours accessibles, praticables en cas d’urgence, avec des points de replis. Certaines montées mythiques étaient trop isolées ou trop instables en hiver.
L’autre motivation est marketing : rendre la STL plus accessible, séduire les coureurs de marathon, les amateurs de défis nocturnes qui veulent tester l’ultra sans la montagne. On passe d’une course d’initiés à un événement hybride, entre trail hivernal et ultra-urbain.
En résumé, la SaintéLyon 2025 sera plus roulante et moins mythique
Les chiffres sont sans appel : moins de D+, plus de vitesse moyenne attendue, météo clémente. 2025 sera une SaintéLyon plus rapide, plus douce, moins effrayante. Pour certains, c’est une opportunité : battre un record, s’initier à l’ultra de nuit, terminer sans se broyer les genoux. Pour d’autres, c’est une trahison : où est passée l’âme de la SaintéLyon, ce monstre d’hiver qui forgeait des souvenirs à coups de givre et de détresse ?
Le débat reste ouvert. Ce qui est sûr, c’est que la SaintéLyon change. Elle mute. Elle s’adapte à son époque, à son public, à ses contraintes. Mais en perdant ses deux bosses mythiques et en laissant tomber l’hiver, elle laisse aussi derrière elle une part de ce qui faisait sa légende.
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Mention éditoriale – Cet article s’appuie sur les données officielles du parcours 2025, les prévisions MétéoNews et les retours de coureurs. Toute généralisation excessive est évitée pour respecter la diversité des expériences individuelles sur la SaintéLyon.
Ce contenu relève d’un point de vue journalistique et critique, assumé dans le respect du droit à l’information et à la satire. Il ne vise en aucun cas à diffamer les organisateurs, partenaires ou institutions liées à la SaintéLyon. Les propos ne doivent pas être interprétés comme une attaque personnelle ou commerciale, mais comme une analyse éditoriale de l’évolution sportive et symbolique de l’événement. Ce texte n’appelle à aucun boycott, ne remet pas en cause la valeur individuelle des participants, et ne dénigre ni les territoires, ni les collectivités traversées.






