Pendant des années, la Diagonale des Fous a été décrite comme l’ultra-trail le plus dur au monde. Plus chaud, plus lent, plus chaotique que l’UTMB. Une légende construite sur la souffrance et l’abandon.
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Mais en 2025, cette image se fissure. Le taux d’abandon sur le Grand Raid est tombé à 24 %, contre 33 % sur l’UTMB. À distance et dénivelé équivalents, les chiffres ne mentent pas : l’ultra du Mont-Blanc est devenu plus sélectif que celui de La Réunion.
UTMB vs Diagonale des Fous, les chiffres parlent
La Diagonale 2025, c’est 175 km, 10 000 m de D+, 2 727 coureurs au départ. Résultat : seulement 663 abandons, soit 24,3 %.
L’UTMB 2025, c’est 170 km, 10 000 m de D+, un tracé plus roulant mais plus rapide. Résultat : 33 % d’abandons. Neuf points d’écart. Sur deux courses comparables, c’est massif. Et ça pose question.
La Diagonale, mieux maîtrisée que jamais
Depuis quelques années, les coureurs arrivent à La Réunion mieux préparés. Coaching, plans d’entraînement sur mesure, reconnaissance du terrain, matériel optimisé… Le Grand Raid est devenu une course que l’on planifie, pas que l’on subit.
Les barrières horaires sont larges. Le rythme est moins rapide qu’à Chamonix. Et la majorité des coureurs viennent avec pour seul objectif : terminer. Cette mentalité “gestion” fait toute la différence.
L’UTMB, terrain de casse pour les ambitieux
À Chamonix, on ne vient pas juste pour finir. On vient pour performer. Et parfois, on explose. La pression est énorme : caméras, points ITRA, classement UTMB Index, sponsorings, visibilité. Le départ est nerveux, les écarts se creusent vite, et la sanction tombe dès que le corps flanche.
Les montées sont certes moins raides, mais les relances sont permanentes. Le chrono est impitoyable. L’altitude ajoute une couche de difficulté. Et la météo alpine est toujours une loterie.
Des profils de coureurs très différents
La Diag attire les rêveurs, les montagnards, les insulaires, les amoureux du dépassement. Ce n’est pas une course à la montre. C’est une histoire de patience, de résistance, d’humilité.
L’UTMB attire les compétiteurs. Les pros. Les élites. Et de plus en plus d’amateurs qui veulent courir “avec les meilleurs”. Ce public cherche le chrono, le classement, l’adrénaline. Mais c’est aussi celui qui craque le plus vite quand le corps dit non.
Une organisation qui joue un rôle central
Le Grand Raid est tenu par une machine logistique rodée : balisage parfait, ravitaillements généreux, bénévoles impliqués. Même dans Mafate, la solidarité est palpable. On aide, on encourage, on attend les coureurs.
À l’UTMB, l’organisation est carrée mais impersonnelle. La densité du peloton rend chaque abandon plus isolé, plus brutal. Et surtout, la pression sociale est omniprésente. À La Réunion, on finit en héros. À Chamonix, on abandonne souvent dans l’ombre.
Une comparaison qui ne doit pas minimiser les exploits
Cet article ne vise en aucun cas à sous-estimer l’effort colossal fourni par les finishers de la Diagonale des Fous. Parcourir 175 km dans la chaleur tropicale, franchir 10 000 m de dénivelé positif, affronter la solitude de Mafate ou la descente du Maïdo… rien de tout cela n’est facile. Le taux d’abandon plus bas ne signifie pas que la course devient banale. Il montre simplement qu’elle est mieux maîtrisée, mieux anticipée.
Les raideurs 2025 ont livré une performance remarquable. Ils sont arrivés préparés, résilients, stratèges. Et ils méritent d’être salués pour ça.
Mais alors, pourquoi compare-t-on toujours la Diag à l’UTMB ? Peut-être parce qu’en trail, le mythe se nourrit de confrontation. On cherche toujours à classer, à hiérarchiser, à dire laquelle est “la plus dure”, “la plus belle”, “la plus légitime”.
Et si on arrêtait ? Si on acceptait que chaque course a sa propre identité, sa propre vérité, son propre terrain de souffrance ? L’UTMB est un rouleau compresseur alpin. La Diag, un labyrinthe volcanique. L’une broie vite. L’autre use lentement.
Comparer peut être utile pour comprendre les différences. Mais à condition de ne jamais oublier que, dans l’effort, il n’y a pas de hiérarchie absolue. Juste des chemins différents pour se dépasser.
La Diag reste dure, mais elle est moins sévère
On ne dit pas que le Grand Raid est “facile”. Mais il est devenu plus accessible. En 2025, les chiffres d’abandon ne sont pas un hasard. Ils traduisent une tendance de fond : la Diag est mieux préparée, mieux encadrée, mieux gérée.
L’UTMB, lui, reste un broyeur. Plus rapide, plus exposé, plus cruel avec les erreurs de pacing ou les coups de mou.
Alors oui, il est temps de le dire clairement : **aujourd’hui, la Diagonale des Fous est plus abordable que l’UTMB.**
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