NOrecord UTMB – Pau Capell estime être parti trop vite… Il est lucide et assume d’avoir foiré… pas comme certaines élites françaises !
Pau Capell a malheureusement échoué dans sa tentative de sub 20h00 sur le parcours de l’UTMB. On était d’autant plus déçu pour lui qu’il avait toutes les cartes en main pour y parvenir. Et pour cause, le récital qu’il nous avait offert l’an dernier nous a conduit à penser que ce record ne serait qu’une formalité (pour peu que les conditions météo ne soient pas trop compliquées à gérer).
Pau Capell : un recul, une humilité, une transparence impressionnantes
Dans les interviews qui ont suivi la tentative de record, le moins que l’on puisse dire, c’est que l’espagnol ne s’est pas défilé. Pau Capell a tout à fait assumé son échec dans sa tentative et est revenu sur ce qui n’a pas fonctionné, notamment lors d’un entretien accordé à l’Equipe.
Il estime en premier lieu être parti trop vite. Et pour cause,
– il a fait les 10 premiers kilomètres en 37 minutes (sachant qu’entre Chamonix et les Houches, il y a 300m de dénivelé)
– et a bouclé le premier semi en 1h46 (pour ici 900m de dénivelé positif).
Comme il l’explique bien :
« Je me sentais très bien et je pensais que les premiers 35km étaient très importants car je ne voulais pas perdre de temps sur cette partie ».
Le problème est que ça a fini par lui jouer des tours :
« C’est d’abord l’état de mes jambes à Praz de Fort (km 120), en Suisse, qui m’a fait réaliser que j’avais peut-être trop poussé dans les 80 premiers kilomètres (…) J’avais dix minutes d’avance sur mes projections au début du tracé. Je l’ai payé, c’était une erreur, même si je pensais être capable de courir à cette vitesse à ce moment-là. En vrai, si je pouvais changer une seule chose au déroulement de ce projet ce serait celle-là : je partirais plus doucement. »
Partir trop vite au début en essayant de prendre un peu d’avance pour parer à un éventuel coup de moins bien, c’est quelque chose qu’on a tous fait, et surtout, qu’on a tous payé à un moment. Car dans un ultra, et Capell le sait mieux que personne, la moindre dérogation à notre stratégie initiale de course est un coup de poker qui peut s’avérer dangereux. Surtout que la force de l’espagnol, c’est justement (à l’image de celle de Xavier Thévenard) de garder une allure, de respecter son plan et de bien finir. Là, il l’a plus fait à la Walmsley en partant vite et en le payant dans la seconde moitié.
Pau Capell a eu trop de pression
Comment explique-t-il ce changement de stratégie ? Pau semble avoir un peu paniqué avant de prendre le départ :
« Jeudi, j’étais dans le chalet quatre heures avant le départ et je pleurais, confit-il. Seul, essayant d’avaler mes pâtes. Je ressentais une pression énorme. Mon manager est venu me voir et m’a prévenu : Pau, il va y avoir peut-être une centaine de personnes au départ pour te voir. Je lui ai dit que c’était beaucoup trop pour quelqu’un qui va courir seul. Et quand je suis arrivé sur place, à 17h45, il y avait en réalité au moins 400 personnes. Ce n’était pas comme un départ normal d’une course où l’attention des médias, du public, est divisée entre les athlètes. Là, j’étais seul sur la ligne et je me disais que tout cela était trop gros pour moi. Et je suis parti très vite, trop vite. »
Et là où justement, un ultra est incroyablement difficile, c’est quand on s’aperçoit qu’une erreur faite au début de la course, on la paiera forcément, mais pas tout de suite. On finira cependant toujours par la payer. D’ailleurs, Pau Capell l’explique, la nuit s’est très bien passée pour lui, et c’est au lever du jour qu’il a commencé à fatiguer. Il a d’abord eu mal aux jambes, puis eu eu mal à se nourrir (il n’a rien avalé de solide dans les 50 derniers kilomètres).
Là où il est impressionnant (et où, reconnaissons-le, Xavier Thévenard l’avait été tout autant pendant le GR20), c’est que même en sachant que le sub 20h était fichu et que même faire mieux que 2019 n’allait pas être possible, il n’a jamais pensé à abandonner, notamment grâce au soutien des supporters présents sur place. Sans cela, il y aurait, dit-il, songé.
Pau Capell explique également s’être parfois perdu alors qu’il avait « réalisé le parcours une dizaine de fois dans son intégralité », si bien que sa montre a indiqué « deux kilomètres de plus que le tracé officiel ».
Des pacers ?
Une chance qu’a eu Capell a été de ne quasiment jamais courir seul. Il avait à la base prévu d’être accompagné la nuit pour des raisons de sécurité, mais sinon, il devait être en semi autonomie. Ça n’a pas été le cas. Il se défend cependant d’avoir eu recours à des pacers. Selon lui, « un pacer doit courir devant moi, fixer le rythme, m’encourager, m’assister. Les gens qui m’accompagnaient ne jouaient pas ce rôle-là ». On voit ici la différence entre un vrai pacer et un simple accompagnant. Et bien sûr, ça n’enlève rien à l’énorme performance que Pau Capell a accomplie.
Pour Pau Capell, faire moins de 20h est possible !
Si l’espagnol se dit déçu, il martèle que « réaliser le parcours de l’UTMB en moins de 20h est possible (…) Certainement avec une meilleure stratégie et une meilleure préparation, même si je ne cherche pas d’excuse. Une chose est sûre, je reviendrai sur ces sentiers pour refaire une tentative. Dans le cadre de l’UTMB ou tout seul ».