Alors que le PPS va devenir payant dès janvier 2026, le ministère des Sports reconnaît une cyberattaque ayant exposé les données personnelles de millions de bénéficiaires. Un timing catastrophique, qui révèle une crise de confiance majeure entre les coureurs et l’institution.
Le PPS payant : un symbole de trop
Le 1ᵉʳ janvier, le Parcours Prévention Santé (PPS), cette attestation obligatoire pour courir une course quand on n’est pas licencié, deviendra payante. Cinq euros par an. Une somme modeste en apparence, mais qui a mis le feu aux poudres dans le monde de la course à pied et du trail. Pourquoi ? Parce qu’il ne s’agit ni d’un certificat médical délivré par un professionnel, ni d’un réel outil de prévention. C’est un simple formulaire auto-rempli en ligne, basé sur trois vidéos et une validation personnelle.
Pour de nombreux coureurs, ce changement cristallise un sentiment de dépossession : on leur fait payer un contrôle sanitaire… qui n’en est pas un. Et au moment où la polémique enflait, un autre scandale est venu aggraver la fracture.
La cyberattaque qui tombe en pleine polémique du PPS payant
Le 18 décembre 2025, le ministère des Sports a subi une faille de sécurité majeure. Résultat : les données personnelles de 3,5 millions de foyers, collectées dans le cadre du Pass’Sport, ont été exfiltrées. Nom, prénom, date de naissance, adresse, mail, téléphone, identifiants CAF ou MSA, statut de boursier, code PPS… une véritable base d’identité sociale a fuité.
Le ministère a reconnu les faits dans un communiqué transmis à la presse (Le Monde, 19 décembre), puis confirmé par mail aux usagers le 26 décembre. Il évoque un “accès non autorisé”, une “perte de confidentialité”, et recommande aux personnes concernées de changer leurs mots de passe, de se méfier du phishing et de vérifier toute action suspecte sur leurs comptes CAF ou CROUS.
Autrement dit, l’État n’a pas su protéger les données qu’il collecte — et demande désormais aux coureurs de lui faire confiance… et de passer à la caisse.
Une double peine pour les pratiquants libres
Dans le monde du trail, cette succession d’annonces a fait l’effet d’un coup de massue. Déjà agacés par le flou autour du PPS, les traileurs non licenciés — soit la majorité du peloton — découvrent qu’en plus de devoir payer pour remplir un formulaire, ils courent le risque de voir leurs données personnelles exploitées à leur insu.
Le plus ironique, c’est que le PPS a été présenté comme une alternative moderne et légère au certificat médical. Un outil simplifié, censé éviter les rendez-vous médicaux et libérer les organisateurs de tâches administratives lourdes. Mais en centralisant toutes les informations sur une plateforme unique, le dispositif devient un point d’entrée rêvé pour les cybercriminels.
Entre vigilance et colère, la confiance est rompue
Les coureurs sont donc pris en étau. D’un côté, ils ne peuvent plus présenter un certificat médical classique — désormais obsolète dans la majorité des courses affiliées. De l’autre, ils sont sommés de payer un PPS obligatoire, en sachant que leurs données ont déjà fuité une première fois.
Sur les réseaux sociaux, les messages de colère se multiplient. Certains parlent de racket, d’autres de mépris. Beaucoup annoncent qu’ils se tourneront vers des événements non fédérés, des courses « off » ou des trails en Belgique, où les inscriptions sont plus simples et moins chères. D’autres promettent de boycotter purement et simplement le système, quitte à ne plus prendre de dossard officiel en 2026.
Ce qui se joue ici dépasse la simple question du PPS. C’est la place du coureur amateur dans l’écosystème du sport fédéré qui est en cause. En quelques années, les plateformes d’inscription sont devenues des outils d’agrégation de données : habitudes sportives, infos sociales, adresses, numéros de sécurité sociale. Mais la cybersécurité n’a pas suivi.
La faille révélée en décembre 2025 montre que même un ministère n’est pas capable d’assurer la protection basique des informations qu’il exige. Et cela jette une lumière crue sur les choix techniques et politiques qui entourent la numérisation du sport.
Pour 5 euros, on achète quoi exactement ?
La FFA assure que les 5 euros ne concernent pas seulement le formulaire, mais aussi “un accès à des contenus enrichis sur la santé, l’alimentation, le sommeil”. Mais la majorité des coureurs y voient un paiement obligatoire pour courir, sans service tangible en retour.
Et désormais, ils savent que même ce paiement n’offre aucune garantie : ni médicale, ni administrative, ni sécuritaire. Ce qui devait être un outil de simplification devient un point de rupture, voire de dégoût.
En résumé, le sport amateur mérite mieux
Loin des paillettes de l’élite ou des budgets des fédérations, le trail reste un sport d’engagement, de terrain, de liberté. En demandant aux pratiquants de payer un système qu’ils ne contrôlent pas, et en démontrant leur incapacité à protéger ce système, les autorités sportives viennent de franchir une ligne rouge.
Ce n’est pas une question de montant. C’est une question de confiance. Et pour une grande partie de la communauté, elle est aujourd’hui brisée.
Source
- LeMonde
- mail du ministère
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