Ecouter cet article sur la sécurité à la chasse
Elles ont été adoptées localement en Charente, après un décès survenu lors d’une battue, dans le cadre du nouveau schéma départemental de gestion cynégétique. Elles ne relèvent pas de la loi nationale, mais d’une décision concertée entre la préfecture, la fédération de chasse, l’OFB et les autorités locales. Cela signifie que dans d’autres départements, les mêmes règles ne s’appliquent pas forcément. Une situation qui interroge : pourquoi faut-il un mort pour renforcer la sécurité dans un seul territoire ?
En Charente, après un mort, des règles de sécurité « nouvelles » viennent d’être adoptées. Et là, on tombe de haut. Parce qu’on découvre qu’avant, rien n’interdisait officiellement de manipuler son arme sans apès avoir vérifié son environnement
On pensait que c’était déjà acquis. On pensait que c’était du simple bon sens. Et pourtant, ce n’était pas écrit. Ce n’était pas obligatoire. Maintenant, ça l’est. Mais il aura fallu un mort pour que l’évidence devienne une règle.
Tu cours en forêt et tu entends un coup de feu. Tu t’arrêtes, tu cries (et si tu es taquin tu cries « je ne suis pas une biche, je ne suis pas un sanglier », tu espères qu’on t’a vu ou entendu. Tu rentres chez toi et tu te dis que t’es peut-être parano. Eh bien non. Si tu as toujours eu peur que les chasseurs visent avant de réfléchir, tu avais raison. Jusqu’à cette semaine en Charente, rien ne les obligeait à vérifier ce qu’il y avait autour d’eux avant de tirer. Ce n’est pas une blague. Ce n’était pas dans les règles. Maintenant si. Merci au chasseur mort de Combiers. Il aura fallu un cadavre.
📌 Nouvelle règle 1 : interdiction de tirer à balle sur une nappe d’eau
Pourquoi c’est grave :
Parce que jusqu’à présent, on pouvait tirer à balle vers un plan d’eau sans se soucier des ricochets. Et ce, dans un pays où on apprend dès l’école que l’eau, ça rebondit.
Ce que ça implique pour les autres usagers :
Un pêcheur, un kayakiste, un promeneur au bord d’un étang… pouvait se faire descendre sans que ce soit « hors des clous ».
📌 Nouvelle règle 2 : obligation de décharger son arme quand elle n’est plus en main
Pourquoi c’est fou :
Parce que jusque-là, tu pouvais laisser ton fusil chargé, posé par terre, ou pendu à ton épaule. Et si ça partait tout seul ? Bah… c’était « la faute à pas de chance ».
Ce que ça dit :
Dans un club de tir, on t’exclut direct pour ça. Mais dans les bois, jusqu’ici, c’était OK.
📌 Nouvelle règle 3 : manipulation des armes uniquement dans une direction non dangereuse
Traduction :
Tu ne devais pas pointer ton fusil vers la route, vers un champ, vers un promeneur.
Et avant ?
Avant, tu faisais comme tu voulais. À part la morale, rien ne l’interdisait. Et personne ne pouvait te sanctionner.
Aujourd’hui encore :
Tu peux croiser un type en treillis, arme à l’épaule, qui balaye du regard… et du canon. Et c’est nous les randonneurs qui devons faire profil bas.
📌 Nouvelle règle 4 : obligation de vérifier son environnement avant de manipuler son arme
Sérieusement ?
Jusqu’ici, tu pouvais charger, viser, déplacer ton arme sans regarder autour ? Oui.
On parle bien d’armes à feu.
Des outils létaux. Et le minimum, dans n’importe quel centre de tir, c’est de traiter toute arme comme si elle était chargée, de ne jamais pointer quelque chose que tu ne veux pas détruire et de garder ton doigt hors détente.
📌 Nouvelle règle 5 : interdiction de viser une personne, même avec une arme déchargée
Oui, tu as bien lu.
Il a fallu attendre 2025 pour qu’un texte interdise noir sur blanc de pointer une arme sur quelqu’un, un chien ou une voiture, même si elle est vide.
Et encore, ça râle :
Le président de la fédé de chasse locale trouve que c’est « infantilisant ». On parle de types qui manipulent des fusils de gros calibre.
Dans un club de tir, tu es exclu immédiatement si tu fais ça. Dans les bois, tu passais juste pour « un peu nerveux ».
😡 Et demain, on va apprendre quoi ?
Qu’on peut encore partir en battue après avoir bu trois verres de rouge au casse-croûte du matin ?
Qu’aucun certificat médical récent n’est demandé pour continuer à manipuler un fusil ?
Qu’il n’existe pas de contrôle de la vue ni d’évaluation psychologique, alors qu’on impose ça aux conducteurs de bus ou aux pilotes d’avion ?
Que certains chasseurs continuent d’arpenter les bois armés à plus de 80 ans, parfois 90, sans autre limite que leur propre envie ?
Chaque traileur, chaque randonneur, chaque famille qui traverse la forêt doit partager son espace avec des gens armés, mais soumis à des règles de sécurité plus légères que pour une simple salle de sport. Et ce n’est pas une caricature. Ce sont les faits.
Mais une fois le permis obtenu, aucun contrôle médical périodique obligatoire n’est imposé. Des affections visuelles, psychiques ou motrices sont listées comme contre-indications, mais on ne soumet pas systématiquement tous les chasseurs à des tests formels à chaque renouvellement.En cas d’accident ou comportement dangereux, les textes prévoient des sanctions — mais le cadre légal autorisant explicitement l’usage de l’alcool en chasse n’est pas affirmé par des textes clairs.
En résumé, en 2025, en France, on célèbre comme une avancée le fait d’imposer à un chasseur de ne pas viser les gens.
On devrait être soulagé, et on l’est un peu. Mais surtout, on est abasourdi. Ce n’est pas une nouveauté. C’est un rattrapage. Un retard effrayant. Et maintenant, tout le monde se demande : quelles autres règles de base ne sont pas encore écrites ?
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Le présent article a été rédigé dans le cadre du débat public sur la sécurité à la chasse et le partage des espaces naturels. Il relève de l’analyse journalistique et de la liberté d’expression, telles que protégées par la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse.
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