Dans sa dernière vidéo publiée avec Runix, Mathieu Blanchard, tête de proue du trail français, a déclenché une avalanche de commentaires partagés. La cause ? L’utilisation des écouteurs à conduction osseuse Shokz qu’il présente comme faisant « partie de son attirail de coureur », dans un format aux allures de storytelling inspiré. Mais derrière ce contenu soigné, certains y voient une opération marketing peu transparente, qui brouille les frontières entre passion du trail et marketing d’influence.
Mathieu Blanchard
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Mathieu Banchard, une image brouillée
Ce que reprochent certains fans à Mathieu Blanchard, ce n’est pas tant l’utilisation d’écouteurs en soi — bien que leur usage soit interdit en compétition FFA — que le ton du contenu : émotionnel, immersif, presque confessionnel… mais sans mention claire d’un partenariat. Une forme de narration qui emprunte tous les codes de la publicité « lifestyle » sans en assumer totalement l’aspect commercial. Or, en France, l’ARPP impose que toute vidéo promotionnelle soit identifiée comme telle. Une omission qui a suffi à lancer la polémique.
RAPPEL DE LA LOI
En tant que personnalité publique s’exprimant sur les réseaux sociaux, Mathieu Blanchard est assimilé juridiquement à un influenceur lorsqu’il promeut un produit ou une marque. Si sa vidéo sur Shokz constituait bien une collaboration commerciale (rémunération, mise à disposition gratuite de matériel, ou lien contractuel), alors il serait tenu de mentionner de manière claire, explicite et immédiate la nature publicitaire du contenu.
Selon la DGCCRF et les recommandations de l’ARPP, cela implique d’utiliser des mentions telles que #publicité, #partenariat rémunéré, ou encore une formule sans ambiguïté comme « en collaboration avec Shokz », visibles dès le début de la publication. Ces obligations s’appliquent même si l’influenceur n’est pas rémunéré directement mais bénéficie d’un avantage en nature.
Le manquement à cette obligation de transparence peut être qualifié de pratique commerciale trompeuse, au sens de l’article L121-2 du Code de la consommation, et expose l’auteur à des sanctions administratives (amendes jusqu’à 300 000 €) ou pénales (2 ans d’emprisonnement).
Le trail et l’influence : un virage assumé ?
On ne compte plus les coureurs élites qui, à défaut de vivre de leurs résultats, capitalisent sur leur image via les réseaux. Blanchard, qui a longtemps été perçu comme un athlète inspirant, humble et accessible, semble désormais entrer dans une sphère où l’image prévaut.
Est-ce le signe d’un recentrage assumé vers une carrière d’influenceur sportif, à la manière d’un Youtubeur plutôt qu’un compétiteur acharné ?
Un débat révélateur des tensions dans le trail
La vidéo relance un débat récurrent : le trail est-il encore un sport « pur » ou glisse-t-il vers une logique de monétisation à outrance ? Pour certains, Blanchard ne fait que s’adapter à son époque. Pour d’autres, il incarne une dérive où les valeurs de liberté et de simplicité laissent place à la communication calibrée et aux « collabs » permanentes. Les termes utilisés dans les commentaires — « pub déguisée », « vendeur de lessive », « influenchiasses » — montrent que la communauté reste très sensible à tout ce qui ressemble à une instrumentalisation commerciale du sport.
Mathieu Blanchard a-t-il franchi une ligne rouge ? Pas nécessairement. Mais il a touché à une corde sensible : celle de l’authenticité, valeur centrale du trail. Dans un monde où chaque publication peut être sponsorisée, la transparence devient une exigence minimale. Le public du trail, habitué à une certaine rusticité et allergique aux faux-semblants, ne pardonne pas les zones grises. Pour rester crédible, même un athlète de haut niveau doit aujourd’hui choisir entre la sincérité et la stratégie. Et surtout, ne pas les confondre.
D’autant que, soyons honnêtes, après François D’Haene qui a récemment organisé un footing à Paris avec la société Corum L’Épargne – une opération mêlant sport et promotion de produits financiers – on n’est plus à une collaboration près dans le petit monde du trail. Ce mélange des genres peut surprendre, mais il illustre bien la mutation du trail en terrain d’influence.
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source : ici
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Capture d’écran de la vidéo publiée par Mathieu Blanchard sur le compte officiel de Runix – utilisée dans un contexte d’information et d’analyse, conformément au droit à l’information (article 9 du Code civil).
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