Tout le monde savait qu’il y avait un bras de fer autour du marathon de Metz, mais personne n’imaginait une telle issue.
L’annonce est tombée le lundi 6 octobre au soir : la préfecture de la Moselle a invalidé le Marathon Metz Mirabelle, porté par l’association historique. Résultat : la seule épreuve autorisée le dimanche 12 octobre sera l’Euro Marathon Metz, piloté par la métropole et son prestataire RNK.
Comment en est-on arrivé à cette situation ubuesque où ce sont, une nouvelle fois, les coureurs qui payent l’addition ?
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Marathon de Metz annulé, retour sur 15 ans de feuilleton.
2010 : la renaissance d’un marathon populaire
Tout commence en 2010. Sous l’impulsion de Belkhir Belhaddad, alors adjoint aux sports de Dominique Gros, Metz retrouve un marathon digne de ce nom. Succès populaire immédiat : les rues se couvrent de coureurs, la course devient un rendez-vous incontournable d’octobre. Pendant plus de dix ans, le Marathon Metz Mirabelle fait rayonner la ville et attire des milliers de participants.
2023 : première implosion interne
Après le Covid, la mécanique se grippe. En 2023, l’association Metz Marathon implose sous l’effet d’une guerre de présidents. Résultat : pas de marathon cette année-là. Une première alerte qui fragilise l’image de l’événement. La métropole, dirigée par François Grosdidier, en profite pour remettre à plat l’organisation.
2024 : un rendez-vous fantôme
La promesse d’un retour du marathon en 2024 ne sera pas tenue. Grosdidier estime que l’ancien modèle reposant sur une association-écran n’est pas conforme aux règles de transparence. Dans les faits, les coureurs restent sur la touche une année supplémentaire, tandis que les élus s’affrontent sur les modèles de gouvernance.
2025 : la guerre ouverte
En janvier 2025, deux marathons s’affichent pour la même date, le 12 octobre :
- le Marathon Metz Mirabelle, défendu par l’association historique ;
- l’Euro Marathon Metz, monté par la métropole et confié à la société RNK.
S’en suivent procès et condamnations croisées : dénigrement pour l’association, accusations de parasitisme pour la métropole. Le tribunal administratif de Strasbourg tranche le 3 octobre : le contrat RNK est illégal, mais il sera annulé seulement le 13 octobre, soit le lendemain de la course.
Octobre 2025 : la préfecture tranche
Face à ce chaos juridique, la préfecture doit décider. Le 6 octobre au soir, elle invalide le Marathon Metz Mirabelle, faute d’avis favorables des communes concernées. Résultat : un seul marathon aura lieu ce dimanche 12 octobre, l’Euro Marathon Metz. Les coureurs du Metz Mirabelle seront remboursés, mais l’amertume est immense.
Des milliers de coureurs avaient déjà bouclé leur préparation, parfois 3 à 4 mois d’entraînement, réglé leurs frais, posé leurs congés.
Tout ça pour rien.
La politique a pris le dessus, et les athlètes sont les grands perdants d’une bataille qui n’aurait jamais dû sortir des salles de réunion.
Marathon de Metz annulé, la réaction des organisateurs
Quand la politique gâche tout et que les coureurs paient
Le marathon est censé être une fête du sport, un rendez-vous qui récompense des mois de sacrifices. À Metz, c’est devenu une pièce de théâtre politique où les coureurs n’ont aucun rôle, sauf celui de victimes collatérales.
Ce qui rend la décision encore plus violente, c’est son timing. Elle tombe une semaine seulement avant la course. Or, un marathon ne s’improvise pas. C’est 3 à 4 mois d’entraînement rigoureux, des sorties longues dans le froid, des week-ends sacrifiés, une vie de famille adaptée à la préparation. C’est aussi des frais engagés : inscription, hôtel, billets de train, parfois congés posés. La dernière semaine, les athlètes lèvent le pied, récupèrent, visualisent l’épreuve… et attendent avec impatience le grand jour.
Et là, tout s’écroule. Une décision administrative suffit à effacer des centaines d’heures d’efforts, à anéantir des objectifs personnels construits patiemment. Les coureurs se retrouvent piégés, privés de leur course pour des raisons qui n’ont rien à voir avec le sport.
Le Marathon de Metz Mirabelle annulé en 2025 restera comme une course fantôme pour tous ceux qui s’étaient engagés avec enthousiasme. On retiendra surtout que quand la politique s’en mêle, la logique sportive est toujours la grande perdante. Les coureurs, eux, sont les seuls à avoir payé pour rien, prisonniers d’une bataille où leur voix n’a jamais compté.
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Mention éditoriale
Cet article s’appuie sur les informations publiques disponibles au 7 octobre 2025 (décisions de justice, communications officielles et données administratives).
uTrail peut se tromper : notre objectif est d’éclairer les lecteurs sur l’impact concret pour les coureurs, pas de distribuer des bons ou des mauvais points aux institutions ou aux personnes citées.
Il s’agit d’une analyse éditoriale, qui ne préjuge en rien des suites judiciaires ou administratives.