Clem, d’abord, une chose est claire : je ne viens pas en opposition, je viens poser une question. Je ne viens pas te culpabiliser d’avoir rigolé en Amazonie.
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Je t’écris plutôt comme on écrit à quelqu’un que l’on croise à un moment où les choix comptent. 25 ans. C’est l’âge où l’on commence à comprendre que là où l’on est, cela a une signification.
Tu as réussi quelque chose de rare en très peu de temps. Ta passion est devenue un sujet vivant pour toi et ceux qui te suivent. Tu as sorti l’ultra de son aspect compétitif, ou de ses vieux carcans. Tu as dit à 470 000 personnes (au moins, et rien que sur Instagram), que l’on peut rire et souffrir en même temps. C’est un exploit, pas une illusion.
C’est parce que j’aime ce qui se dégage de tes contenus que je te pose cette question.
Ce que tu as traversé sans peut-être le savoir ?
Pour toi, et ceux qui lisent ici, la piste de Bellison est une route créée en 1952 pour l’orpaillage colonial français.
On venait y prélever de l’or. On le fait toujours. Cette piste traverse plus d’une centaine de territoires toujours ravagés par la recherche de l’or. Aujourd’hui, on ne recherche pas de l’or avec une pioche et un tamis, mais à coup de produits chimiques qui polluent les rivières. C’est une pollution grave, en l’occurrence surtout au mercure. Il pollue les sols, s’infiltre dans l’eau des peuples qui vivent sur ces territoires. Sur certains d’entre eux, c’est jusqu’à 90% de la population qui présente des taux de mercure au-delà du seuil toxique. Ils sont empoisonnés, comme leurs terres, la faune, mais aussi le gibier et les poissons qu’ils mangent ainsi que les produits qu’ils cultivent. C’est simple, on les tue à petit feu.
C’est ça aussi la piste de Bellison, là où tu as couru et vécu cette aventure, à la fois sportive et drôle.
Une ambivalence qui n’a plus lieu d’être
Ce que je viens de te dire, tu le sais déjà, partiellement comme nous tous. Tu le sais, ton accompagnateur Nico Mathieux le sait aussi. L’Amazonie n’est plus un terrain vierge de la main de l’homme. Sous la canopée, il y a laissé des traces qui mettront des années à disparaître. Cette piste en est une. Mais peut-être parce qu’on le sait, il est un peu plus difficile d’en rire.
Tu as raison de rire, de prendre ça avec la fougue de ton âge et de sa personnalité. C’est toi et personne ne te voudrait autrement. Tu nous offres un trail, et des aventures, différentes. Mais il reste tout de même quelque chose de contradictoire entre ce rire et la souffrance cachée des peuples de la région. Et si ce trail était une façon d’avancer ?
La piste de Bellison, une promesse
Ce sentier n’est pas neutre. C’est une cicatrice. Il est documenté, Christophe Le Saux, il y a une dizaine d’années l’a raconté aussi. Vivre là-bas lui avait appris, non pas dans les livres mais dans son quotidien, ce qu’était cette piste, ce qu’était le drame de l’orpaillage. Tu es arrivé avec ton énergie. Sincères. Communicative.
Mais ta présence là-bas ne doit pas être qu’une ignorance, elle doit être une promesse, une ré-invention du regard porté sur ce morceau de territoire si ensanglanté. Tu cours pour vivre, rire, partager. Pour nous dire que cette route n’est pas que ce que l’on sait d’elle, elle est peut-être une promesse d’un avenir meilleur pour la région.
Ce qui changerait tout.
Ne change pas.
Clemquicourt , ne deviens pas vieux, sinistre et morose.
Mais je te pose la question, parce que moi je suis vieux : et si la force de tes mots servait aussi à mettre en avant l’histoire du lieu où tu cours, quand ce lieu a l’histoire de cette piste.
Je crois que ça ne changerait rien à la tonalité de tes vidéos, à tes résultats sportifs, à ton engagement à nous proposer un trail différent. C’est d’autant plus vrai qu’une partie de ton public est jeune, il se retrouve en toi. Et si tu étais ce vecteur d’une information supplémentaire, d’une prise de conscience utile mais que l’on n’attend pas dans le trail, ça serait formidable, parole de vieux !
Qu’on soit bien d’accord, je ne donne pas d’ordre, je n’impose rien. Je n’ai pas ce pouvoir, ni même l’envie. Mais j’ai une simple demande que je peux poser ici, alors je ne m’en prive pas. Clem, peut-on être un trailer visible aujourd’hui, et parler de sujets tels que celui-ci à son public ?
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