CR DE MA TDS 2023
CR TDS 2023 – On nous annonçait l’enfer sur la TDS, ce fut bien pire que ça. Entre sa réputation, les conditions météo et les problèmes logistiques dont l’organisation fut victime (il ne faudra pas l’oublier), le stress était à son paroxysme ce lundi à Courmayeur.
On sait qu’on part pour une aventure et que 40% des personnes qui nous entourent ne franchiront pas l’arche d’arrivée à Chamonix. Et forcément, ça trotte dans la tête et ça calme.
CR TDS 2023
Les premiers kilomètres de Courmayeur au lac Combal se passent bien.
Ça monte bien et quand on passe l’arête du mont Favre, s’il ya du vent, le ballet des frontales est vraiment cool à voir. C’est comme la Saintélyon mais en mieux.
Du Lac Combal (km15) au col du Petit Saint Bernard (km35), c’est de loin le pire moment de la course.
Le froid et le vent sont d’une violence disproportionnée et la neige s’invite. Je crois avoir rarement eu aussi froid de ma vie. La montée du col Chavannes est affreuse car on voit le chemin avec les frontales et ça semble ne jamais s’arrêter. Le jour se lève dans la descente et je commence à avoir besoin de dormir (ce sera bien pire plus tard) et une fois qu’on arrive au lac sous le petit saint Bernard, on se retrouve dans un nuage, et du vent, neige et pluie nous fouettant le visage. En arrivant au col, je ne sais pas comment je vais pouvoir repartir…
quand vous êtes a bout et qu’il vous reste 120km, bah on se sent seul.
On apprendra plus tard que 200 personnes auront abandonné ici.
Durant la descente vers Bourg saint Maurice (km51), le moral revient et les sensations sont beaucoup plus agréables, la course peut commencer.
Après une heure à la base de vie, c’est parti pour le parcours alternatif.
Alors, ne nous mentons pas, le parcours était chiant sur cette partie car il y avait beaucoup de bitume, mais à choisir, pour avoir fait le passeur dans des conditions optimales, je préfère l’éviter dans ces conditions ci. Ça a été éprouvant, mais c’est passé.
Au Cormet de Roselend (km70), il fait froid, très froid.
Et même si la première nuit a été dure, les conditions vont devenir épiques à un point qu’on n’imagine pas. La montée vers le col de la Sausse se fait dans une tempête de neige, on ne voit pas à dix mètres et il y a cinq à dix centimètres qui tiennent. Et encore c’était la partie facile. Car dans la Descente du col vers le chemin du curé, II y avait de la boue comme jamais (la saintélyon 2018 peut aller se rhabiller) ; c’est Woodstock, tout le monde se casse la gueule, mais paradoxalement, je me suis bien marré car au moins, il ne faisait pas froid. Et ce malgré trois belles gamelles.
Du col de la Gittaz (km80) au pas d’Outray (km92), cest un moment où le temps semble s’être arreté.
Pendant Une douzaine de kilomètres en haute montagne, on n’a pas un bruit, de la brume à couper au couteau, et il fallait parfois bien chercher pour trouver les balises. Pas de doute, on est dans la TDS, et on y est bien). La nuit tombe, et finalement, c’est plus pratique, car avec la frontale, on s’y retrouve mieux.
J’ai une petite appréhension avant la descente vers Beaufort, dont on connait la réputation. Elle n’est pas dure, mais elle est longue, très longue. Elle ne vous casse pas excessivement les pattes, mais elle vous use mentalement. On dirait que ça ne s’arrêtera jamais…
Dans le pas d’Outray, j’ai eu un Premier moment un peu bizarre.
Alors que j’étais dans le pierrier, j’ai discuté une demi heure avec mon chat. C’était sympa, mais quand elle m’a dit qu’elle devait partir, pendant quelques minutes ce fut bizarre.
A l’Arrivée sur Beaufort, c’est un premier soulagement ; on mange, on se change, on se repose un peu (pas autant que je l’aurais voulu). Et je suis partagé entre le fait de vouloir s’arrêter longtemps et repartir sans trop réfléchir (toujours en tête le taux d’abandon à Beaufort). Par contre ce qui est cool, c’est qu’après 100km, je suis à 22h de course alors qu’en 2022, j’ai fini la CCC en 25h. Merci ma coach!
La Montée vers Hauteluce va marquer le début du passage a l’ultra.
Si elle n’est pas difficile en théorie, en pratique c’est de mauvais augure. Je recommence à somnoler en marchant, et je me dis que si j’arrive vers la montagne dans cet état, ça va être compliqué, très compliqué. Dix minutes de micro sieste au ravito avant d’attaquer la montée vers le col de Véry, et c’est parti.
Ici, c’est peut-être le moment le plus particulier de la course, où la fatigue a été vraiment difficile à gérer. Car Si on s’arrête on meurt de froid, alors il faut continuer et prier pour que le lever du jour arrive vite.
Les premières hallucinations arrivent
Je voyais un chalet de montagne à la place de chaque fanion de course et des visages sur les pierres. Vivement pouvoir dormir Un peu.
là où le cerveau est bien fait, c’est que les somnolences et les hallucinations viennent quand les sentiers sont faciles et que dès que ça devient technique, le corps se met en mode survie, et la lucidité revient. Pas super longtemps non plus.
Le jour se lève, et une nouvelle course commence.
Un peu une course contre la montre aussi. Le passage vers le col du Joli se fait essentiellement dans la boue (un peu comme les trois quarts de la course), mais ici, le passage en balcon demande pas mal de concentration. Et on se dit qu’on a passé deux nuits en montagne,ce serait alors idiot de s’arrêter maintenant.
La Descente vers les Contamines (km124), longue et dure, et la fatigue revient en boomerang ; le jour est là, le soleil pas trop loin, je me couche dans un pierrier et dors cinq à dix minutes (du moins le temps de trois chansons).
Aux Contamines (km133) l’ambiance un peu plus légère ; même si ce n’est pas fini, on sent que ça commence à sentir bon.
Il fait beau, la fatigue est physique (et pas morale), c’est cool. Il reste quand même le col du Tricot, même si c’est surtout la descente après qui m’inquiète.
L’Ascension du col du Tricot en 55 minutes, avec des passages où on se retrouve à remonter des torrents de boue. Je suis content de l’avoir fait en reco avant car il est impressionnant. L’après se passe finalement pas trop mal, mais clairement, je prends mon temps (ce serait ballot de se faire mal maintenant). On arrive tout doucement vers Bellevue (km145) pour une dernière grosse difficulté (du moins à ce moment de la course, la descente vers les Houches)
Et alors qu’on arrive aux Houches (km149), là, on se dit que ça va le faire ; les barrières sont cools, la météo est là, et on se dit que même si on doit finir à 4 pattes, on le fera.
Il ne faut pas crier victoire mais clairement, ça sent très bon. La TDS est à portée de main!
Il reste plus ou moins une heure jusqu’à Chamonix (huit km plus ou moins), et si les premiers sont pas les plus marrants (loin s’en faut), les deux derniers, c’est juste un truc de malade.
Le moment arrive, le moment qu’on attend depuis 40 heures, le moment dont on a rêvé pendant des mois et auquel on s’est interdits de penser pendant la course nous tend les bras. On travers la rue piétonne sur 800 mètres et de nouveau, on a, pendant quelques minutes, l’impression d’être une rock star, tout le monde vous applaudit, on ne sait plus où donner de la tête et finalement, après une ultime accélération (enfin, tout est relatif, je m’en doute bien), la ligne d’arrivée est passée en 41h08.
Et quand, dès le passage de la ligne d’arrivée, vous avez des dizaines de personnes que vous ne connaissez pas qui vous félicitent, on commence tout doucement à prendre la mesure du truc. J’ai souvent lu que la TDS faisait partie des 10, voire 6 trails les plus durs du monde ; ajoutez à ça les conditions météo, ce fut clairement une aventure hors du commun.
CR TDS 2023
Quel pied, bordel!
Merci à mon assistance logistique qui a été absolument parfaite, à toutes les personnes qui ont suivi la course et m’ont envoyé des messages d’encouragement, et merci à ma coach qui a réussi à faire des miracles en rendant le succès possible.
Maintenant, il est temps de se reposer et de se projeter vers l’avant. Et forcément, l’UTMB commence à titiller ; on se dit qu’après, y’a moyen d’aller se tester dessus.
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PHOTO : utrail