Une étude scientifique démontre que le trail est mauvais pour la nature. Publiée en octobre 2025 dans The British Ecological Society, cette étude alerte sur les conséquences du trail sur la faune alpine, notamment les bouquetins et les chamois.
PUBLICITÉ – ACHETER DES GANTS POUR BÂTONS DE TRAIL
publicité lien rémunéré Amazon
On pensait le trail inoffensif, presque vertueux.
Une pratique sportive douce pour la planète, en harmonie avec la montagne, loin des infrastructures lourdes et du bitume. Mais une nouvelle étude scientifique vient bousculer cette image. Publiée en octobre 2025 dans une revue internationale, elle tire la sonnette d’alarme : les trails, en particulier les épreuves de masse, génèrent un stress important pour la faune sauvage. Les bouquetins, les chamois et d’autres espèces emblématiques de nos montagnes voient leurs comportements profondément altérés. Et le constat est clair : en montagne, courir peut déranger plus qu’on ne le croit.
Des “couloirs de la peur” créés par les traileurs
L’étude a été conduite pendant plus de dix ans dans la chaîne du Bargy, en Haute-Savoie. En suivant 139 bouquetins équipés de balises GPS, les chercheurs ont constaté une perturbation nette et constante de leurs habitudes. Ces animaux, pourtant réputés robustes, modifient leurs trajectoires pour éviter les sentiers empruntés par les humains. Ils fuient les zones de passage fréquenté dans un périmètre allant jusqu’à 1 000 mètres. La nuit, lorsqu’il n’y a personne, ils s’en rapprochent à nouveau. Ce va-et-vient permanent dessine des « couloirs de la peur », selon le terme employé par les scientifiques. Ces zones deviennent des frontières psychologiques où la faune n’ose plus s’installer.
Le trail nocturne, un danger invisible
Le problème ne s’arrête pas aux compétitions. L’entraînement, les reconnaissances, les sorties nocturnes viennent amplifier l’effet. Le plus préoccupant selon les chercheurs ? La pratique de nuit, justement prisée par de nombreux traileurs, qui bouleverse encore davantage la tranquillité des espèces. C’est pendant ces heures sombres que la faune sort pour s’alimenter, se déplacer, se reproduire. Le passage de coureurs, même silencieux, même équipés de frontales discrètes, déclenche chez les animaux un comportement d’évitement qui coûte de l’énergie, notamment en période critique, comme la gestation ou l’approche de l’hiver.
Des effets bien plus larges que les courses elles-mêmes
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce ne sont pas uniquement les quelques jours de compétition qui posent problème. L’impact est prolongé : les pratiquants viennent s’entraîner des semaines en amont, reviennent sur les parcours après les épreuves, et font vivre une pression permanente sur les mêmes itinéraires. Cela empêche les animaux de s’installer durablement dans certains secteurs, et peut même compromettre leur accès à des ressources essentielles. Les scientifiques notent une augmentation moyenne de 25 % de la distance de fuite des animaux pendant les événements, avec des pics dépassant parfois les 1 000 mètres.
Une étude étendue au niveau national dès 2026
Face à ce constat, l’Office français de la biodiversité, avec à sa tête le chercheur Pascal Marchand, prévoit d’élargir ses travaux à tout le territoire.
L’objectif : dresser une cartographie complète de l’impact du trail sur la faune à l’échelle de la France, en tenant compte du boom des compétitions (près de 5 000 par an) et des pratiquants (plus d’1,4 million). Cette étude nationale permettra peut-être de mieux cibler les zones sensibles et de proposer des régulations plus intelligentes, pour concilier passion sportive et protection de la biodiversité.
Pas une condamnation du trail, mais un appel à la responsabilité
Les scientifiques, comme les gestionnaires d’espaces naturels, ne prônent pas l’interdiction pure et simple. Ils appellent à une meilleure répartition des flux, à des parcours évitant les zones de nidification ou de mise bas, à des horaires plus respectueux de la faune. Des initiatives existent déjà : certains parcs naturels réfléchissent à interdire la pratique du trail de nuit ou à certaines périodes de l’année. D’autres veulent renforcer l’encadrement juridique, via des arrêtés municipaux, pour limiter la pratique dans les espaces les plus fragiles.
Un gros trail peut déranger la faune jusqu’à 1 000 mètres autour des sentiers
.
Ce n’est pas une hypothèse, mais une réalité documentée par une décennie d’étude sur les bouquetins et les chamois. En fuyant notre présence, les animaux dépensent une énergie précieuse, modifient leur comportement, et voient leur survie compromise. Le trail n’est pas un ennemi de la nature, mais il doit apprendre à la respecter.
En résumé, alors que le trail continue de séduire un public toujours plus large, cette étude agit comme un électrochoc.
Derrière chaque foulée, chaque course, chaque frontale allumée dans la nuit, se joue parfois une série de réactions en chaîne que nous ne percevons pas. L’enjeu n’est pas de diaboliser une pratique, mais de mieux la penser, de l’adapter à un monde vivant qui mérite qu’on l’écoute. En montagne, le vrai respect commence peut-être par une plus grande discrétion.
Source, lien vers l’étude scientfique
- Disturbance by massive sporting events in mountain areas : longitudinal evidence from GPS‑tracked Alpine ibex in the French Alps (P. Marchand et al.) → https://doi.org/10.1002/pan3.70151
Lire aussi
- Eté 2024 : le gouvernement interdit les trails en montagne à cause des risques pour la faune
- Mourir sur un ultra-trail…
- Le « traileur à Frontale » emmerde VRAIMENT les animaux et la nature !
- La vitesse limitée à 13,5 km/h dans les sentiers pour protéger la faune et la flore : les chasseurs seront assermentés pour contrôler les traileurs
- DÉCRET OFFICIEL : tenue fluo obligatoire pour les SANGLIERS en période de chasse dès le 1er janvier 2025






