C’est une décision rare, mais assumée. Lors de l’édition 2025 du trail des Glières, l’organisation a fait le choix de reclasser un coureur arrivé 10e… à la première place du podium.
En cause : une erreur de balisage qui a pénalisé Matthis Granet, alors qu’il menait la course de 56 km. Ce choix fort relance le débat sur les responsabilités des organisateurs en cas de confusion sur le tracé. Explications.
Un livre pour progresser dans son entrainement trail
Le trail des Glières est une course alpine réputée organisée chaque automne dans le massif des Bornes, en Haute-Savoie.
Il tire son nom du célèbre Plateau des Glières, haut lieu de la Résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale, situé à plus de 1400 mètres d’altitude. L’événement propose plusieurs formats (10 km, 21 km, 41 km, 56 km et kilomètre vertical), avec des parcours exigeants mêlant sentiers forestiers, crêtes techniques et panoramas d’altitude. L’épreuve phare, le « Furious Bouquetin » de 56 km pour 3400 m D+, attire chaque année des coureurs aguerris venus de toute la région Auvergne-Rhône-Alpes, et au-delà. Très engagé sur le plan technique, le trail des Glières est aussi connu pour son ambiance montagnarde, sa météo souvent capricieuse et son fort ancrage local.
Le contexte météo, premier facteur de perturbation sur le trail des Glières 2025
Ce dimanche 5 octobre 2025, les trailers engagés sur la distance reine du « Furious Bouquetin » se sont réveillés sous des conditions hivernales. Neige fraîche sur les sommets, température glaciale, rochers gelés. Devant cette situation, l’organisation décide de modifier légèrement le tracé. La montée vers la Roche Parnal est remplacée par un contournement, ce qui implique aussi un décalage du départ de 30 minutes, à 5 h 30. Même si la distance ne varie que légèrement (500 mètres de moins), ces adaptations peuvent suffire à perturber l’enchaînement des points de signalisation.
Un coureur en tête qui s’égare… à cause du balisage
Tout bascule au niveau du km 20, juste après la montée de la montagne de Sous-Dine. Matthis Granet, 21 ans, survolait la course jusqu’alors. Mais à une bifurcation clé, il confond la signalisation et emprunte par erreur la descente du parcours 41 km. Conséquence : une heure de détour, six kilomètres supplémentaires, et surtout, 700 mètres de dénivelé non prévus. Il se retrouve projeté à la 46e place.
Une remontée express… pour sauver l’honneur
Plutôt que d’abandonner, Matthis rebascule en mode course contre-la-montre. Il revient sur le bon tracé, et sous les encouragements de son coach Sébastien Chaigneau, transforme l’incident en séance de préparation mentale. Il remonte méthodiquement jusqu’à la 10e place, avec un chrono total de 7 h 27 sur un parcours plus long et plus technique que prévu.
La décision de l’organisation du trail des Glières, une responsabilité assumée
À son arrivée, l’équipe organisatrice prend le temps d’analyser la situation. Elle reconnaît que l’erreur de parcours n’est pas due à une faute d’inattention du coureur, mais bien à un balisage confus à un moment clé. Dans un geste rare mais salué par la communauté, elle décide de retirer l’heure “perdue” à Matthis et de le reclasser à égalité avec les deux premiers, Guillaume Michet et Paul Balbo, qui avaient franchi la ligne main dans la main.
Une transparence saluée sur les réseaux sociaux
Le post Facebook de Matthis Granet, publié dans la foulée de la course, a reçu de nombreuses réactions de soutien. Il y partage son expérience, sa frustration initiale, mais surtout sa reconnaissance envers l’organisation pour sa prise de responsabilité. Loin d’être une réclamation, son message est resté humble et sportif : “C’était tellement beau que j’ai fait du rab”.
Une décision qui relance un débat plus large
Cette décision ouvre une réflexion plus large dans le monde du trail : faut-il systématiquement reclasser un coureur pénalisé par une signalisation floue ? Jusqu’où va la responsabilité des organisateurs ? Et comment garantir une équité sportive quand les conditions sont si aléatoires ? Dans le cas du trail des Glières 2025, les conditions météo extrêmes et l’erreur reconnue ont justifié une mesure exceptionnelle.
En résumé, un geste juste qui fera jurisprudence
En reclassant Matthis Granet premier, l’organisation du trail des Glières a fait un choix fort, éthique et assumé. Un geste de respect pour la performance et le fair-play. Mais ce choix fera-t-il école ? Rien n’est moins sûr. Le cas reste exceptionnel, mais mérite d’être analysé, car il interroge la frontière entre la responsabilité sportive individuelle et l’obligation de sécurité et de clarté du côté des organisateurs.
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Mention éditoriale
Cet article rend compte d’un fait de course survenu lors de l’édition 2025 du trail des Glières.
Il s’appuie sur des informations publiques, notamment les résultats officiels, des publications de coureurs sur les réseaux sociaux, et les décisions prises à l’arrivée par les organisateurs.
Il est important de préciser qu’à notre connaissance, l’organisation n’a pas publié de communiqué formel évoquant une erreur de signalisation ni présenté d’excuses officielles.
La décision de reclasser un coureur arrivé initialement 10e à la première place à égalité avec les deux leaders laisse toutefois entendre qu’une situation inhabituelle s’est produite en lien avec le tracé ou le balisage.
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