Une joggeuse blessée au Mans met en cause la mairie pour une vis de 2,5 cm sur un quai. Le tribunal doit trancher.
Faire son footing en centre-ville peut parfois tourner au drame. C’est ce qu’a vécu une kinésithérapeute du Mans, victime d’une lourde chute lors de son jogging sur les quais de la Sarthe. Elle demande aujourd’hui 20 000 euros à la commune, estimant que la chaussée n’était pas sécurisée. L’affaire, portée devant le tribunal administratif de Nantes, soulève une question épineuse : jusqu’où va la responsabilité des villes envers les coureurs ?
Le Mans : une vis de 2,5 cm, un jogging, et des blessures sérieuses
Le 4 janvier 2019, à 19h30, une coureuse habituée du parcours longeant le quai Louis-Blanc trébuche en pleine foulée sur une vis métallique dépassant du sol. Elle chute violemment. Selon le dossier, les conséquences sont lourdes : fractures multiples, traumatisme crânien, perte de connaissance et deux jours d’hospitalisation. L’élément en cause serait une vis de fixation laissée visible après le retrait temporaire d’un banc public. Suffisant pour engager la responsabilité de la ville ?
Une procédure délicate et des preuves insuffisantes
L’audience, qui s’est tenue début septembre 2025, a révélé plusieurs faiblesses dans le dossier de la plaignante. Il n’existe aucun rapport de secours du SDIS. Les seules preuves présentées reposent sur des photos prises bien après l’incident, un témoignage d’un autre joggeur, et une attestation amicale. Pour la rapporteure publique, il manque des éléments essentiels pour démontrer un lien direct entre l’accident et l’obstacle incriminé. Elle pointe également un détail capital : la vis ne dépasse que de 2,5 centimètres, bien en dessous du seuil reconnu par la jurisprudence pour exiger une signalisation (généralement entre 5 et 10 cm).
La responsabilité du coureur face au terrain
En parallèle, le comportement de la coureuse est lui aussi questionné. L’accident a eu lieu de nuit, et rien ne prouve qu’elle portait une lampe frontale ou un équipement adapté à l’obscurité. Une obligation pourtant évidente pour tout traileur ou joggeur expérimenté évoluant dans des conditions de visibilité réduite. Dans un contexte urbain comme sur les sentiers, la vigilance personnelle reste un facteur clé de sécurité.
Un cas qui interroge les coureurs… et les mairies
Cette affaire, en apparence banale, met en lumière une réalité bien connue des amateurs de course à pied : les dangers insoupçonnés de l’environnement. Dalles instables, racines, bordures, équipements municipaux mal entretenus… autant d’obstacles potentiels qui peuvent transformer une sortie en cauchemar. Pour autant, doit-on faire peser sur les communes une responsabilité systématique ? Et jusqu’où va le devoir d’entretien quand l’obstacle est minime, signalé ou prévisible ?
La justice devra trancher. Mais une chose est sûre : que l’on coure en ville ou sur les sentiers, les réflexes de prudence doivent rester constants. L’angle de cette affaire dépasse le simple cas individuel. Il pose la question de notre rapport au risque, au partage de la responsabilité, et à la manière dont la course à pied s’inscrit dans l’espace public.
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Cet article est une analyse journalistique s’appuyant sur des faits rapportés publiquement. Il ne vise ni à trancher le litige en cours, ni à juger la victime ou la commune. Toute interprétation juridique définitive relève exclusivement de l’autorité judiciaire compétente.