La Petite Trotte à Léon, l’épreuve la plus engagée de l’UTMB, interroge sur ses risques après deux morts en 2022 ET 2023.
La PTL 2025, c’est en ce moment. Mais difficile d’oublier qu’en 2022 et en 2023, deux traileurs sont morts sur cette course de 300 kilomètres autour du mont Blanc.
Lancée ce lundi matin à 8h, l’épreuve la plus extrême de la semaine UTMB s’écrit aussi avec des larmes. En trois éditions, elle a déjà coûté la vie à deux coureurs expérimentés, rappelant à chacun que la montagne reste un terrain à hauts risques, même sous dossard.
Deux décès récents sur la PTL, une course avec un parcours hors normes
En août 2022, un traileur brésilien chute d’une centaine de mètres dans la montée vers le refuge de Plan Glacier. L’accident est survenu de nuit, sur une portion raide, technique et moraineuse. Le décès est constaté sur place, malgré l’intervention rapide des secours.
Moins d’un an plus tard, en 2023, un nouveau drame touche la PTL : un coureur suisse de 59 ans, s’effondre deux heures seulement après le départ, victime d’un malaise sévère. Évacué par hélicoptère à Annecy, il décédera six jours plus tard.
Deux morts en deux ans. Deux profils expérimentés. Deux drames qui rappellent que cette course est tout sauf anodine.
Qu’est-ce que la PTL, exactement ?
Son nom peut faire sourire — « Petite Trotte à Léon » — mais l’épreuve n’a rien d’une balade. Avec 300 kilomètres et 25 000 mètres de D+, la PTL est une traversée engagée du massif du Mont-Blanc, à effectuer sans balisage, en semi-autonomie, et en équipe de deux ou trois. Le tracé change chaque année, emprunte des crêtes, traverse des éboulis, grimpe des névés. Certaines sections exigent des passages de type via ferrata ou escalade facile. Et souvent, il n’y a pas de chemin du tout. Un GPS, une carte, une boussole, un altimètre : voilà les seules aides pour avancer.
Contrairement à l’UTMB ou à la TDS, la PTL n’est pas chronométrée.
Il n’y a aucun classement officiel. Le but est de finir. Ensemble. C’est une course sans podium, mais pas sans enjeu. Le danger, lui, est bien réel. Et pour s’aligner, chaque équipe doit soumettre un dossier validant son expérience montagnarde. Orientation, autonomie, engagement, gestion de la fatigue, résistance au froid : tout est évalué en amont.
Une épreuve à haut risque assumé
Mais même les meilleurs ne sont pas à l’abri. Chute dans le noir, glissade sur terrain humide, erreur de trajectoire dans le brouillard, mal aigu, hypothermie… les risques sont nombreux et difficilement maîtrisables. L’organisation le sait et l’indique clairement : le parcours n’est pas médicalisé et les secours peuvent mettre du temps à intervenir selon la zone. Cette transparence, louable, questionne tout de même : jusqu’où peut-on accepter que le danger fasse partie du jeu ?
Les témoignages des anciens finishers abondent dans le même sens : « Rien n’est jamais acquis sur la PTL ». En 2023, les conditions météo ont été particulièrement rudes : pluie, froid, brouillard. Sur les 112 équipes engagées cette année-là, 59 ont abandonné, soit plus d’une sur deux. Un taux d’abandon énorme, qui confirme que cette course n’est pas seulement physique, mais aussi mentale, stratégique, et parfois, un peu trop limite.
La PTL doit-elle évoluer ?
Face à ces accidents, la question se pose. Faut-il baliser davantage certains passages ? Mettre en place des zones médicalisées sur les points critiques ? Réduire le nombre d’équipes admises ? Rendre la sélection plus sévère encore ? Ou au contraire, ne rien changer, au nom d’un esprit montagnard authentique et d’une prise de risque assumée ?
L’organisation, pour l’instant, maintient son cap. La PTL n’est pas une compétition, c’est une aventure. Une traversée collective de la montagne, loin des standards de performance. C’est cette philosophie qui attire chaque année les coureurs les plus aguerris. Mais elle ne doit pas masquer la réalité : en 2022 et 2023, deux traileurs ne sont pas revenus.
Une course d’exception… mais à quel prix ?
La PTL restera sans doute toujours à part. Un OVNI dans le calendrier de l’UTMB. Pour beaucoup, c’est justement ce qui la rend unique : l’absence de chrono, le besoin d’adaptation, l’engagement total du corps et de l’esprit. Pourtant, il devient difficile d’ignorer que cette singularité s’accompagne d’un niveau de danger rarement atteint ailleurs dans le trail.
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- Cet article a été rédigé de bonne foi, sans volonté de polémique ni de dénigrement. Il vise uniquement à rappeler que l’ultra-endurance en montagne implique toujours une part de risque, y compris dans le cadre d’événements organisés comme l’UTMB. Chaque départ en haute montagne engage les coureurs dans une relation directe avec les éléments naturels, et malgré toutes les précautions, la montagne peut parfois imposer sa propre loi.