Kilian ne fait décidément rien comme tout le monde (et c’est pour ça qu’on l’aime)
On a beaucoup commenté le programme 2020 de Kilian Jornet ; et si son absence quasi officialisée à l’UTMB a été actée, le catalan est resté plus mystérieux sur son défi automnal.
Route : Kilian Jornet sur marathon ou semi
Il se pourrait bien que Kilian Jornet se lance sur du bitume (comme il le dit dans une de ses dernières publications, il ne faut jamais dire jamais), soit sur marathon, soit sur semi. Et quand on connaît un peu l’évolution du bonhomme, son art de manier le contre pied a encore fait ses preuves.
Ce que je trouve sympa, c’est que d’une part,
– il continue de sortir de sa zone de confort (alors même que son renoncement aux ultras laissait présager le contraire) ;
– et que d’autre part, il suit une évolution complètement à l’inverse de l’évolution naturelle du peloton. Une sorte de Benjamin Button de la course à pied.
Kilian Jornet, l’art de manier le contre pied
Beaucoup de coureurs lambdas (dont je fais partie) ont commencé par courir sur du bitume, à se tester sur du 10, puis du 15, puis sur 20, puis sur semi, puis sur marathon, etc… Et en général, une fois la distance marathon passée, on a souvent tendance à passer sur le trail. Soit parce qu’on a envie de voir autre chose, de voir moins de monde, d’allonger les distances, d’épargner un peu nos articulations…
Kilian, lui, a fait l’inverse à partir du moment où il est passé chez les séniors ; il a commencé par crever l’écran sur l’UTMB et la Diagonale. Il a alterné des coups d’éclats sur ultra, mais sur du moins long (notamment sur Zegama Aizkori ou Sierre-Zinal, où il est un peu comme chez lui). Donc, il s’est d’abord fait un nom sur ultra pendant une petite dizaine d’années pour, depuis un peu plus d’un an, se spécialiser sur le court, sur le skyrunning et l’alpinisme. Il en a juste profité pour remporter le Golden Trail World Series. Et donc, si ses messages se confirment, il passerait du court à la route. C’est complètement à rebours des habitudes, et je trouve ça cool.
Ce qui est aussi original, c’est de voir que les évolutions des trois gros (Kilian Jornet, François D’Haene et Jim Walmsley) sont toutes différentes. François et Kilian ont démarré au même niveau, mais
– François a continué de s’épanouir sur de l’ultra, et sur des projets un peu roots au bout du monde
– (Kilian préférant se concentrer essentiellement sur l’Himalaya).
– Jim a suivi une évolution finalement assez proche de peloton, sachant qu’il a commencé sur piste et route, puis qu’il a été seulement après dans le trail (et encore, on voit bien qu’il garde un petit bout de pied sur le bitume, sachant qu’il se pourrait qu’il participe au marathon des JO).
Kilian Jornet et François d’Haene, c’est fini
On peut donc en conclure qu’on a eu une chance assez énorme d’assister à un évènement comme l’UTMB 2017, en ce se sens que c’était le moment où les trajectoires des trois étaient liées.
Kilian et François ne devraient plus s’affronter de sitôt ; en revanche, Jim reste potentiellement adversaire des deux, sachant qu’il alterne encore entre le court et le long (est-ce lié à son jeune âge?), et c’est entre autres pour ça qu’il a le potentiel pour devenir le futur numéro 1.