Ce n’est une surprise pour personne, mais si l’on devait dire quels sont les trois meilleures nations en trail, on dirait assez aisément Espagne, Etats-Unis et France.
Le trail dominé par Jornet, Walmley et d’Haene
Cette domination se retrouve symbolisée par Kilian Jornet pour l’Espagne, par Jim Walmsley pour les Etats-Unis et François D’Haene pour la France. La Suisse (avec Mathys et Lauenstein), l’Italie (avec Magnini), la Nouvelle Zélande (avec Ruth Croft), la Suède (avec Mimmi Kotka) ou la Norvège (avec Angermund-Vik), voire l’Angleterre (avec ALbon) ont le potentiel pour faire quelques coups d’éclat occasionnels, mais à côté des trois ogres, ils doivent bien se partager les miettes.
Lorsqu’on essaie un peu de comparer les trois nations, on se rend compte que c’est plus difficile qu’il n’y paraît, tant les méthodes divergent. Les américains partent comme des brutes et tiennent du mieux qu’ils peuvent. Les français partiront prudemment et la joueront plutôt métronomes, alors que les espagnols seront plus prudents en montée et auront tendance à lâcher les chevaux en descente.
Et pourtant, si l’on fait parler les chiffres, on s’aperçoit qu’actuellement, la tendance est plus à la prise de risques qu’à la gestion prudente. Je m’explique. Prenons les dix meilleurs coureurs des trois pays.
Pour les USA, nous avons entre autres Walmsley, Hazen, Gray, Hawks, Daniels, Feriks ou encore Tollefson. Pour l’Espagne, nous avons Jornet, Capell, Hernando, Villa Gonzalez, ou encore Margarit. Enfin, pour la France, nous avons D’Haene, Spehler, Thévenard, Martin, Garrivier, Sévennec, Baronian, Pommeret ou Curmer.
Et lorsque l’on fait les moyennes des côtes ITRA des dix meilleurs, nous arrivons à
.. 911 pour les USA,
.. 909 pour l’Espagne
.. 900 pour la France.Les trois se tiennent clairement dans un mouchoir de poche, mais ça nous montre plusieurs choses néanmoins.
L’ultra-trail n’a pas la côte pour le moment, la faute aux sponsors ?
C’est un constat que l’on avait déjà fait dans le courant de l’année 2019, à savoir qu’en ce moment, le trail évolue plus vers le skyrunning que vers l’ultra. Cela peut s’expliquer par le fait qu’un athlète peut faire plus d’épreuves courtes que d’épreuves longues. Derrière cela, difficile de ne pas voir l’influence des sponsors qui poussent leurs athlètes à multiplier les courses. Et forcément, s’ils ne veulent pas se péter, ils doivent bien raccourcir les distances, quitte à y mettre plus d’intensité.
Les traileurs français sont trop « polyvalents »
A priori, ce n’est pas un problème. Quand on regarde un peu qui performe où, on se rend compte que les américains sont meilleurs quand le terrain n’est pas trop technique, mais que le dénivelé ne leur fait pas peur (tant que ça ne monte pas trop haut). Ce n’est pas pour rien qu’ils ont du mal à s’exporter et que leurs plus gros faits d’armes se sont déroulés sur leurs propres terres (les deux dernières Western States de Walmsley le prouvent bien). Les espagnols sont, quant à eux, très performants en montagne, plus à l’aise sur des terrains très techniques et avec des dénivelés violents. Les résultats du dernier UTMB le prouvent bien, et les performances de Jornet en court aussi. A contrario, dès lors qu’on quitte la montagne, ils ont plus de mal à élever leur volume et à tenir la cadence (pile quand un américain deviendra énorme).
Je disais plus haut que les français étaient plus polyvalents, voire trop. A défaut d’avoir une véritable spécialité, nos athlètes sont capables de coups d’éclats sur les deux types de terrain. D’ailleurs, on les retrouve partout. Le problème est que ça les rend un peu tributaires de la méforme de leurs adversaires du jour. Et si on y regarde de plus près, on voit bien que l’on a quand même réussi à mettre pas mal de français sur les podiums à l’UTMB (comme chaque année). Mais aux USA, on voyage plutôt bien. François D’Haene avait fait un bon temps à la Western States. Walmsley était en état de grâce ce jour là. Idem, avant d’être disqualifié à la Hardrock 100, Xavier Thévenard faisait largement la course en tête. On peut donc se targuer d’être bons, voire très bons partout, quand les américains et les espagnols sont excellents sur un seul type de terrain. Ça a pour conséquence qu’on se retrouve derrière eux au classement ITRA.
Après, peut être est-ce du chauvinisme, mais j’ai toujours trouvé la polyvalence plus impressionnante que le reste. Kilian et Jim cassent tout sur du format court et montagneux. François D’Haene et Xavier Thévenard performent quant à eux dans les Alpes, à la Réunion, à Madère, à Hong Kong et aux USA…