Quelles sont les séquelles du trail du Haut Griffe ?
Haut Griffe – Lorsque la nuit du 15 juin 2024 a basculé du défi sportif au drame, certains coureurs ont survécu.
Mais pour ces rescapés, l’issue de la course n’a pas marqué la fin de l’épreuve : elle a simplement inauguré une longue période de reconstruction — souvent fragile, parfois chaotique — parce que les séquelles dépassent largement l’aspect visible des blessures. Aujourd’hui, plusieurs d’entre eux décrivent une réalité où le corps, l’esprit et la mémoire portent encore les stigmates de la chute, transformant le retour à la vie “normale” en un véritable parcours d’endurance.
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Les séquelles après le trail du Haut Griffe
Des corps en alerte permanente : troubles sensoriels, vertiges et déséquilibre
Après la chute sur les pentes glissantes d’Angolon, nombre de rescapés souffrent de troubles neurologiques persistants qui modifient la perception de leur corps. Certains évoquent des paresthésies — fourmillements constants ou engourdissements — qui parcourent un côté du corps, du visage aux membres, parfois accompagnés de douleurs diffuses. D’autres rapportent des troubles de l’équilibre ou une instabilité lorsque la lumière baisse, lorsque le terrain se complexifie ou simplement dans un virage imprévu, rendant la reprise de la course, voire de la marche prolongée, anxiogène et incertaine. Pour eux, le corps ne leur appartient plus totalement : il réagit au moindre faux pas, au moindre déséquilibre, comme s’il cherchait à se souvenir du traumatisme.
Cette altération sensorielle, associée à une sensibilité accrue aux conditions extérieures — froid, humidité, glissance — impose souvent un retour progressif à l’effort, un ajustement des ambitions, voire un abandon définitif de la pratique de nuit ou de terrain technique. Les séquelles deviennent alors le critère principal, plus déterminant que la motivation ou l’expérience.
Haut Griffe, un cerveau fragilisé : mémoire altérée, concentration effilochée, fatigue lourde
Au-delà du corps, ce sont l’esprit et le système nerveux qui sont parfois les plus profondément marqués. Plusieurs rescapés témoignent de troubles cognitifs persistants : pertes de mémoire ponctuelles, difficultés à maintenir une concentration soutenue, lenteurs dans le traitement de l’information, et une fatigue chronique qui ne se corrige pas avec le repos traditionnel. Un simple trajet, une longue conversation, une journée de travail paraissent à certains comme une épreuve de récupération, tant le cerveau reste en tension, en alerte permanente, comme si le traumatisme continuait à remodeler la chimie interne.
Ce type de séquelles s’avère particulièrement déstabilisant pour ceux dont la vie — personnelle ou professionnelle — repose sur des responsabilités, de la précision mentale, ou un rythme soutenu. Le retour à “l’après-trail” ne se mesure plus en kilomètres parcourus, mais en capacité à reconstruire une cohérence intérieure perturbée.
Des cicatrices invisibles de l’âme : stress post-traumatique, angoisses, modification du rapport à la montagne
Sur les plans psychologique et émotionnel, l’impact du drame s’inscrit souvent dans la durée. Les rescapés avouent une fragilité psychique nouvelle, marquée par des nuits agitées, des réveils en sursaut, des rêves cauchemardesques, parfois des crises d’angoisse au simple souvenir de la pente ou d’un sentier boueux. Certains ressentent une peur viscérale du vide, de la descente, de la glissade, d’un retour en montagne — même sous les meilleurs auspices.
Ce bouleversement intérieur transforme profondément la relation qu’ils entretiennent avec la nature : là où la montagne représentait un terrain d’aventure, de liberté et de performance, elle peut devenir une source de traumatisme latent, une zone où chaque caillou, chaque pente porte le risque d’un souvenir douloureux qui pourrait se raviver. Pour ces athlètes, la reprise du trail — si elle a lieu — s’inscrit souvent dans un schéma radicalement différent : plus prudent, plus mesuré, parfois plus solitaire, toujours marqué par une conscience accrue de la fragilité.
Malheureusement, face à ces séquelles persistantes, nombreux sont ceux qui ont dû ré-évaluer leurs ambitions sportives après avoir frôlé la mortsur le trail du Haut Griffe.
L’ultra, la nuit, les terrains techniques, les descentes engagées : tout cela ne correspond plus à leur réalité post-traumatique. Certains ont troqué les sentiers pour la route, la nuit pour le jour, la course pour la randonnée, la natation ou le vélo. D’autres ont préféré ralentir le rythme, limiter les efforts, accepter des distances plus modestes, voire envisager d’abandonner la course à pied.
Mais au-delà du renoncement, certains ont choisi de redéfinir leur rapport au sport : moins de performance, plus de sens, plus de plaisir, plus d’écoute du corps. La blessure — révélatrice de limites — devient alors source d’humilité, de prudence, peut-être d’une plus grande maturité dans la pratique.
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