Le prix des secours en montagne en Italie
Le point de départ : un sentier fermé pour risque d’éboulement
Tout commence le jeudi 31 juillet 2025. Un homme d’une soixantaine d’années, de nationalité britannique, décide de partir seul en randonnée dans le massif des Dolomites, au nord de l’Italie. Il part du Passo Tre Croci, un col bien connu des randonneurs, et emprunte le sentier n°242, un itinéraire qui longe les parois rocheuses au-dessus de San Vito di Cadore, à 2 500 mètres d’altitude.
Problème : ce sentier est officiellement fermé depuis plusieurs semaines, à cause d’une activité géologique anormale dans la zone. Des chutes de pierres ont été signalées à plusieurs reprises, et l’instabilité du terrain a poussé les autorités locales à interdire son accès.
Des panneaux d’avertissement trilingues (italien, anglais, allemand) ont été installés aux principaux points d’entrée. Il est clairement indiqué : « sentier fermé », « danger de mort », « risque d’effondrement ».
L’éboulement a bien eu lieu mais le randonneur échappe au drame
Vers 15h30, le randonneur se retrouve pris au cœur d’un éboulement. Des pierres chutent autour de lui, le terrain est instable. Il ne parvient ni à progresser ni à rebrousser chemin. Pris de panique, il appelle les secours via son téléphone mobile.
Les secouristes du Soccorso Alpino di Belluno réagissent immédiatement. Un hélicoptère est dépêché, mais il faudra plusieurs tentatives pour le localiser à cause de nuages bas et de la topographie complexe. Finalement, l’homme est hélitreuillé en sécurité. Il est sain et sauf, sans blessure.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là.
Une facture inattendue : 14 225 euros
Quelques jours plus tard, le randonneur reçoit une notification officielle : l’intervention sera facturée à hauteur de 14 225 €. La décomposition est la suivante :
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11 160 € pour 93 minutes de vol en hélicoptère, équipage inclus,
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le reste pour les frais logistiques, mobilisation des équipes au sol, coordination du sauvetage.
La somme peut paraître astronomique, mais elle reflète le tarif réel du secours aérien en Italie, lorsqu’il ne relève pas d’un accident imprévisible ou lorsque la victime a ignoré les consignes de sécurité.
L’argument des secours : une négligence manifeste
Le chef du service de secours alpin, Nicola Cherubin, a déclaré à la presse italienne :
« Il a dit qu’il n’avait pas vu les panneaux avertissant du danger. Pourtant, ils étaient parfaitement visibles. »
Les secours insistent : il ne s’agissait pas d’un malheureux accident ou d’un orage imprévu. Le randonneur a délibérément franchi une zone interdite, malgré une signalisation claire, visible, et multilingue.
Dans ce cas, selon la réglementation de la région Vénétie :
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le secours n’est pas pris en charge par les autorités,
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et doit être entièrement payé par la personne secourue, surtout si elle n’est pas résidente italienne ou non couverte par une assurance adaptée.
Pourquoi une telle sévérité en Italie ?
L’Italie, comme la Suisse ou l’Autriche, applique depuis plusieurs années une politique de responsabilisation des pratiquants. Les secours restent gratuits pour les accidents imprévisibles, mais peuvent être facturés en cas de comportement jugé imprudent, comme :
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ignorer une interdiction de sentier,
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sortir des itinéraires balisés,
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partir seul sans équipement.
Les autorités locales affirment qu’il ne s’agit pas de punir, mais de protéger les secours eux-mêmes : chaque intervention mobilise des moyens rares et coûteux, et parfois au détriment de personnes vraiment en danger.
🇬🇧 Le Brexit n’aide pas : un statut de “non-résident européen”
Un autre facteur joue contre le randonneur britannique : il n’est plus citoyen de l’Union européenne. Les citoyens européens peuvent souvent bénéficier d’accords de réciprocité ou de couverture mutuelle en matière de secours.
Ce n’est plus le cas pour les Britanniques post-Brexit. Sans assurance privée, ils sont traités comme des ressortissants de pays tiers, et donc soumis aux frais réels d’intervention.
Deux randonneurs belges, secourus quelques jours plus tôt dans une zone voisine, ont payé moins de 1 000 € pour une intervention similaire. La différence ? Ils étaient protégés par les accords européens.
🧭 Leçons à retenir pour les randonneurs et traileurs
Cette affaire n’est pas un cas isolé. Elle doit servir de signal d’alerte à tous ceux qui pratiquent la montagne, en Italie ou ailleurs.
Avant de partir :
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Consultez les bulletins locaux (via sites de refuges, offices de tourisme, CAI, etc.),
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Vérifiez les arrêtés de fermeture, même en été,
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Souscrivez une assurance secours adaptée, surtout hors France et hors UE,
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Ne partez jamais seul sur des sentiers exposés sans équipement complet.
📉 Et en France, est-ce que cela pourrait arriver ?
En France, la grande majorité des secours restent gratuits, même en cas de faute. Le PGHM et la CRS montagne n’envoient aucune facture, sauf dans des cas très particuliers (secours privés ou non urgents en station, via ferrata, etc.).
Mais le débat est en cours. De plus en plus d’élus, d’acteurs du tourisme et de secouristes s’interrogent sur la pertinence de la gratuité inconditionnelle, surtout face à la hausse du tourisme de masse et des comportements à risque.
L’affaire des Dolomites pourrait bien accélérer cette réflexion.
Résumé
Un randonneur britannique a été secouru par hélicoptère dans les Dolomites après s’être engagé sur un sentier officiellement fermé pour cause de chutes de pierres. Bien qu’il ait échappé au pire, il s’est vu facturer 14 225 € par les autorités italiennes. Ce fait divers soulève de nombreuses questions : que s’est-il vraiment passé ? Pourquoi une telle somme ? Et surtout : cela pourrait-il vous arriver, à vous aussi ? Voici l’analyse complète d’une affaire devenue emblématique.
FAQ – Randonneur facturé 14 000 € en Italie : ce qu’il faut retenir
Pourquoi ce randonneur a-t-il été facturé ?
Parce qu’il a emprunté un sentier officiellement fermé, en ignorant des panneaux de danger clairement visibles.
Combien coûte un secours en hélicoptère en Italie ?
Jusqu’à 11 000 € pour 90 minutes de vol, auxquels s’ajoutent les frais de logistique, de coordination et d’équipe au sol.
Les secours sont-ils gratuits en Italie ?
Oui, s’il s’agit d’un accident imprévisible. Mais ils sont payants en cas de négligence, ou si la personne secourue n’est pas couverte.
Un Français pourrait-il être dans la même situation ?
Oui, s’il randonne en Italie sans assurance secours, et s’il commet une imprudence manifeste.
Est-ce que le Brexit a joué un rôle ?
Oui. Le randonneur étant Britannique, il ne bénéficie plus des accords de réciprocité européens.
Quelle assurance souscrire ?
Une assurance “secours montagne” (CAF, FFME, carte bancaire haut de gamme, Multisport…) qui couvre les frais d’intervention à l’étranger, y compris en cas de négligence.
Cela peut-il arriver en France ?
Très rarement. Mais certains secours sont déjà payants dans des cas précis (stations privées, secours de confort, via ferrata), et la réflexion avance.
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Cet article repose sur des faits réels rapportés par la presse italienne et britannique, notamment The Guardian, La Repubblica et Il Gazzettino. Les citations sont attribuées aux sources officielles. Les informations sont données à titre informatif, et toute personne citée peut exercer son droit de réponse.
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