Etes vous plutôt ancienne ou nouvelle génération ?
Quelques réflexions en guise d’introduction. Il ne s’agit absolument pas de disserter des âges des deux traileurs. Cela permettra de mettre de côté les critiques venant de petits malins qui n’auront lu que le titre de l’article.
François d’Haene, le trail à papa # Kilian Jornet, la jeunesse
C’est plus sur l’approche que chacun a du trail que j’ai eu envie d’opposer deux des plus grands monstres sacrés de notre sport (si ce n’est les deux plus grands). Quand François d’Haene est plus l’héritier d’une génération plus à l’ancienne (un peu le trail à la papa, comme on dit), j’aurais tendance à voir Kilian comme l’ambassadeur de la nouvelle génération. Bien sûr, derrière ces deux noms, on en trouve plusieurs autres. Mais au fond, qu’est-ce qui les oppose ?
Eh bien, principalement leur polyvalence.
François d’Haene n’est bon qu’en trail (et dans son job)
François excelle (et c’est un euphémisme) dans le trail, mais c’est tout. Et nul doute que lorsque sa carrière sera derrière lui, il deviendra un excellent vigneron. Cette génération a beau être composée d’athlètes de super niveau, ils ne sont cependant pas que ça.
Parmi les représentants de cette « ancienne » génération, on peut évoquer notamment Thibault Barronian (qui est kinésithérapeute), Thibault Garrivier (qui est médecin), Audrey Tanguy (qui est prof d’EPS), Ludovic Pommeret (qui est quant à lui ingénieur en informatique), Michel Lanne (qui est gendarme secouriste en montagne), Tim Tollefson (qui exerce le métier de physiothérapeute), Caroline Chaverot (qui est quant à elle professeure d’histoire géographie), Sylvain Court (qui est para), Emmanuel Gault (qui est enseignant), Julien Chorier (qui a été ingénieur en bâtiment) ou encore Nathalie Mauclair (qui est cadre infirmière). L’avantage qu’a cette génération est que dès lors qu’ils auront fini leur carrière dans le sport, ils en auront une nouvelle à entamer en parallèle.
Kilian Jornet est plus polyvalent en sport (sans job)
Face à eux, on retrouve ce que j’appelle donc arbitrairement la nouvelle génération. Ses ambassadeurs se symbolisent principalement par plus de polyvalence dans le sport, mais moins hors-sport (ou alors sans polyvalence connue).
On trouvera Kilian Jornet (qui est une référence en ski, en trail et en escalade), Luis Alberto Hernando (qui est traileur, mais aussi biathlète), Jim Walmsley (qui était un excellent sprinteur avant de devenir un monstre en trail), Sébastien Chaigneau (qui s’est d’abord révélé dans le vélo et dans l’escalade), Sébastien Spehler (qui affiche un niveau assez énorme en canicross), ou encore Caroline Chaverot, qui se retrouve à cheval entre les deux générations, puisqu’elle a fait partie de l’équipe suisse de canoë. On a aussi des champions qui n’ont que la casquette de traileurs, tels Pau Capell, Nicolas Martin, Mimmi Kotka, Kelly Wolf, voire Anton Kruipcka). Ce manque de polyvalence peut s’expliquer entre autre par le jeune âge de ces athlètes (notamment Nicolas Martin, Pau Capell, Mimmi Kotka et Kelly Wolf)
Pour résumer, je dirais que ce n’est pas l’âge qui classe les athlètes dans l’ancienne ou la nouvelle génération, mais plus leur rapport au sport, et plus particulièrement à ce qui ne relève pas du sport. Si un des anciens se fait une grave blessure et doit arrêter sa carrière, une fois passé le deuil, il rebondira probablement plus facilement que les nouveaux qui n’ont pour ainsi dire pas de plan B.
L’ancienne génération c’est l’école européenne # la nouvelle génération, l’école américaine du trail
Si l’on veut aller un peu plus loin, on peut aussi faire un parallèle entre ancienne et nouvelle génération et l’école européenne et américaine du trail. On en a parlé assez souvent, l’école américaine est celle des sportifs qui décident de partir à toute blinde dès le départ et à soit exploser en plein vol, soit exploser un record (les spécialistes de cette méthode sont bien sûr Jim Walmsley et Mimmi Kotka).
Dans l’école européenne, on aura une gestion de course moins sur le fil ; les temps sont peut-être moins bons, mais plus réguliers. J’aurais tendance à lier ça au fait que ses ambassadeurs ont une maturité différente, une envie de tenir sur le long terme un peu plus importante.