Le trail est une école d’humilité. Mais parfois, ce sont les réactions des coureurs eux-mêmes qui posent question. Entre abandon prématuré et persévérance jusqu’à l’absurde, deux vidéos récentes publiées par Patrick Montel ont alimenté le débat sur les réseaux : un coureur qui jette l’éponge après seulement 8 km, et une autre qui continue malgré une entorse. Deux postures opposées qui révèlent nos contradictions face à l’échec, au mental… et à notre ego.
Deux vidéos relancent le débat sur l’abandon en trail : entre un coureur qui arrête au 8e km et une autre qui continue malgré une entorse, que faut-il vraiment valoriser ? Analyse.
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La gestion des abandons en trail
Un abandon au 8e kilomètre : la préparation en cause ?
Il s’appelle Ladislas. Il ne saigne pas, il n’est pas tombé, il n’est « juste » pas prêt. Il jette l’éponge à peine le départ donné. Pourtant, il court depuis longtemps, affirme-t-il. Pas de blessure, pas de souci majeur, juste un corps qui ne suit pas ce jour-là. Sur les réseaux, les commentaires fusent : certains l’accusent de s’être lancé sans préparation sérieuse, d’autres saluent sa lucidité. La vérité, c’est peut-être que la survalorisation du « défi » sans réelle montée en charge physique fait encore des ravages. On s’inscrit sur un coup de tête, on se rêve finisher… et on découvre brutalement que le trail ne pardonne pas l’improvisation.
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Marina, ou l’acharnement jusqu’à la douleur
À l’inverse, Marina s’accroche. Elle a une entorse, récente, douloureuse, connue. Elle le sait, elle l’a sentie dès le 5e km. Elle vient de finir un marathon il y a quinze jours, et ses jambes n’ont pas récupéré. Elle continue malgré tout. Parce que c’est « pas raisonnable » mais que « ça pourrait passer ». Ici, les réactions s’inversent : on l’encourage, on l’admire. Et pourtant, cette décision, aussi héroïque qu’elle puisse sembler, frôle l’inconscience. Le mental est une force, mais quand il écrase tout, y compris les signaux d’alerte du corps, il devient un piège. Car sur blessure, insister, c’est parfois compromettre toute une saison.
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La question qui dérange : pourquoi court-on vraiment ?
abandon trail – Ces deux cas soulignent une tension que chaque traileur ou traileuse a déjà vécue : faut-il écouter son corps ou son ego ? Que cherche-t-on au départ d’une course ? Le dépassement de soi ou la validation sociale ? Le problème, c’est peut-être que dans notre époque saturée de récits épiques et de performances mises en scène, l’abandon devient honteux et la douleur une preuve de valeur. Ce n’est plus l’effort qui est valorisé, mais sa visibilité.
Ni Marina ni Ladislas ne méritent le mépris ou l’idolâtrie. Ce sont deux faces d’une même réalité : l’absence d’une culture du juste milieu dans le trail. Il faut rappeler que savoir s’arrêter, quand c’est nécessaire, n’est pas un échec. C’est une preuve de maîtrise, de respect pour son corps, et parfois même de maturité sportive. Le trail n’est pas une guerre, c’est une aventure. Et aucune aventure ne vaut de sacrifier sa santé pour un dossard.
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Capture d’écran extraite de la vidéo publiée par Patrick Montel. Utilisation conforme au droit à l’information et à la liberté de citation visuelle à des fins de commentaire et d’analyse, conformément à l’article L122-5 du Code de la propriété intellectuelle.