Garmin traverse une passe difficile. En moins d’une semaine, deux poids lourds du secteur de la tech sportive ont décidé de l’attaquer en justice.
Acheter la Suunto Vertical 2
D’un côté, Strava accuse Garmin d’avoir violé plusieurs brevets liés à sa plateforme et à un accord de coopération. De l’autre, c’est Suunto, le concurrent finlandais, qui reproche à Garmin d’avoir copié plusieurs de ses technologies intégrées dans les montres GPS les plus populaires du marché.
Deux plaintes, Strava et Suunto attaquent Garmin en justice la même semaine
Strava ouvre le bal avec une plainte déposée dans le Colorado
C’est le 30 septembre 2025 que Strava dégaine en premier. La plateforme bien connue des coureurs et cyclistes porte plainte dans un tribunal fédéral du Colorado, pointant du doigt deux brevets qui, selon elle, ont été enfreints par Garmin. Il s’agit de technologies utilisées pour les segments et les fameuses heat maps, ces cartes de chaleur qui montrent les parcours les plus empruntés.
Mais ce n’est pas tout. Strava accuse également Garmin de ne pas avoir respecté un accord de coopération signé en 2015, à l’époque où les segments live avaient été intégrés dans certaines montres de la marque. Depuis, les relations entre les deux entreprises se sont tendues, notamment autour de la gestion des données, de la publicité, et de la monétisation des fonctionnalités. La plainte pourrait donc être une manière pour Strava de reprendre la main, voire de faire pression sur Garmin dans un contexte de bras de fer plus large.
Suunto enchaîne avec une attaque plus technique, mais tout aussi menaçante
À peine quelques jours plus tôt, le 22 septembre, une autre procédure est engagée. Cette fois-ci, c’est Suunto qui dépose une plainte devant un tribunal fédéral au Texas. La marque finlandaise reproche à Garmin d’avoir utilisé sans autorisation cinq technologies couvertes par des brevets déposés de longue date.
Les domaines concernés sont techniques : mesure du rythme respiratoire, détection automatique du swing pour le golf, construction d’antennes, structure du boîtier de montre… Des éléments que Suunto considère comme essentiels et présents dans une large partie de la gamme Garmin actuelle. Sont cités nommément les Forerunner, Fenix, Epix, MARQ, Instinct, Venu, ainsi que les montres de golf Approach et certains capteurs de la marque.
Des brevets qui arrivent à expiration… mais qui restent redoutables
Selon plusieurs sources, certains des brevets invoqués par Suunto approcheraient de leur date d’expiration. Mais ce timing ne joue pas forcément en faveur de Garmin. En portant plainte maintenant, Suunto pourrait obtenir des dédommagements pour les années passées et tenter de bloquer temporairement la vente de certains produits encore en circulation.
Garmin n’a pas réagi officiellement aux accusations. Comme à son habitude dans ce genre de situation, la marque a simplement rappelé qu’elle ne commente pas les litiges en cours.
Quel impact pour les traileurs et coureurs ?
Pour les utilisateurs de montres GPS, ces procès peuvent sembler lointains, mais ils pourraient avoir des conséquences très concrètes. Si Garmin est contraint de désactiver certaines fonctions, de modifier ses appareils ou de suspendre la commercialisation de certains modèles, l’impact pourrait être immédiat.
Les modèles les plus récents comme la Forerunner 970, la Fenix 8, l’Epix ou encore la Venu X1 pourraient être concernés. Même les cyclistes ne sont pas à l’abri, puisque les Edge – les compteurs GPS vélo de Garmin – sont aussi dans le viseur de la plainte de Strava.
Une guerre industrielle dans le monde de la tech sportive
Au-delà de la simple question juridique, cette double attaque contre Garmin traduit l’intensité de la compétition dans le secteur des montres de sport. Strava cherche à protéger son modèle économique alors que Garmin développe de plus en plus de fonctionnalités propriétaires qui concurrencent la plateforme. Suunto, de son côté, joue gros : même si elle est aujourd’hui plus discrète que par le passé, la marque finlandaise entend défendre son patrimoine technologique face au géant américain.
Et la suite ? Si ces procédures vont au bout, Garmin pourrait devoir verser des millions en dommages, être obligé de revoir ses produits, ou au contraire, riposter à son tour. On n’a peut-être encore rien vu. Reste à savoir si les coureurs en seront les victimes collatérales… ou les bénéficiaires d’un sursaut d’innovation.
Garmin va mal, mais s’en sortira
Certes, la double offensive judiciaire lancée par Strava et Suunto fragilise l’image du géant du GPS. Mais ce n’est pas la première tempête que traverse Garmin, et probablement pas la dernière. Avec sa puissance financière, ses équipes juridiques aguerries et une base d’utilisateurs toujours plus fidèle, Garmin dispose des moyens de rebondir vite et fort. Ces plaintes ne sont pas à sous-estimer, mais elles ne suffiront pas à déstabiliser durablement une entreprise aussi structurée. En clair : Garmin vacille, mais Garmin ne tombera pas.
Lire nos précédents articles sur les attaques qui visent Garmin
- Pourquoi vos montres Garmin ne seront bientôt plus compatibles avec Strava
- PROCÈS : Strava accuse Garmin de lui avoir volé ses segments
- Dans la guerre des montres GPS et si c’était Polar qui créait la surprise
Mention éditoriale
Cet article vise à relayer des informations judiciaires en cours. Aucune conclusion définitive ne peut être tirée à ce stade. Garmin, Strava et Suunto n’ont pas encore livré publiquement tous les éléments techniques ou juridiques de ces contentieux.