Ecouter cet article sur le nouveau rebondissement du conflit juridique entre Strava et Garmin
Ce n’est pas une rumeur. Garmin a menacé Strava de couper son API dès le 1er novembre 2025. Si cela se confirme, les traileurs pourraient perdre la synchronisation automatique entre leur montre et leur appli favorite.
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Le conflit juridique entre Garmin et Strava tourne au drame.
Après la plainte déposée par Strava pour violation de brevets, Garmin vient de sortir l’arme nucléaire : la coupure pure et simple de son API. Derrière cet acronyme technique se cache un lien vital. C’est lui qui permet à ta montre de transférer automatiquement chaque sortie vers Strava, sans que tu n’aies rien à faire.
Et si Garmin va au bout de sa menace, c’est toute la communauté trail et running qui va devoir revenir… au transfert manuel de fichiers.
Chronologie du conflit Strava – Garmin
1️⃣ Fin septembre 2025 : Strava attaque Garmin en justice pour violation de brevets (segments et cartes de chaleur). L’entreprise veut protéger sa propriété intellectuelle avant son entrée en bourse prévue en 2026.
2️⃣ Début octobre 2025 : Garmin contre-attaque. Le géant du GPS impose de nouvelles règles aux développeurs tiers : le logo Garmin doit apparaître de façon bien visible sur toutes les données issues de ses montres. Strava refuse.
3️⃣ 1er novembre 2025 : Garmin menace de couper l’accès à son API si Strava ne se conforme pas. Cela signifierait la fin de la synchronisation automatique des activités.
4️⃣ En parallèle : Suunto, autre acteur majeur du marché, poursuit aussi Garmin au Texas pour violation de cinq brevets matériels (capteurs, antennes, respiration, golf).
Résultat : un bras de fer à double front, logiciel et matériel, qui menace tout l’écosystème du trail connecté.
Autrement dit, Garmin n’est plus seulement un fabricant de montres : c’est désormais un acteur en guerre pour le contrôle total de la donnée des sportifs.
Conséquences pour les utilisateurs
Cela signifierait que les utilisateurs ne pourraient plus synchroniser automatiquement leurs activités. Chaque séance devrait être importée manuellement. Une révolution forcée du trail connecté.
Pourquoi Garmin veut couper Strava
Officiellement, Garmin reproche à Strava de ne pas respecter ses nouvelles directives de marque.
Depuis cet été, Garmin exige que son logo apparaisse de façon bien visible sur toutes les pages de données, cartes et graphiques de Strava, “au-dessus du pli”, c’est-à-dire dans la partie de l’écran visible sans défilement.
L’objectif : rappeler que les données affichées viennent de ses montres.
Strava, de son côté, considère cette exigence comme une publicité forcée et une atteinte à son indépendance.
Le géant des réseaux sportifs y voit surtout un moyen de détourner son audience et de rendre son modèle publicitaire moins attractif. Selon le directeur produit de Strava, Matt Salazar, Garmin a menacé de couper l’accès à son API le 1er novembre si Strava ne se plie pas à cette règle.
En clair, si Strava ne met pas le logo Garmin partout… Garmin débranche le câble.
Ce que cela changerait pour les traileurs
Pour la communauté trail, ce serait une catastrophe. L’API est l’artère principale du sport connecté. Sans elle :
— Plus de synchronisation automatique entre Garmin Connect et Strava.
— Plus de mise à jour des segments ou des classements.
— Plus de suivi fluide de l’entraînement ou des charges de travail.
— Et surtout, une montagne de manipulations à faire après chaque sortie.
Les utilisateurs devraient alors exporter manuellement chaque fichier .FIT ou .GPX depuis Garmin Connect, puis l’importer dans Strava. Une tâche chronophage et sujette à erreur. On parle de millions de coureurs, cyclistes et traileurs, qui partagent quotidiennement leurs sorties. Du jamais vu.
Un conflit d’égo, de logo… et de pouvoir
Derrière cette querelle d’affichage se cache un enjeu beaucoup plus profond : la possession des données. Garmin veut redevenir maître de la donnée brute, tandis que Strava défend sa valeur ajoutée — l’analyse, la communauté et la motivation. Chacun estime que c’est lui qui crée la valeur.
En réalité, Garmin s’est lancé depuis peu dans la bataille des abonnements. Sa nouvelle offre Garmin Connect+ concurrence directement Strava Premium avec des badges, des classements et des cartes de trail intégrées. Strava, de son côté, se prépare à entrer en bourse en 2026 et veut montrer qu’il n’est pas dépendant d’un acteur unique. Les deux mastodontes ne veulent plus coopérer, ils veulent dominer.
Un séisme pour le trail connecté
Pour les traileurs, la menace est claire : si Garmin coupe son API, les montres Fenix, Epix, Forerunner ou Instinct deviendront des appareils “isolés”. Tu pourras toujours courir, enregistrer tes séances, mais ton Strava ne se mettra plus à jour automatiquement. Les segments disparaîtront, les comparaisons aussi, et le lien social du trail connecté sera brisé.
Ce qui changerait vraiment pour les traileurs
Si Garmin met sa menace à exécution le 1er novembre 2025, il ne sera plus possible de transférer automatiquement les activités de ta montre Garmin vers Strava. La synchronisation via l’API serait coupée.
Tu pourras toujours courir, enregistrer tes séances et les importer manuellement sur Strava, mais tout le confort disparaîtra :
— plus de mise à jour automatique après ta sortie,
— plus de segments Live sur la montre (ils nécessitent la connexion avec Strava),
— des comparaisons et statistiques incomplètes,
— et, à grande échelle, un appauvrissement du réseau social du trail connecté.
En clair : ce n’est pas la fin du GPS, mais c’est la fin de la fluidité. Une fracture numérique entre les montres et la communauté Strava.
Derrière cette querelle de logos, c’est une bataille pour le contrôle de la donnée des coureurs qui se joue. Garmin veut garder la main sur les informations que ses montres collectent, tandis que Strava refuse de transformer ses utilisateurs en supports publicitaires.
Certains trouveront des solutions de contournement via des applis tierces comme RunGap, Tapiriik ou HealthFit.
Mais ces services ne dureront qu’un temps. Garmin pourrait aussi bloquer leurs accès.
À terme, ce bras de fer pourrait forcer les utilisateurs à choisir un camp : rester chez Garmin et utiliser uniquement Connect, ou basculer vers des marques plus ouvertes comme Suunto ou Coros, encore pleinement compatibles avec Strava.
Une rupture historique entre deux géants
Ce conflit est le symbole d’un monde qui se referme. Après dix ans d’un écosystème ouvert où chaque appli parlait à chaque montre, on entre dans l’ère des jardins fermés. Garmin veut tout contrôler, Strava veut tout monétiser. Les coureurs, eux, veulent juste courir. Mais ce sont eux qui vont payer la fracture numérique.
À l’heure où les traileurs veulent partager leurs aventures, leurs dénivelés et leurs records, la coupure de ce lien symbolique entre montre et communauté serait un retour en arrière. Un choc comparable à la disparition d’un réseau social. Car au fond, Strava n’est pas juste une appli : c’est un langage commun entre passionnés de montagne, de sueur et de liberté.
Le compte à rebours est lancé
Le 1er novembre 2025 approche. Si aucun accord n’est trouvé, Garmin appuiera sur le bouton. Et ce jour-là, des millions d’activités resteront bloquées dans les montres. La guerre des logos deviendra la guerre du sport connecté. Et le trail, jusque-là symbole d’évasion et de simplicité, se retrouvera au cœur d’un conflit entre deux géants de la donnée.
Les traileurs, eux, n’ont rien demandé. Ils voulaient juste que leur montre parle à leur appli.
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Sources
Source | Ce qu’elle confirme ou apporte | Citation / extrait clé |
---|---|---|
DC Rainmaker | Confirme que Garmin a publié de nouvelles directives API en juillet et que Strava serait menacé d’être coupé s’il ne se conforme pas. | « On July 1st, Garmin announced new developer guidelines … We have until November 1st to comply, and if not, Garmin has threatened to cut off access to their API … » (DC Rainmaker) |
Tom’s Guide | Explique le lien entre la plainte Strava et les nouvelles règles de visibilité du logo Garmin dans les données partagées. | « The reason behind Strava’s decision to sue now could be related to Garmin’s new developer guidelines, which require its API partners to show the Garmin logo on data from its app and devices. » (Tom’s Guide) |
Bikeradar | Reprend le discours public de Strava / Salazar sur Reddit, y compris la menace de coupure de l’API. | « Garmin has threatened to cut off access to their API, stopping all Garmin activities from being uploaded to Strava … » (BikeRadar) |
CyclingNews | Détaille les brevets en cause (segments, heatmaps), le désaccord avec l’accord de 2015, et le lien avec les directives API attribuant le logo Garmin. | « Strava claims the lawsuit is off the back of … tensions escalated recently over data attribution policies … If Strava fails to comply by November 1st, Garmin may cut API access … » (Cyclingnews) |
ABC (Australie) | S’appuie sur des citations directes de Salazar concernant la menace et le caractère publicitaire imposé du logo Garmin. | « We have until November 1st to comply, and if not, Garmin has threatened to cut off access to their API … We believe you should be able to freely transfer … without logos being displayed … » (ABC) |
Singletracks | Relie la plainte pour brevets à la mise à jour des directives Garmin et au conflit de marque/logo. | « Garmin published updated brand guidelines … specifying that their brand name and/or logo be visible in third-party apps … Strava has sued Garmin … demanding attribution … » (Singletracks Mountain Bike News) |
Mention éditoriale. Cet article s’appuie sur des sources publiques fiables (Singletracks, DC Rainmaker, Reddit, Colorado District Court) et reflète la situation connue au 6 octobre 2025. Les informations juridiques, techniques et commerciales peuvent évoluer. uTrail ne prend pas parti dans ce litige et rappelle que les faits mentionnés reposent sur des documents accessibles au public.
Le titre « Garmin menace de couper Strava le 1er novembre » résume une situation réelle mais conditionnelle : Garmin n’a pas annoncé la fin du lien avec Strava, mais a indiqué qu’un accès à son API pourrait être suspendu à partir du 1er novembre 2025 si Strava ne respecte pas ses nouvelles règles d’attribution de marque. Cette nuance est essentielle : la menace concerne la synchronisation automatique des données, et non la suppression du service lui-même.
Cet article ne comporte aucune intention diffamatoire ni de dénigrement à l’encontre des sociétés citées. Il relève du droit à l’information et vise à informer la communauté trail et running sur l’impact potentiel de ces différends technologiques sur les utilisateurs. Toute rectification ou mise à jour sera publiée si de nouveaux éléments officiels sont communiqués par les parties concernées.