Faut-il arrêter le PPS et revenir au certificat médical pour les courses de trail ?
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PPS vs certificat médical
La question est revenue sur le devant de la scène avec une brutalité que personne n’attendait. Dans la nuit de la SaintéLyon 2025, un coureur de 59 ans engagé sur la SaintéSprint est décédé à quelques kilomètres de l’arrivée, un drame qui a immédiatement réveillé le débat sur la prévention médicale en course, déjà enflammé l’hiver dernier après un décès en Vendée, et qui s’inscrit désormais dans un climat d’émotions, de tensions et d’interrogations collectives à propos du Parcours Prévention Santé, ce PPS qui a remplacé en France le traditionnel certificat médical et qui continue de diviser la communauté du trail.
Alors que certains estiment que ce dispositif d’auto-évaluation est un progrès moderne aligné sur les pratiques internationales, d’autres dénoncent un système trop lâche, trop flou, trop éloigné de la réalité physiologique d’un sport qui exige une puissance cardiovasculaire, une résistance métabolique et une adaptation à l’effort bien au-delà de ce que demande une simple course sur route, avec des intensités irrégulières et une accumulation de contraintes parfois méconnues des pratiquants eux-mêmes.
Dans ce contexte bouleversé par la SaintéLyon, la question n’est plus théorique : elle est redevenue urgente.
Le certificat médical : une garantie de sécurité ou une formalité dépassée ?
Avant l’instauration du PPS, chaque coureur devait fournir un certificat médical attestant de son aptitude à la pratique du sport en compétition, un document souvent obtenu en quelques minutes, parfois sans examen poussé, et qui finissait par apparaître comme une formalité administrative plus que comme une véritable démarche de prévention, ce qui n’empêchait pas certains médecins d’en profiter pour rappeler l’importance d’un suivi régulier, d’une révision du bilan cardiovasculaire et d’une vigilance accrue chez les coureurs vieillissants, les sportifs en surentraînement ou ceux revenant de blessures lourdes.
Il n’en demeure pas moins que ce certificat, imparfait, constituait une forme de contact obligatoire entre le coureur et un professionnel de santé, un point de rencontre qui, pour une partie du milieu médical, permettait au moins de détecter des anomalies flagrantes, de rappeler des consignes simples ou d’encourager un bilan plus complet lorsque certains signaux faibles apparaissaient.
PPS : un dispositif d’auto-responsabilisation inefficace
La suppression du certificat médical et l’arrivée du PPS ont fait basculer la prévention du côté de l’auto-déclaration. Le coureur confirme, par une série de modules théoriques, qu’il comprend les risques et qu’il est responsable de lui-même, une démarche profondément ancrée dans la culture du trail, qui valorise l’autonomie, la lucidité et la liberté individuelle.
Mais ce choix, salué par certains comme un allégement bienvenu, est perçu par d’autres comme un recul, car substituer à un examen médical, même imparfait, un dispositif purement déclaratif revient à faire confiance à des pratiquants qui, souvent passionnés, parfois obstinés, ne sont pas toujours les meilleurs juges de leur propre état de santé, ce que les drames successifs rappellent avec une brutalité qui glace la communauté.
PPS gratuit vs PPS payant
Un PPS gratuit n’a pas empêché les drames récents, et c’est précisément ce qui interroge : si un module d’auto‑évaluation ne suffit déjà pas à éviter les accidents les plus graves, pourquoi demander aux coureurs de le payer ?
Beaucoup estiment qu’un dispositif identique, simplement rendu payant, ne renforcera ni la prévention réelle ni la sécurité sur le terrain. Le débat ne porte donc pas seulement sur cinq euros, mais sur le sens même de ce que l’on finance : une contribution symbolique ou une véritable politique de santé adaptée à l’exigence du trail.
Le décès sur la SaintéLyon change-t-il la donne ?
Le drame de la SaintéSprint n’est pas encore expliqué, aucune conclusion ne doit être tirée dans la précipitation, et les proches doivent évidemment être respectés. Toutefois, il est impossible d’ignorer l’onde de choc qu’il a provoquée.
Dans les réactions de la nuit, beaucoup ont exprimé une inquiétude profonde : comment un sport aussi exigeant peut-il reposer exclusivement sur l’auto-évaluation, alors même que les risques cardiaques, respiratoires ou électrolytiques peuvent évoluer rapidement et silencieusement, sans symptômes préalables, surtout dans un contexte d’efforts nocturnes, d’alternance thermique et de sur-sollicitations physiologiques ?
Cette question ne vise ni les organisateurs ni les bénévoles, qui ont réagi avec professionnalisme, mais interroge un système global qui repose presque entièrement sur la bonne foi et la lucidité du coureur.
Prévention ou autonomie : un débat qui devient moral
Les épisodes récents montrent que le débat dépasse désormais la question administrative. La disparition du certificat médical pose la question d’un sport qui, en voulant se simplifier, a peut-être retiré une étape qui, même imparfaite, incitait certains coureurs à faire un point de santé annuel, tandis que le PPS, pensé comme un outil d’éducation, semble trop théorique pour influencer réellement les comportements.
Ce dilemme est renforcé par les prises de parole de certains athlètes qui, volontairement ou non, publient des radios, des diagnostics ou des récits de participation en étant blessés, ce qui crée un brouillage dangereux entre liberté individuelle, valorisation de la résilience et normalisation de prises de risque qui n’ont rien d’anodin.
Le décès de la SaintéSprint, même sans lien avec ces pratiques, intervient dans un moment où le trail s’interroge sur ce qu’il transmet, ce qu’il accepte, ce qu’il valorise et ce qu’il doit refuser.
Un certificat médical n’empêchera jamais tous les drames, mais un système trop léger n’en préviendra aucun.
Entre ces deux extrêmes, il reste à inventer une voie crédible pour protéger les coureurs sans renier leur autonomie. Le trail évolue, sa prévention aussi doit évoluer.
En résumé, le trail évolue vite, plus vite peut-être que les dispositifs censés l’encadrer.
Le PPS a voulu moderniser, simplifier, responsabiliser. Les derniers événements montrent qu’il doit désormais rassurer. Et pour rassurer, il faudra peut-être accepter de revoir la copie, de réintroduire une forme de contact médical, de créer un dispositif intermédiaire ou de renforcer les messages de prévention.
La liberté fait partie du trail, mais la lucidité aussi. L’équilibre reste à trouver.
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