Le monde du trail est en ébullition depuis l’annonce : Kilian Jornet sera de retour sur la Western States 100 en juin 2026. Il y a ceux qui crient déjà au duel du siècle, ceux qui prédisent une victoire historique, et ceux qui comptent les jours comme si Noël tombait fin juin. Mais une question mérite d’être posée : n’en fait-on pas un peu trop, un peu trop tôt ? Est-ce bien raisonnable de projeter autant d’attentes sur une course dans six mois, dans un sport aussi imprévisible que l’ultra-trail ?
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Le retour de Kilian Jornet sur la Western States 2026 : un emballement médiatique… trop prévisible ?
Dès que Kilian Jornet annonce une course, les réseaux sociaux s’enflamment, les vidéos s’accumulent, les articles surgissent par dizaines. C’est devenu un automatisme. À peine le catalan avait-il confirmé sa présence à la Western States 2026 que le monde du trail se couvrait d’exclamations : « le retour du roi », « la revanche attendue », « un affrontement mythique ».
Mais ce battage pose question. Car si Kilian est une légende – personne ne le conteste –, il reste soumis, comme tout le monde, aux aléas du sport d’endurance. Il n’a pas couru cette course depuis 2025, où il avait terminé troisième, loin de ses standards dominants. Il revient à 38 ans, après une saison centrée sur des projets off, et une Western States qui ne pardonne rien.
Le trail n’est pas Netflix : on ne scénarise pas une course 6 mois avant
Imaginer la Western States comme un scénario hollywoodien avec un héros prêt à reconquérir son trône, c’est oublier que cette course est l’une des plus dures du monde. La chaleur y est écrasante, le terrain impitoyable, les concurrents affûtés, jeunes, affamés. Jim Walmsley, Tom Evans, Hayden Hawks… La liste des prétendants est longue. Et surtout, imprévisible. À ce niveau de compétition, une ampoule, un coup de chaud ou une erreur d’hydratation peuvent faire basculer la course.
Kilian le sait. Il est le premier à rappeler que l’ultra ne se contrôle pas, qu’il faut composer avec le réel, pas avec les pronostics. Et pourtant, depuis son annonce, c’est comme si tout le monde oubliait ce que le trail nous a appris : humilité, incertitude, silence avant l’effort.
Ce retour est-il vraiment différent des précédents ?
On parle d’un « grand retour » de Jornet. Mais était-il vraiment parti ? En 2025, il était déjà sur la Western States. En 2024, il dominait encore la Hardrock. À l’automne 2025, il enchaînait les sommets à travers son projet States of Elevation, gravissant plus de 70 montagnes en un mois. Jornet ne revient pas, il continue.
Ce qui change, c’est notre manière de regarder. Le public, les marques, les journalistes – nous avons besoin de récits forts. Et Kilian coche toutes les cases. Mais à force d’en faire un mythe vivant, on oublie qu’il reste un coureur, avec ses blessures, ses doutes, ses contre-performances. Et qu’il mérite qu’on le regarde courir, pas qu’on le transforme en légende avant même le premier ravito.
Un sport qui s’accélère… au détriment de son essence ?
Ce besoin d’annonces anticipées, de “hype” six mois à l’avance, dit aussi quelque chose du trail d’aujourd’hui. Un trail où les dossards s’arrachent un an à l’avance, où les influenceurs préparent des vidéos pour des courses qu’ils ne finiront peut-être pas, où les calendriers s’empilent sans temps mort. Le trail s’industrialise. Et même Jornet, lui qui incarne la liberté et le mouvement, se retrouve happé par cette logique.
Ce n’est pas un reproche. Mais peut-être un appel à ralentir. À se souvenir que le trail, ce n’est pas un teaser six mois avant. C’est l’instant présent, le souffle court dans la montée, les jambes lourdes après 80 km, l’incertitude jusqu’à la ligne.
Kilian Jornet ne vient pas juste pour participer à la Western States 2026
.
Après sa troisième place en 2025, il revient avec une soif de revanche et une préparation ciblée. Sa victoire en 2011 reste mythique, mais cette édition pourrait redéfinir sa légende. La planète trail est prête à s’embraser.
Références trail


En résumé, OUI, voir Kilian Jornet sur la Western States 2026 sera un moment fort.
Oui, cela donnera une visibilité incroyable à cette course. Oui, on espère le voir briller, ou même gagner. Mais gardons une chose en tête : il reste six mois, mille aléas, et un ultra de 161 km à travers les canyons californiens. Avant de crier au chef-d’œuvre, laissons le film commencer.
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