Le monoxyde de carbone est un gaz toxique qui dope l’endurance… mais qui peut tuer.
Un gaz inodore, mortel à forte dose, mais utilisé à petite concentration pour ses effets proches de l’entraînement en altitude : la tentation est grande pour certains sportifs en quête de performance. Dans le monde de l’endurance, l’idée fait son chemin… malgré les risques dramatiques.
gaz entrainement trail en altitude
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L’hypoxie, sans la montagne
Le monoxyde de carbone, gaz tristement célèbre pour ses intoxications domestiques, fait aujourd’hui parler de lui dans un tout autre contexte. Selon certaines études, une exposition très limitée à ce gaz réduirait temporairement la quantité d’oxygène disponible dans le sang, forçant l’organisme à s’adapter. La réponse physiologique serait similaire à celle observée lors d’un stage en haute altitude : le corps augmente la production d’érythropoïétine (EPO), une hormone qui stimule la fabrication de globules rouges. En théorie, cela améliore la capacité de transport de l’oxygène, donc l’endurance.
Une pratique risquée… et mortelle
Mais cette hypothèse, séduisante sur le papier, soulève une question essentielle : à quel prix ? Chaque année, des centaines de décès liés à une intoxication au monoxyde de carbone sont recensés en France. Même à faible dose, les effets secondaires sont loin d’être anodins : maux de tête, troubles cognitifs, dommages neurologiques… sans parler du risque d’accident cardiaque.
Un débat qui traverse aussi le trail
Dans les sports d’endurance comme le trail, où la quête de performance frôle parfois les limites, ce type de méthode suscite l’inquiétude. Si certains voient dans cette approche un “biohacking” sophistiqué, d’autres dénoncent une dérive dangereuse. Contrairement à un entraînement en altitude, encadré et naturel, l’inhalation de monoxyde reste un procédé artificiel, non maîtrisé et potentiellement mortel.
Si l’utilisation volontaire de gaz toxiques reste une dérive dangereuse, le sujet de l’hypoxie mérite toutefois d’être exploré avec sérieux. Certaines méthodes respiratoires, comme « Oxygen Advantage », visent à reproduire un stress hypoxique contrôlé pour stimuler naturellement la production d’EPO et améliorer les capacités aérobies. En parallèle, travailler sa tolérance au CO₂ peut aussi optimiser la respiration fonctionnelle. Mais attention : cela n’a rien à voir avec l’inhalation volontaire de substances toxiques. Mieux vaut se former sérieusement plutôt que de céder à des raccourcis risqués pour la santé.
Sources, gaz entrainement trail en altitude
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Source scientifique utile :
Cottin, F., Papelier, Y., & Médigue, C. (2017). Medication and self-medication use among ultramarathon runners during the Grand Raid de la Réunion. Revue Science & Sports.
Cette étude a notamment révélé que 68 % des coureurs déclaraient avoir pris des médicaments pendant la course, certains pour gérer la douleur ou les troubles respiratoires, dont des bronchodilatateurs type Ventoline, pouvant simuler une hypoxie temporaire.
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Concernant spécifiquement l’effet du monoxyde de carbone à faibles doses comme simulateur d’hypoxie, on peut citer des publications comme :
Otto Appenzeller, “High Altitude and Man” (Springer, 1994) – chapitre sur les effets de l’hypoxie simulée.
Tzeng, Y.-C. et al. (2009). Hypoxic preconditioning improves aerobic performance in humans. Medicine & Science in Sports & Exercise, 41(6), 1235–1241. -
Pour un lien vers une méthode respiratoire évoquant le stress hypoxique :
Patrick McKeown – The Oxygen Advantage (2015), méthode basée sur la réduction volontaire de l’apport en oxygène pour stimuler l’adaptation du corps à l’hypoxie.
Patrick McKeown – Oxygen Advantage (site officiel)
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Cet article évoque des recherches scientifiques encore controversées. Il ne constitue en aucun cas une incitation à utiliser des substances ou pratiques dangereuses pour la santé.