À l’heure où des marques comme Garmin multiplient les fonctionnalités payantes, la question mérite d’être posée : faut-il vraiment tout cet attirail pour aller courir ?
Courir est peut-être l’un des derniers gestes simples de notre quotidien.
Un short, une paire de chaussures, un sentier. Et pourtant, à observer l’évolution du marché, on pourrait croire que ce geste simple est devenu un acte technologique, presque industriel. À chaque nouvelle montre GPS, c’est une pluie de promesses : meilleure performance, meilleure sécurité, meilleure connaissance de soi. Mais où se trouve l’essentiel dans tout cela ? Où est passé le lien brut avec la nature, celui qui a fait naître le trail ?
Il y a quelques années encore, une montre GPS suffisait à tracer ses sorties et suivre ses progrès. Aujourd’hui, on nous parle de plans d’entraînement intelligents, de programmes de récupération, de synchronisation multisports, d’abonnements mensuels pour accéder à ses propres données… Le cap est franchi : courir devient un service. Et comme tout service, il a un prix. Mais ce prix, on le paie aussi en autonomie.
Un sport qui perd son âme ?
Ce que l’on vend désormais, ce ne sont plus des outils, mais des dépendances. La technologie devient centrale, elle prend le pouvoir sur notre manière d’aborder l’effort. Le risque est grand : celui de croire que sans montre, sans écran, sans carte, on est incapable de courir. Certains en viennent même à douter de leur capacité à s’orienter, à jauger une distance ou un dénivelé à l’instinct. Comme si l’on était devenus des sportifs aveugles, incapables sans béquille numérique.
Et pourtant… courir, c’est apprendre à se connaître, à s’écouter. Le souffle, les battements du cœur, la sensation dans les jambes… Voilà des données que les montres ne captent pas vraiment. Elles se ressentent, elles s’éduquent à force de sorties, de silence, d’immersion dans la nature. En vouloir toujours plus de données, c’est parfois se détourner de l’essentiel : la sensibilité.
Oui à la technologie, mais avec mesure
Soyons clairs : il ne s’agit pas de jeter nos montres dans une rivière. Elles sont utiles, notamment pour la sécurité, le suivi d’un itinéraire ou la préparation à des objectifs précis. Elles ont leur place. Mais elles ne doivent pas prendre toute la place. Elles ne devraient pas devenir l’unique prisme par lequel on lit notre pratique. Car courir n’est pas un tableau Excel.
Revenir à l’essentiel, ce n’est pas régresser. C’est se souvenir que nous ne courons pas pour une moyenne horaire ou une fréquence cardiaque optimale. Nous courons pour ressentir, pour explorer, pour vivre dehors. Nous courons pour nous rappeler que notre corps est capable, et qu’il n’a pas besoin de tout valider sur écran pour exister.
Alors, de quoi a-t-on vraiment besoin pour courir ? D’un chemin, de temps, d’envie. Tout le reste est un luxe. Et comme tous les luxes, il devrait rester facultatif.
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