Ce 9 juillet 2025, alors qu’une grande partie de la France suffoque sous la chaleur, les Alpes ont connu un brusque coup de froid. Au-dessus de 2200 mètres, c’est un vrai décor hivernal qui a surpris les randonneurs et les traileurs matinaux. Il n’en fallait pas plus pour que certains y voient un signe : “vous voyez bien qu’il n’y a pas de réchauffement !” Et pourtant… c’est tout le contraire. Explications.
neige en juillet, un épisode météo classique… mais trompeur
Oui, il a neigé. Et non, ce n’est pas un événement rarissime. En montagne, même en plein mois de juillet, un épisode neigeux peut survenir si l’air polaire fait une incursion jusqu’à nos latitudes. C’est ce qui s’est produit ce matin au col du Stelvio (2758 m), à la frontière italo-suisse. Les chutes de neige sont restées limitées à la haute altitude, bien au-dessus des sentiers de trail estivaux les plus fréquentés.
Pour les coureurs en reconnaissance sur des tracés d’ultras alpins comme l’UTMB ou l’Ultra Tour du Beaufortain, ce genre de situation est une piqûre de rappel utile : en montagne, l’été n’annule jamais totalement l’hiver. Et c’est justement ce qui rend ces courses aussi exigeantes.
Trail et climat : l’illusion du flocon providentiel
D’un point de vue climatique, cet épisode n’a rien de rassurant. C’est une simple respiration dans une tendance bien plus lourde. Les glaciers alpins, y compris ceux situés autour du Mont-Blanc, de la Vanoise ou du Valais, fondent à un rythme accéléré. Une fine pellicule de neige ne suffit pas à enrayer cette fonte.
Les traileurs le constatent chaque année sur le terrain : ponts de neige effondrés, sentiers fermés à cause de crevasses, balisage modifié à la dernière minute pour contourner des zones instables. Le réchauffement ne se décrète pas au fond d’un canapé en regardant tomber trois flocons en webcam : il se vit, à 3000 mètres, baskets aux pieds.
Quand les climatosceptiques se réveillent… en plein déni
À chaque fois que la météo fait un clin d’œil hivernal au cœur de l’été, les réseaux sociaux s’enflamment. “Où est le réchauffement ?”, ironisent certains, confondant à dessein un épisode ponctuel avec une tendance globale. Le climat ne se mesure ni en likes ni en degrés relevés un matin dans les Alpes.
Ce glissement du débat scientifique vers le commentaire Facebook est d’autant plus problématique que les traileurs sont en première ligne. Leur terrain de jeu – la montagne – est aussi l’un des indicateurs les plus sensibles du changement climatique. Il n’est donc pas neutre d’entretenir la confusion.
Courir en montagne, c’est aussi courir dans un monde qui bascule
Le trail est sans doute l’un des sports les plus directement exposés aux bouleversements climatiques. Les canicules entraînent des annulations de courses ou des neutralisations de parcours, comme récemment au Trail du Haut-Giffre. Les orages violents modifient les protocoles de sécurité. Les fontes précoces et les chutes de pierres affectent la sécurité des coureurs. Et désormais, même les reconnaissances estivales deviennent plus incertaines.
Ce 9 juillet 2025, il a neigé au col du Stelvio. Et alors ? Cela ne prouve rien contre le réchauffement climatique, bien au contraire. Les traileurs, en prise directe avec les réalités de la montagne, savent que cette neige n’est qu’un sursis esthétique. Le climat, lui, continue de changer, silencieusement mais sûrement. Pendant que certains s’accrochent à des flocons comme à des arguments, d’autres courent, observent et s’adaptent. Le trail ne ment pas : la montagne parle, il faut juste l’écouter.
Résumé
Le 9 juillet 2025, les Alpes se réveillent sous la neige au-dessus de 2200 m, comme au col du Stelvio. Un phénomène spectaculaire mais classique, vite récupéré par les climatosceptiques. Pourtant, ce type d’épisode ne contredit en rien la réalité du dérèglement climatique. Pour les traileurs, cette météo chaotique s’inscrit dans une évolution bien plus large : fonte des glaciers, conditions de course instables, annulations pour cause de canicule ou d’orages. Ne pas confondre météo ponctuelle et climat global est plus que jamais essentiel.
FAQ
Est-ce normal qu’il neige en juillet dans les Alpes ?
Oui. En haute altitude (au-dessus de 2200-2500 m), il peut neiger en plein été lorsqu’un flux d’air froid descend du nord. Ce phénomène est connu et n’a rien d’inhabituel.
Ce type d’épisode remet-il en cause le réchauffement climatique ?
Non. La météo est locale et ponctuelle, le climat est global et s’analyse sur des décennies. Une chute de neige en été ne compense pas des mois de fonte accélérée des glaciers.
Les traileurs constatent-ils les effets du changement climatique ?
Oui. Chaque été, des courses sont annulées ou adaptées à cause de la chaleur, des orages violents, ou de l’instabilité du terrain liée à la fonte des glaces. Le terrain évolue plus vite que les calendriers.
Pourquoi les glaciers ne profitent-ils pas durablement de ces épisodes froids ?
Parce que la couche de neige fraîche est souvent très fine, et qu’elle fond dans les jours suivants. Elle n’inverse pas la tendance globale, qui est à la régression des glaciers.
Comment le dérèglement climatique impacte-t-il la pratique du trail ?
Il modifie la sécurité des parcours, oblige à revoir les plans d’entraînement, augmente les risques liés à la chaleur et aux phénomènes extrêmes. Le trail reste praticable, mais plus incertain et plus exigeant en anticipation.
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