Courir pendant ses chimio
Elle courait pendant sa chimio : un témoignage inspirant, mais à ne pas généraliser
Le témoignage d’Ève Schaltenbrand, sportive et survivante d’un cancer du sein, est bouleversant et admirable. Mais il est important de rappeler, en préambule, que ce genre de récit peut aussi être culpabilisant pour d’autres malades. Tous les corps ne réagissent pas de la même manière, tous les traitements ne laissent pas la même marge de manœuvre, et il est essentiel de respecter ses limites. Ce témoignage n’est pas une norme, mais une expérience personnelle.
Courir pendant ses chimio, MISE EN GARDE
Ce que dit la médecine : le sport peut aider, mais pas dans tous les cas
Des études sérieuses, notamment publiées dans The Lancet Oncology ou encore par l’Institut National du Cancer, montrent que l’activité physique adaptée (APA) peut améliorer la tolérance aux traitements anticancéreux, réduire la fatigue, améliorer le moral et parfois limiter certains effets secondaires (douleurs articulaires, troubles du sommeil, dépression). Cependant, cela concerne des efforts modérés et encadrés. Marcher, faire du yoga ou du vélo d’appartement peut être bénéfique, mais courir intensément, surtout pendant ou juste après une chimiothérapie, n’est pas recommandé à tout le monde. Cela dépend du type de cancer, des médicaments administrés, de l’état général du patient et de ses capacités physiques. Il est impératif de consulter son oncologue avant d’envisager une activité soutenue.
Un parcours hors du commun
Diagnostiquée à 34 ans d’un cancer du sein agressif dû à une mutation génétique, Ève Schaltenbrand n’a jamais cessé de faire du sport. Entre les séances de chimiothérapie, les opérations et les effets secondaires, elle a poursuivi ses entraînements avec une discipline impressionnante. Triathlète, traileuse, elle allait parfois à ses perfusions… en courant. Et elle en repartait de la même manière.
Une pratique intense qui lui a servi de soutien
Avec 15 à 20 heures d’entraînement par semaine pendant son année de traitement, Ève a maintenu une activité physique régulière malgré l’anémie, les nausées, la fatigue. Elle raconte même avoir progressé pendant cette période. Selon elle, l’effort physique lui a permis de conserver un cap mental, de tenir debout et de limiter certains effets secondaires.
Courir pendant ses chimio, un message qui divise
Cette détermination a suscité l’admiration… mais aussi le malaise. Plusieurs femmes ont témoigné ne pas avoir eu la force, les conditions médicales ou sociales nécessaires pour faire de même. Certaines travaillaient en parallèle des traitements, d’autres étaient trop diminuées pour marcher. Pour elles, entendre que l’on peut « repartir en courant après une chimio » est difficile, voire violent.
Une vérité à nuancer : chaque cancer est différent
La réaction d’un corps face à la maladie, la lourdeur des traitements, les effets secondaires, la situation familiale ou professionnelle : tout cela change d’une patiente à l’autre. Il ne faut pas que le récit d’Ève devienne un étalon implicite de la « bonne attitude face au cancer ». Le sport peut être un allié, oui. Mais il doit rester un outil adapté, non une injonction.
Une course symbole de renaissance
Aujourd’hui, Ève se prépare à courir avec son père le trail Alsace Grand Est by UTMB. Une épreuve de 34 km sur ses terres, qu’elle connaît bien. Ce sera un moment fort, symbolique, pour cette sportive en rémission qui souhaite désormais transmettre un message : bouger, même un peu, peut aider. Mais elle insiste : il ne s’agit pas de courir un marathon, mais de préserver du mouvement, quand et si c’est possible.
une inspiration à lire avec bienveillance
Le récit d’Ève Schaltenbrand est celui d’un immense courage. Mais c’est aussi un parcours singulier. Il ne doit ni créer de normes, ni provoquer de culpabilité. En matière de cancer comme de sport, chacun fait ce qu’il peut, avec ce qu’il a. Et c’est déjà énorme.
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