Le retour récent de Clémence Calvin en équipe de France après quatre années de suspension relance une question complexe : peut-on vraiment tourner la page après une sanction pour dopage ? Un débat complexe, qui dépasse l’athlétisme traditionnel et trouve aussi des échos dans l’univers du trail.
Clémence Calvin
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En avril 2025, Clémence Calvin portera à nouveau le maillot de l’équipe de France lors des Championnats d’Europe de running à Bruxelles.
Ce retour fait débat, car l’athlète française revient tout juste d’une suspension de quatre ans. En 2019, elle avait été sanctionnée pour avoir évité un contrôle antidopage inopiné au Maroc. Aujourd’hui, à 35 ans, Calvin explique qu’elle se sent « comme une novice ». Durant son absence forcée, le sport a évolué : le niveau global est devenu plus élevé, les méthodes d’entraînement et les technologies ont aussi progressé. Pourtant, malgré un retour légal, autorisé par les règles, sa sélection en équipe nationale divise profondément les acteurs du sport français.
La Fédération Française d’Athlétisme (FFA) affirme simplement appliquer les règles.
Une fois la suspension purgée, rien n’interdit un athlète de revenir en équipe nationale. Le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) appuie cette position : selon lui, empêcher une sélection après une suspension équivaudrait à infliger une « double peine », ce qui serait injuste d’un point de vue juridique. Mais cette justification légale ne suffit pas à éteindre toutes les critiques, certains considérant qu’un athlète sanctionné pour dopage devrait être sanctionné à vie.
Evidemment ce débat n’est pas qu’une question d’avis personnel mais de droit et trouve des échos dans d’autres domaines de l’actualité. Il existe un principe juridique essentiel appelé « non bis in idem », qui interdit de sanctionner deux fois une personne pour la même faute. Concrètement, cela signifie qu’après avoir purgé une suspension, un athlète ne peut pas subir une autre sanction pour les mêmes faits, comme par exemple une interdiction supplémentaire d’intégrer l’équipe nationale.
Mathieu Maisonneuve, spécialiste du droit du sport interrogé récemment par nos confrères de l’Equipe sur cette question, apporte une précision importante.
Selon lui, si une interdiction définitive d’équipe nationale pouvait sembler moralement légitime pour certains, elle serait problématique en termes de droit. Le risque serait de rendre les peines disproportionnées, en les cumulant de manière excessive.
Il ajoute qu’une peine complémentaire d’interdiction en équipe nationale pourrait théoriquement être prononcée, mais cette possibilité n’existe pas actuellement dans le code mondial antidopage ni dans le code du sport français. Le sport de haut niveau est un métier à part entière, encadré par des textes de loi, qui prévoient des barèmes de sanctions précis. Imposer automatiquement une interdiction définitive serait contraire au principe fondamental d’individualisation des peines. Il faut protéger aussi bien l’éthique du sport que les droits de chaque individu.
Clémence Calvin – si la question du dopage existe principalement en course sur route, le trail n’est pas en reste.
Malgré les valeurs fortes d’éthique, de respect et de « nature », ces dernières années ont connu plusieurs scandales de dopage, car là où il y a compétition et enjeux (notamment financiers), le risque de dopage existera toujours :
- En 2015, Gonzalo Calisto termine 5ᵉ de l’UTMB, avant d’être disqualifié pour dopage à l’EPO.
- En 2022, lors de la célèbre Sierre-Zinal, Mark Kangogo et Esther Chesang, vainqueurs chez les hommes et les femmes, sont tous deux contrôlés positifs. Ils écopent respectivement de trois et quatre ans de suspension, ce qui provoque un véritable choc.
- En 2023, le champion du monde de trail court Stian Angermund est aussi tombé pour dopage apres sa victoire sur l’OCC.
Il est à noter que des organisations privées peuvent se doter de règles plus exigeantes en termes de dopage. C’est le cas par exemple sur le Festival des Templiers, course pionnière dans la lutte anti-dopage, qui a récemment décidé d’interdire l’usage massif d’anti-inflammatoires non stéroïdiens, comme l’ibuprofène, pourtant autorisés par l’Agence mondiale antidopage (AMA). Pour eux, ces produits représentent une forme de « dopage légal » : ils améliorent artificiellement les performances tout en présentant des risques pour la santé des coureurs.
Le retour de Clémence Calvin en équipe nationale fait beaucoup parler, illustrant régulièrement un débat bien plus large et complexe. Entre exigences juridiques, attentes éthiques, avis individuels et réalités sportives professionnelles, la question du dopage et des sanctions est loin d’être simple. Le trail, comme l’athlétisme, est confronté aux mêmes problématiques pour trouver un équilibre : respecter les règles juridiques et les droits individuels tout en affirmant clairement une exigence éthique plus forte.
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