Trail : pourquoi les influenceurs dérangent autant les élites
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C’est un clash* qui en dit long sur l’évolution du trail. Sur les réseaux, Fiona Porte, une athlète expérimentée (selon les résultats publics consultables sur l’Index UTMB**, elle n’a pas remporté de trail majeur depuis plusieurs années) reproche à Clément Deffrenne — alias Clemquicourt — de “faire le buzz sans palmarès”.
En face, le jeune créateur répond. Ce dialogue musclé dépasse les personnes : il révèle une fracture entre deux générations, deux cultures et deux définitions du mérite.
Qui mérite la lumière : celui qui court vite ou celui qui fait aimer la course ?
Le vrai sujet : à qui appartient la parole dans le trail ?
Pendant longtemps, le trail obéissait à une hiérarchie simple : les podiums parlaient, les autres écoutaient. Mais cette époque s’efface. Aujourd’hui, la légitimité se gagne aussi dans la manière de raconter, d’inspirer, de fédérer. Quand une coureuse ironise sur “trois ans de trail pour une cote à 620”, elle ne critique pas seulement un niveau. Elle remet en cause le droit de parler au nom du sport sans être une élite. En retour, Clément Deffrenne répond : “Je ne vole la place à personne.”
Ce simple échange illustre le changement d’époque : la reconnaissance ne passe plus uniquement par la performance, mais aussi par la parole et l’émotion qu’elle génère.
Un choc de cultures : élite vs créateur
Ce n’est pas une guerre d’égo, mais de langage. Les coureurs formés à l’ancienne ont grandi dans la culture du dépassement, de la souffrance, du respect du chrono. Les nouveaux venus s’expriment en stories, en vidéos verticales, en couleurs vives. D’un côté, le culte du silence et de la montagne. De l’autre, la joie partagée et l’instant filmé.
Clément Deffrenne le dit sans détour : “Je suis une marque.” Pas par vanité, mais par lucidité. En 2025, les marques n’achètent plus seulement un résultat : elles investissent dans une audience, une identité, une histoire. Et cette réalité bouscule ceux qui ont longtemps cru que le mérite se mesurait au seul classement.
Le rôle des réseaux : une nouvelle ligne de départ
Avant, la reconnaissance se gagnait à l’arrivée. Aujourd’hui, elle se joue dans le flux. Un post, un sourire, un mot juste peuvent susciter plus d’engagement qu’un podium. Le trail, discipline de lenteur, vit désormais à la vitesse de l’attention. Cela ne retire rien aux champions — mais cela élargit la scène.
Les échanges en ligne en sont la preuve : les réseaux sont devenus le nouveau terrain de performance symbolique.
La fracture vient aussi d’un sentiment d’injustice
Pour certains athlètes, cette évolution sonne comme une perte de sens. Ils ont tout donné à l’entraînement, parfois dans l’ombre, et voient désormais la lumière se tourner vers des visages plus jeunes, plus connectés, moins “méritants” à leurs yeux. Cette frustration est humaine. Elle dit le désarroi d’une génération formée à un monde sans algorithmes.
Ce que défend vraiment Clément Deffrenne
Clemquicourt ne dit pas que courir lentement est mieux. Il dit simplement que courir vite n’est pas la seule façon d’inspirer. “Je n’ai jamais prétendu être fort, j’aborde souvent mon niveau avec autodérision”, écrit-il. Il ne parle pas à ses abonnés : il parle avec eux. Et dans un monde saturé de récits de souffrance, sa légèreté devient un acte de résistance.
Ses vidéos, souvent simples, rassemblent des milliers de coureurs du dimanche. Il n’enseigne pas la performance, il célèbre la passion. Et cela, dans un sport parfois trop sérieux, a une valeur immense.
Les élites oublient parfois : l’influence n’est pas un vol, c’est une construction
Un influenceur ne “vole” rien à personne. Il construit, patiemment, une communauté. Il apprend à filmer, à écrire, à monter, à communiquer. Ce n’est pas “faire le buzz” : c’est un métier parallèle à la performance, né d’une nouvelle économie du sport. Et si cette influence dérange, c’est peut-être parce qu’elle échappe aux anciennes règles.
Une crise générationnelle autant qu’un débat de fond
Certains internautes comparent ce nouveau monde à un “Disneyland du trail”, évoquent une “invasion à Chamonix” ou encore des “tee-shirts roses vendus à 40 euros”. Ces mots traduisent une nostalgie : celle d’un trail plus discret, plus confidentiel, plus pur. Mais refuser cette évolution, c’est nier ce que le trail a toujours été : un espace de liberté. La liberté de courir pour le chrono, pour la nature, ou simplement pour le plaisir.
Et il n’y a aucune raison d’opposer ces approches. Le trail n’est pas menacé par les influenceurs — il est élargi par eux.
La réponse de la communauté : claire, massive, bienveillante
Sous les publications, les commentaires se comptent par centaines. “Tu m’as donné envie de courir.” “Merci pour ta fraîcheur.” “On a besoin de gens comme toi.” Ces phrases valent toutes les médailles du monde. Elles rappellent une évidence : le trail n’est pas qu’un sport, c’est une émotion collective. Et que ceux qui savent la transmettre méritent aussi leur place.
En résumé, le trail change, mais il garde son âme
Le débat entre élites et créateurs n’est pas une guerre. C’est une transition. Les champions rappellent l’exigence, les influenceurs rappellent la joie. Les uns montrent ce qu’il faut pour gagner, les autres montrent pourquoi on aime recommencer.
Le trail n’a pas besoin de choisir son camp. Il a besoin de continuer à rassembler. Et si Clément Deffrenne dérange, c’est peut-être simplement parce qu’il représente cette mutation : celle d’un sport qui apprend à sourire sans perdre son souffle.
Source
- *Publication publique sur Facebook (Esprit Trail)
- **Index UTMB avec les résultats publics de Fiona Porte ici
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Le titre de cet article (« Clash dans le trail : les influenceurs accusés de voler la vedette aux élites ») relève d’une formulation journalistique et métaphorique. Il ne fait référence à aucune procédure judiciaire ni à aucune accusation réelle, mais illustre un débat d’opinion au sein du milieu du trail.Cet article relève d’une analyse journalistique et du droit d’expression critique sur un sujet d’intérêt général concernant l’évolution du trail, la médiatisation du sport et la place des influenceurs. Il n’a pas pour but de porter atteinte à l’honneur, à la réputation ou à la personne de quiconque. Les citations et données mentionnées sont publiques et replacées dans leur contexte.L’image illustrant la tension entre influence et performance relève d’une interprétation symbolique et parodique, protégée par le droit à la satire reconnu dans le cadre de la liberté de la presse et de la création.En tant que média indépendant, uTrail exerce sa mission d’information dans le respect des règles de déontologie journalistique et reste ouvert au droit de réponse.uTrail participe au programme d’affiliation Amazon EU, un programme conçu pour permettre à des sites de percevoir une rémunération grâce à la création de liens vers Amazon.fr.





