Les français sont-ils chauvins, incultes, ou les deux ?
En France, on a souvent tendance à dire qu’on n’aime pas ceux qui réussissent. Et clairement, les exemples ne manquent pas. Quand on voit la popularité dont Raymond Poulidor jouissait, quand on voit que Zidane n’a jamais été aussi populaire qu’après la défaite en finale en 2006, ou a contrario, quand on voit ce qu’un Karim Benzema a pris dans la figure quand, plus jeune, il disait vouloir être le meilleur du monde à son poste, on a compris. Et pourtant, dans le monde du trail, c’est en partie vrai, et en partie faux. En partie vrai, car on portera autant aux nues un vainqueur d’épreuve qu’un deuxième mais en partie faux, car un français qui ne performe pas régulièrement tombera plus facilement dans l’oubli (on dirait que le quidam un peu amateur de sport se souvient de qui est Xavier Thévenard seulement quand arrive l’UTMB, ce qui n’est pas forcément justice).
Deux preuves que la culture trail en France est limitée
Alors, comment expliquer cette ambivalence ? Au fond, je pense qu’on est trop chauvins, et en parallèle que la culture trail en France est très, voire trop limitée. Je le pense, principalement pour deux raisons.
1) D’une part par rapport à la minoration des exploits faits par les traileurs étrangers
2) et d’autre part par l’amplification des exploits faits par les français.
Les traileurs français sont chauvins
On en a parlé récemment, et je vais encore taper sur le clou, mais je trouve dommage de voir à quel point les performances de Pau Capell et Jim Walmsley ont été passées sous silence en 2019. Je me dis que c’est par chauvinisme, mais j’espère que ce n’est pas par incompétence…
Walmsley est le seul à avoir gagné (et encore, gagné est un euphémisme) en 2019 sur tous les formats (ultra avec la WS100 et format court avec les mondiaux de Patagonie).
Pau Capell a quant à lui fait l’UTMB en solitaire et a tout géré d’une main de maître. Je ne sais pas qui, parmi les lecteurs, a déjà fait un ultra, mais rester tout seul à courir pendant plus de quinze heures, c’est chaud, alors le faire pendant plus de vingt heures à devoir gérer la tête tout seul, c’est énormissime !
Et en parallèle, on aura tendance, par chauvinisme, à préférer mettre en avant des performances qui seront peut-être plus belles (encore que…), mais moins impressionnantes. Rien que sur 2019, quatre exemples me viennent en tête.
1) A la diagonale des fous, on a plus parlé des abandons des élites, du désespoir d’Antoine Guillon et de Benoît Girondel que de la victoire de Grégoire Curmer
2) A l’UTMB, on a plus parlé de la deuxième place de Xavier Thévenard que de la victoire de Pau Capell
3) A la TDS, on a plus parlé de la remontada de Ludovic Pommeret que de la victoire de Pablo Villa Gonzalez
4) Enfin, on a plus parlé de l’échec de François D’Haene sur le Pacific Crest Trail que de ses victoires à l’Echappée Belle ou au MIUT.
Force est de constater que c’est pas brillant, et qu’on gagnerait à regarder un peu plus loin que le bout de notre nez. L’école française a produit une bonne partie de ce qui se fait de mieux en trail, mais pas seulement; si l’école américaine est si mal vue, ce n’est pas parce qu’elle est moins bonne, juste parce qu’elle ne ressemble pas à ce qu’on enseigne dans les classes d’athlé…
* exemple de chauvinisme à la française