UTMB 2025 : le cas Théo Détienne relance le débat sur les départs trop rapides
Il a mené jusqu’au kilomètre 95. Il a résisté à Tom Evans. Il a offert une première moitié de course exceptionnelle. Mais Théo Détienne n’a pas vu la ligne d’arrivée de l’UTMB 2025. Une fois de plus, une tête d’affiche s’est brûlé les ailes sur les pentes du Mont-Blanc, relançant un vieux débat : pourquoi même les meilleurs tombent-ils dans les pièges classiques du trail longue distance ?
Une blessure survenue tôt… mais ignorée
Dans un témoignage publié sur ses réseaux, Théo Détienne a expliqué les raisons de son abandon. La scène se passe au sommet du col de la Seigne, l’un des premiers passages d’altitude de la nuit. Les conditions y étaient particulièrement glissantes : boue, neige, vent… alors qu’il tente de sortir ses bâtons, les deux pieds lui échappent. Il chute violemment sur la hanche. Plus bas, dans la descente vers Lac Combal, il retombe une seconde fois, du même côté. Si la douleur n’est pas immédiate, elle s’intensifie au fil des heures, jusqu’à l’empêcher de courir correctement.
Une gestion de course trop ambitieuse ?
Jusqu’au refuge Bonatti, au kilomètre 94,6, Théo Détienne était en tête. Il devançait Tom Evans, qui allait finalement remporter la course. Il courait avec style, confiance, et un panache salué par les spectateurs. Mais ce rythme impressionnant était-il tenable jusqu’à Chamonix ? Même si sa blessure est réelle et bien documentée, elle survient dans un contexte de course très engagé, où le jeune Français de 26 ans semble avoir puisé dans ses réserves dès les premières heures.
Des erreurs universelles, même chez les élites
Partir trop vite, s’enthousiasmer dans les descentes, ignorer un signal corporel, minimiser une douleur… autant d’erreurs classiques que les coureurs amateurs apprennent souvent à leurs dépens. Ce qui interpelle, c’est de les voir se répéter aussi chez les professionnels. Le trail ne pardonne pas, surtout sur une course aussi longue que l’UTMB. Le niveau élite ne protège pas de la défaillance si les bases de gestion sont ignorées.
L’humilité, cette qualité que la montagne exige
Dans une course comme l’UTMB, la gestion mentale est aussi importante que la préparation physique. L’humilité n’est pas une faiblesse, c’est une force. Croire que l’on peut dicter son rythme à la montagne sans en accepter les règles, c’est risquer de tout perdre. Les coureurs les plus expérimentés le savent : parfois, laisser filer un concurrent est un acte de lucidité, pas de résignation. Dans le cas de Théo Détienne, sa performance reste remarquable, mais son abandon rappelle que la stratégie fait aussi partie de la victoire.
Finalement, c’est le Britannique Tom Evans qui remporte cette édition 2025 de l’UTMB en 19 h 18 min 58 s, devant l’Américain Ben Dhiman et un autre Britannique, Josh Wade. Thibaut Garrivier termine cinquième, Ludovic Pommeret sixième, Yannick Noël septième. Aucun Zach Miller, aucun Mathieu Blanchard à l’horizon cette année. Quant à Théo Détienne, son aventure s’est arrêtée au km 94 après avoir longtemps tenu la tête de la course. Une démonstration de panache, mais aussi une leçon sur les limites du corps et l’exigence mentale de l’ultra. À 23 ans, il aura sûrement l’occasion de revenir.
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