Les secours en montagne sont-ils toujours gratuits en France ? Pas tout à fait.
En théorie, la France est l’un des rares pays européens à garantir la gratuité des secours en montagne, quel que soit le moyen déployé (hélicoptère, PGHM, médecin, chien d’avalanche…). Cette règle repose sur un principe fondamental : ne jamais dissuader une personne d’appeler à l’aide par peur du coût.
Mais dans les faits, des exceptions existent. Et certains pratiquants, randonneurs ou traileurs se sont déjà retrouvés avec une facture salée pour une intervention jugée « non urgente » ou « évitable ».
Un cadre légal flou, mais des pratiques locales bien réelles
Il n’existe aucune loi nationale imposant la gratuité ou la facturation systématique des secours. En revanche, le code général des collectivités territoriales permet à une commune ou une intercommunalité de facturer certains services, notamment lorsqu’ils sont assurés par une régie locale ou une entreprise privée. En montagne, cela concerne principalement les communes en station de ski, les zones touristiques fortement fréquentées, les sites naturels à risque comme les via ferrata ou les canyons, et les interventions sans motif médical.
Dans quelles situations les secours peuvent-ils être facturés en France ?
Les “secours de confort”
C’est le cas le plus fréquent. On parle ici de secours non médicalisés lorsqu’une personne est simplement fatiguée, a peur de continuer, s’est désorientée sans être blessée ou appelle les secours sans réelle nécessité. Dans ce cas, si l’intervention ne nécessite ni médicalisation, ni héliportage, ni diagnostic vital engagé, certaines communes peuvent appliquer une tarification forfaitaire. Exemple : un randonneur épuisé qui appelle les secours depuis un refuge alors qu’il peut redescendre par ses propres moyens.
Les secours en stations de ski
Dans de nombreuses stations de sports d’hiver, le service des pistes est assuré par une régie municipale ou une société privée (et non le PGHM). Cela leur donne le droit de facturer les secours hors-piste, les secours sur piste pour les skieurs sans assurance, ou les interventions abusives. Exemple : un skieur qui tombe sans gravité mais appelle quand même les pisteurs pour être ramené.
Les interventions en via ferrata, canyoning ou escalade
Ces activités ne relèvent pas toujours des services publics. Certaines communes délèguent leur secours à des sociétés locales de guides ou de moniteurs. Si vous appelez alors qu’il n’y a pas d’urgence médicale ou si vous n’avez pas respecté les consignes (panneaux, météo, matériel obligatoire), l’intervention peut être facturée. Exemple : une personne engagée sur une via ferrata interdite à cause de la météo, bloquée sans équipement adéquat.
Les zones avec arrêté municipal
Certaines communes ont adopté des arrêtés spécifiques qui stipulent que les secours pourront être facturés si l’appel est abusif ou si les consignes locales n’ont pas été respectées. Exemple : la commune de Saint-Gervais-les-Bains, qui a plusieurs fois menacé de faire payer les alpinistes inconscients sur le Mont-Blanc, notamment ceux sans équipement ou sans réservation en refuge.
Carte des zones connues pour facturer (ou menacer de facturer) les secours
Parmi les communes et stations les plus connues, on peut citer : Les Orres dans les Hautes-Alpes, où un forfait “secours” est proposé à l’achat du forfait ski, sinon la facturation est possible. La Clusaz, Les Gets, Avoriaz, Morzine en Haute-Savoie appliquent des tarifs fixes pour les secours hors-piste. Saint-Gervais-les-Bains, au pied du Mont-Blanc, communique fortement sur la responsabilisation. Les Angles dans les Pyrénées-Orientales facturent les secours s’ils ne sont pas urgents. À Font-Romeu, si la via ferrata est fermée, l’intervention peut être facturée en cas de non-respect. Enfin, à Florac en Lozère, un pratiquant bloqué sans équipement sur une via ferrata peut se voir facturer l’intervention.
Peut-on contester une facture de secours ?
Oui, mais uniquement si le secours a été assuré par une collectivité publique, et que vous estimez avoir été en danger réel ou que vous n’avez pas été informé du caractère payant. Si l’intervention a été menée par une société privée, il faudra prouver un défaut d’information ou une faute. ⚠️ La meilleure solution reste la prévention : demandez toujours si le secours est gratuit ou non avant d’appeler, si vous n’êtes pas en danger vital.
Combien peut coûter un secours facturé ?
Une intervention terrestre peut coûter entre 80 et 300 euros selon le temps mobilisé. Une intervention par hélicoptère, lorsqu’elle est assurée par une société privée et non par le PGHM, peut atteindre 800 à 2 500 euros, voire plus. En via ferrata, canyoning ou escalade, les secours privés sont à tarif libre, parfois facturés à l’heure entre 100 et 150 euros. Enfin, une descente en barquette ou en scooter des neiges par un pisteur peut être facturée entre 150 et 300 euros, sauf si vous avez pris l’assurance proposée avec votre forfait.
Quelles assurances couvrent les secours en montagne ?
Certaines cartes bancaires haut de gamme (Visa Premier, Mastercard Gold, etc.) couvrent les secours en France et à l’étranger, mais avec des plafonds. Il faut vérifier la clause “sport de montagne”. L’adhésion à une fédération comme le CAF ou la FFME couvre généralement les secours, même hors compétition. Des assurances multisports comme celles du Vieux Campeur ou d’Allianz sont valables pour le trail, la randonnée, le ski, l’escalade, etc. Des assurances personnelles comme la MAIF ou la GMF peuvent aussi inclure cette couverture selon les options choisies. Enfin, le forfait de ski avec assurance “Carré Neige” est souvent la seule façon d’être remboursé des secours sur piste.
Et pour les traileurs et randonneurs solo ?
Les coureurs hors compétition, les randonneurs en solo ou ceux qui bivouaquent sont particulièrement concernés s’ils s’engagent sur des sentiers interdits, instables ou en dehors des périodes autorisées. En cas d’appel aux secours sans blessure, l’intervention peut être considérée comme injustifiée. Exemple : un trailer épuisé, bloqué à 2 000 mètres par manque d’eau, sans blessure. L’intervention est possible, mais la facture aussi, selon la commune.
Comment éviter de payer un secours en montagne ?
Avant de partir, renseignez-vous localement auprès de l’office de tourisme ou en consultant les panneaux d’informations. Respectez les interdictions temporaires, les panneaux de signalisation et les bulletins météo. Ne partez jamais sans assurance, surtout si vous vous aventurez hors des sentiers battus. N’appelez pas les secours si votre vie n’est pas en danger. En cas d’urgence vitale, composez le 112 : ce numéro reste prioritaire et ne déclenche jamais de facturation en France.
Résumé
Contrairement à une idée reçue, les secours en montagne ne sont pas toujours gratuits en France. Dans certains cas bien précis — notamment en station de ski, en via ferrata, ou pour des appels jugés injustifiés —, les pratiquants peuvent recevoir une facture. Cet article fait le point complet sur les zones concernées, les cas d’exception, les différences entre secours publics et privés, et les bons réflexes à avoir avant de partir en randonnée ou en trail.
FAQ
Les secours sont-ils gratuits partout en France ?
Non. Dans la majorité des cas oui, mais certaines stations ou communes facturent certains types de secours.
Qui peut décider de faire payer un secours ?
Une commune, une station de ski ou un prestataire privé ayant signé une convention avec la collectivité.
Combien coûte un secours “de confort” ?
Environ 80 à 300 € pour une intervention terrestre, plus si hélicoptère ou prestataire privé.
Un secours demandé depuis une via ferrata est-il payant ?
Oui, dans certains cas (voie interdite, équipement insuffisant, absence d’urgence).
Est-ce que les secours du PGHM sont toujours gratuits ?
Oui, sauf cas très particuliers, ils restent gratuits même en cas d’imprudence.
Les traileurs doivent-ils avoir une assurance secours ?
Oui, surtout en off ou sur des parcours engagés, à l’étranger ou en haute montagne.
Peut-on contester une facture ?
Oui, mais uniquement s’il s’agit d’un service public. Sinon, cela relève du droit privé.
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Cet article s’appuie sur des arrêtés municipaux, des témoignages de communes et des conditions générales de services de secours. Il ne constitue pas un avis juridique. Chaque randonneur ou traileur est invité à se renseigner localement avant toute sortie en montagne.
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