Ce vendredi, la Fédération française d’athlétisme a annoncé les premières qualifications pour les Championnats d’Europe de running qui auront lieu à Bruxelles les 12 et 13 avril prochain. Grosse surprise dans la sélection, la seule féminine sélectionnée n’est autre que Clémence Calvin, suspendue quatre ans en 2019 pour soustraction à un contrôle antidopage. Cette annonce fait grand bruit dans le monde de l’athlétisme, faisant résonner également une autre affaire, le scandale Ophélie Claude-Boxberger.
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Fédération Française d’Athlétisme # dopage
En 2019, les deux affaires Clémence Calvin et Ophélie Claude-Boxberger sont devenues des symboles des défaillances de la lutte antidopage dans l’athlétisme français.
Clémence Calvin, marathonienne, a été suspendue quatre ans en raison d’une tentative de fuite lors d’un contrôle antidopage en 2019. De son côté, Ophélie Claude-Boxberger a été testée positive à l’EPO la même année. Si les cas de dopage ne sont malheureusement pas rares dans le sport de haut niveau, ces deux cas, bien que différents, ont révélé des failles dans le système de contrôle et de sanction, tout en soulevant des interrogations sur la gestion de ces crises par la FFA.
– Du côté de Clémence Calvin, elle avait été suspendue pour s’être soustraite à un contrôle antidopage inopiné au Maroc, où elle s’entraînait avec son compagnon et coach Samir Dahmani. Une affaire qui avait défrayée la chronique puisque Clémence Calvin, niant en bloc les accusations, avait expliqué qu’un des agents missionnés par l’AFLD pour la contrôler s’était présenté comme un policier puis l’avait agressée dans la rue, son enfant tombant même de ses bras pendant l’altercation ! Mais l’affaire ne s’était pas arrêtée là, puisque le Conseil d’État s’en était mêlé, créant une commission d’enquête tirant les conclusions suivantes : « Nous pensons, en somme, que ce récit [de Clémence Calvin] est mensonger. » Mais le rapport relève « également que le préleveur de l’AFLD s’était effectivement « prévalu abusivement des services de police et de gendarmerie françaises ». Cela avait jeté un grand discrédit sur le sérieux et les conditions de réalisation des tests.
– Dans l’affaire Ophélie Claude-Boxberger, l’imbroglio est encore plus complexe. Déjà suspectée de longue date suite à une série de prises de sang « limites », elle est finalement contrôlée positive à l’EPO lors d’un stage en équipe de France. Sa ligne de défense a rapidement pris un tournant rocambolesque, accusant son beau-père et ex-masseur, Alain Flaccus, de lui avoir administré l’EPO à son insu, ce qui a depuis été écarté. Mais c’est surtout l’image de la FFA qui a été ternie car toute l’affaire semble tourner autour d’un deuxième acteur : Jean-Michel Serra, médecin officiel de la fédération. Car Serra entretenait alors une relation intime avec l’athlète, ce qui posait déjà un problème d’éthique professionnelle, mais est également soupçonné d’avoir directement falsifié des ordonnances et cherché à camoufler des preuves de dopages. Écarté depuis par la FFA et mis en examen pour « complicité d’administration de substance interdite« , cela laisse néanmoins planer des soupçons sur le rôle des encadrants de la fédération dans des pratiques dopantes.
Ayant toutes deux terminé leurs périodes de suspension, Ophélie Claude-Boxberger et Clémence Calvin ont repris la compétition. Privées de sélection aux JO de Paris, elles ambitionnent visiblement de revenir aujourd’hui au plus haut niveau. Ce choix de la Fédération Française d’Athlétisme (FFA) soulève une question brûlante : quelles valeurs veut-elle défendre et quelle image donne-t-elle du sport de haut niveau en France ? Alors que cette affaire avait justement épinglé l’exemplarité en matière de lutte anti-dopage, ce nouveau choix questionne !
La décision de la FFA de sélectionner Clémence Calvin envoie un message ambigu. D’un côté, on pourrait considérer qu’elle a purgé sa peine et qu’elle a le droit à une seconde chance. D’un autre, cela donne l’impression que la FFA fait peu de cas de la lutte contre le dopage et de l’éthique sportive. Le public et les sponsors pourraient percevoir ce retour comme une complaisance envers une athlète qui a cherché à échapper aux règles.
Lien vers la FFA
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