C’est l’un des pseudonymes les plus reconnaissables du trail français. Casquette Verte. Trois syllabes qui claquent, qui marquent… et qui laissent entendre, presque malgré elles, un engagement, une sensibilité, voire une forme de conscience écologique. Sauf que — surprise — Alexandre Boucheix, l’homme derrière la casquette, n’en veut pas. Il l’a dit, redit, et encore confirmé en mai 2025 dans une interview publiée sur le blog de Cécile Bertin : « ce n’est pas parce que j’ai choisi la couleur verte qu’il faut m’associer à un quelconque discours écologique. »
Alors, pourquoi garder ce nom ? Pourquoi entretenir une ambiguïté qu’il semble lui-même vouloir fuir ? Et surtout, est-ce encore tenable, à une époque où de plus en plus de traileurs assument une part de responsabilité dans leur impact environnemental ?
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Casquette Verte #écologie : « Ce n’est pas mon rôle » – un rejet assumé
Dans l’interview en question, Boucheix revient sur sa participation au HK100 à Hong Kong, une course de 100 km à l’autre bout du monde. Interrogé sur son empreinte carbone, il botte en touche :
« Je continue ma pratique égoïste de l’ultra, et ce n’est pas parce que j’ai choisi la couleur verte qu’il faut m’associer à un quelconque discours écologique. »
« Le seul moyen de faire changer les choses, c’est ta carte d’électeur. »
Il reconnaît au passage l’intensité de la pollution sur place, mais refuse d’endosser un rôle. À aucun moment, il ne parle de compensation, de conscience, ou même d’effort. Il assume de courir pour lui, de filmer, de partager — mais pas de porter un message.
Pourtant, son parcours témoigne d’un véritable goût pour l’ultra à l’international, avec un nombre important de déplacements en avion :
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Hong Kong 100 : 2024, 2025
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Ultra-Trail Mont Fuji (Japon) : 2024
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Madeira Island Ultra Trail (Portugal) : 2023
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Kullamannen by UTMB (Suède) : 2022, 2023, 2024
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The Speed Project Atacama (Chili) : 2023
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La Diagonale des Fous (La Réunion) : 2021, 2022, 2023
Autant de destinations qui impliquent de longs trajets aériens, souvent sur plusieurs continents. Un choix assumé, mais qui contraste fortement avec les préoccupations de nombreux traileurs aujourd’hui, qui tentent de limiter leur impact, de favoriser les courses locales ou de compenser leur empreinte.
Boucheix, lui, ne cherche pas à entrer dans cette logique, préférant laisser la responsabilité du changement aux urnes plutôt qu’aux semelles.
Casquette Verte… mais pas vert dans ses actes
Il faut bien le dire : personne ne lui a demandé d’être Greta Thunberg en chaussures Salomon. Mais dans un sport où le lien à la nature est essentiel, où les courses en pleine montagne ou dans les parcs nationaux se multiplient, refuser même d’en parler peut sembler provocateur. Encore plus quand on s’appelle « Casquette Verte ».
Ce pseudonyme, d’ailleurs, est lui-même devenu un flou artistique. Était-ce une blague à l’origine ? Une référence à un accessoire devenu logo ? Ou une manière de cultiver un second degré permanent ? Difficile de savoir, car Boucheix brouille volontairement les pistes — ce qui fait aussi sa force médiatique, il faut l’admettre.
Une marque personnelle… mais ambigüe
Aujourd’hui, Casquette Verte est un personnage, bien au-delà du coureur. Il monte ses vidéos, crée des formats, organise des événements urbains, génère du contenu. Sa stratégie est celle d’un créateur de marque, pas seulement d’un athlète.
Mais dans cette logique de branding, le vert ne peut plus être juste une couleur. C’est un signal. Et quand ce signal entre en contradiction frontale avec les valeurs montantes dans le monde du trail — durabilité, sobriété, préservation des espaces — il devient inévitablement un sujet.
L’ironie qui divise
Certains diront : « Il a raison. Il ne ment pas. Il n’a jamais promis d’être un porte-drapeau de l’écologie. »
Et ils auront raison. Il est droit dans ses chaussures, et ne joue pas au faux écolo de façade.
Mais d’autres, nombreux, s’interrogent : peut-on continuer à tout tourner en dérision, à fuir toute responsabilité derrière une punchline ou un logo ironique ? Le trail n’est pas un sport anodin. Il se pratique en pleine nature, consomme de la logistique, implique des transports longue distance, des équipements nombreux. Ne rien en dire, c’est déjà dire quelque chose.
une question d’image, pas de morale
Alexandre Boucheix n’est pas un danger pour l’écologie. Il n’est ni climatosceptique, ni menteur. Il est juste fidèle à lui-même : ironique, provocateur, décalé. Mais son pseudonyme, lui, commence à prendre un sens qui ne colle plus. Ou plutôt : qui colle trop bien avec une époque où chaque mot, chaque couleur, chaque nom est scruté, interprété, amplifié.
Et si la solution, au fond, ce n’était pas de changer de nom… mais d’assumer enfin ce que ce nom fait naître chez les autres ?
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Source
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Cette illustration relève de la caricature humoristique et de la parodie. Elle ne représente pas fidèlement la réalité mais illustre, de manière symbolique et satirique, les propos tenus publiquement par la personne évoquée. Conformément à l’article L. 122-5 du Code de la propriété intellectuelle, à l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme et à la jurisprudence constante en matière de satire et de liberté d’expression, ce visuel s’inscrit dans un contexte éditorial et journalistique licite.
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Cet article repose exclusivement sur des déclarations publiques d’Alexandre Boucheix alias Casquette Verte, notamment issues de l’interview publiée le 12 mai 2025 sur le blog de Cécile Bertin (runfitfun.fr) ainsi que sur son historique de courses relayé par des sources publiques. Il s’inscrit dans un travail d’analyse éditoriale et journalistique, dans le strict respect de la liberté d’expression (article 10 de la CEDH) et du droit à la critique.
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