Casquette Verte, c’est un modèle économique à contre-courant du trail professionnel
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Casquette Verte, une figure libre du trail
À contre-pied des stars sponsorisées de la course en montagne, Alexandre Boucheix, alias Casquette Verte, revendique une indépendance rare dans le milieu. Malgré une notoriété colossale — des centaines de milliers de followers, des passages médias à répétition, et un livre autobiographique écoulé à plus de 20 000 exemplaires — il affirme gagner entre 14 000 et 17 000 euros par an grâce à ses activités dans le trail. Un chiffre étonnamment bas comparé à l’exposition dont il bénéficie.

Ce revenu ne correspond pas à un salaire de sportif professionnel. Il couvre, selon lui, « la saison », c’est-à-dire les frais liés aux dossards, déplacements, matériel ou encore production de contenu. À la différence d’athlètes élite souvent sous contrat avec plusieurs marques, il n’est officiellement soutenu que par Salomon jusqu’en 2026, et finance la majorité de ses projets via sa stabilité salariale comme chef de projet chez JC Decaux.
Plus influenceur que compétiteur ?
La saison 2025 de Casquette Verte est jusqu’ici marquée davantage par le storytelling que par les résultats sportifs. Forfait pour la prestigieuse Hardrock 100, officiellement pour raisons familiales, il s’est recentré sur des projets plus personnels, comme sa participation à l’Ultra Boucle des Buttes Chaumont — un événement parisien où il a couru 47 km pour 2 300 m de D+… dans un parc urbain.
En parallèle, la sortie de son livre On m’appelle Casquette Verte a fait l’effet d’un raz-de-marée. Cinq réimpressions, ruptures de stock, plus de 20 000 ventes en trois mois, et un buzz savamment orchestré — notamment avec cette idée de marcher 280 km pour remettre le premier exemplaire à sa mère. Il est partout : plateaux télé, matinales, dédicaces, YouTube. Mais cette médiatisation, il l’a construite lui-même, sans équipe marketing. Et c’est là que réside sa singularité.
Le Guivarc’h du trail ?
Alexandre Boucheix plaît justement parce qu’il n’est pas une star de l’ultra au palmarès démesuré. Lui-même se compare volontiers à Stéphane Guivarc’h, champion du monde 1998 reconverti dans la vente de piscines : « Je suis le voisin d’en face, pas l’élite inaccessible ». Il joue sur cette proximité avec son public, citadin, fumeur repenti, jeune papa, salarié… mais capable de performances redoutables (comme sa 18e place à l’UTMB 2022).
L’un des paradoxes du personnage est qu’il clive autant qu’il fascine. Certains traileurs puristes raillent son style ou sa mise en scène. D’autres saluent l’authenticité et la fraîcheur qu’il insuffle dans un univers parfois trop lisse. Dans son livre, il tente justement de déconstruire ce personnage provocateur pour montrer l’humain derrière la casquette : un homme sincère, déterminé, et fin stratège de l’attention.
Une influence réelle, mais pas monétisée
Le cas Casquette Verte soulève une question majeure : comment valoriser l’influence dans le trail, un sport encore jeune médiatiquement ? Avec près de 200 000 abonnés sur Instagram et des vidéos vues plusieurs dizaines de milliers de fois, Boucheix dispose d’une audience supérieure à bon nombre de pros. Pourtant, il reste volontairement sous-marchandisé. Pas d’influence commerciale agressive, pas de partenariats en série. Il préfère garder la main sur ses contenus, quitte à plafonner ses revenus.
Il ne se vit pas comme un « professionnel », même si son temps investi sur ses vidéos, ses défis et ses interventions publiques pourrait le justifier. Sa liberté, c’est son capital.
Courir… au Sénat ?
Et maintenant ? Alexandre Boucheix ne manque pas d’idées. L’une de ses dernières lubies serait d’organiser un ultra-trail dans les couloirs du Sénat, en live sur Twitch. Loin des cimes alpines, mais fidèle à son goût pour le décalé. Il s’agit moins de performances chronométrées que d’expériences humaines, narratives, presque artistiques.
Car Casquette Verte, c’est aussi ça : une façon d’habiter le trail autrement. Pas forcément plus vite, pas forcément plus fort. Mais différemment.
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- source : Miles and Stone N°52