C‘est la grosse info qui circule depuis quelques jours dans tous les magazines sportifs et même certains grands médias généralistes : le PPS (Parcours de Prévention Santé, actuellement) va devenir payant (cinq euros) et sera valable un an (contre trois mois pour le moment).
Partout, les réactions vont dans le même sens : scandale, racket, l’argent avant tout, le business détruit le sport etc… Pourtant, avec un peu de recul, on se rend vite compte que l’aberration n’a rien à voir avec ces fameux cinq euros.
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D’ailleurs, cinq euros sur une année, est-ce vraiment déraisonnable ?
Les coureurs à pied dépensent des fortunes chaque année pour des baskets, des fringues, des accessoires, de la nutrition sportive, des compléments alimentaires mais aussi et surtout des dossards dont le prix s’envole chaque année, de nombreux kilomètres parcourus pour se rendre sur les lignes de départ, parfois des logements à louer et des congés à poser également. Par conséquent, ce ne sont pas ces fameux cinq euros qui vont venir ruiner l’immense majorité des coureurs à pied.
Sur le principe, sur le papier, cette idée pourrait séduire : on paye cinq euros et on peut faire toutes les courses que l’on veut pendant une année. On paye cinq euros auprès d’une fédération qui devrait prendre soin de nous, organiser les courses dans les meilleures conditions possibles, assurer notre santé, notre sécurité. Finalement, ce PPS, ce pourrait être une sorte de « mini licence » avec option mutuelle et véritable formation en prévention des risques sportifs… Dans un monde idéal, la FFA pourrait même organiser les courses elle-même, qui sait… Oui mais.
En pratique, on en est très loin.
Concrètement, ce PPS ne sert à rien. Visionner trois vidéos à intervalles réguliers n’a jamais sauvé la vie de qui que ce soit, hélas.
Les problèmes cardiaques continueront de frapper, parfois de manière injuste, y compris chez les sportifs les mieux entrainés. La proportion de coureurs augmente sans arrêt, il est donc inévitable que le nombre de morts sur les courses augmente lui aussi, en conséquence. Il faut arrêter de diaboliser la course à pied et le sport en général : l’activité sportive sauve des millions de vie chaque année. La sédentarité tue, pas la bigorexie. Les quelques rares malchanceux dont le coeur s’arrête de battre pendant un gros effort ne sont pas toutes des personnes à risque, même s’il y en a.
En-dehors de l’aspect purement pécuniaire, l’existence même de ce PPS révèle toute son hypocrisie.
Cette énième formalité administrative kafkaïenne vient tenter de masquer un drame dont nous ne parlons pas assez : l’absence de médecins dès que l’on s’éloigne des grandes villes françaises.
Voilà où réside tout le problème : le PPS permet à des sportifs non suivis médicalement de prendre le départ de n’importe quelle course ou presque. Dans des déserts médicaux qui tendent à s’étaler en France, le PPS résonnent tel l’arbre qui cache la forêt. Ce dispositif ne contourne même pas le problème, il en crée un nouveau, qui masque le premier. Finalement, le PPS, quel que soit son prix, ne permettra pas de sauver des vies mais, au contraire, pourra démotiver certains sportifs à prendre un dossard…
Au-delà, cette mascarade met en avant une autre problématique bien française : le manque de structures, de clubs, de professionnels dans le monde du sport.
La Fédération Française d’Athlétisme récolte les fruits de nombreuses années de politique française où le sport n’est plus la priorité mais s’avère frappé, comme d’autres domaines, de nombreuses restrictions budgétaires. Moins de bénévoles, des clubs qui ferment, des enfants qui finissent scotchés sur leur écran plutôt que dans une infrastructure sportive, voilà ce que ne nous explique pas le PPS mais qui constitue pourtant le coeur du drame. Pour plagier légèrement Victor Hugo : « ouvrez des clubs, vous fermerez des hôpitaux ».
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Mention éditoriale : Cet article s’appuie sur les déclarations officielles d’Emmanuelle Jaeger dans Ouest-France le 17 novembre 2025. Sa reprise s’inscrit dans une analyse critique de l’impact du PPS sur le monde du running amateur, et dans une volonté de replacer ce dispositif dans le contexte sanitaire, médical et logistique réel vécu par les coureurs sur le terrain.
L’intitulé volontairement percutant du titre ne sous-entend en aucun cas que la Fédération Française d’Athlétisme serait responsable des décès en course, ni que sa politique serait dangereuse. Il vise uniquement à souligner l’écart entre la promesse du PPS et la réalité de terrain, dans un contexte où les morts subites ne peuvent être évitées par des formalités administratives.
Cet article a été rédigé en toute bonne foi, dans un cadre informatif, non polémique, non militant, non politique, non syndical, non limitatif et sans aucune intention de nuire. Il s’inscrit dans une démarche journalistique indépendante d’analyse et de vulgarisation, fondée sur des déclarations publiques et des informations librement accessibles.
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