Ce n’est “que” 5 euros.
À propos du PPS désormais payant : ce n’est que 5 €, surtout quand on s’ach!ète une Fenix à 1 000 € ou des chaussures à 250 €. À propos de l’augmentation du dossard de la Diagonale des Fous : ce n’est que 30 €, et pourtant, on y part en famille, pour une semaine de vacances. À propos du pack photo souvenir, du t-shirt, de la médaille, des frais de traitement : ce n’est que quelques euros.
Rien de grave. Rien de choquant. Rien qui mérite de s’indigner.
Acheter la Garmin Forerunner 970 sur i-run
Ce n’est jamais “que”… quand on additionne
La première erreur, c’est de regarder chaque hausse séparément. Ce n’est pas 5 € ou 30 € qui posent problème. C’est la logique qui les accompagne. La multiplication silencieuse. Le grignotage invisible. Un peu comme ces abonnements numériques qui augmentent tous les ans d’un euro, jusqu’à devenir trois fois plus chers qu’au départ. Dans le trail, ce phénomène est en train de se produire.
Il y a quelques années, une inscription à un ultra coûtait 90 €. Aujourd’hui, certaines dépassent les 200 €, parfois sans qu’on s’en rende compte. Mais comme chaque hausse est défendue par un « ce n’est que… », les traileurs acceptent. Et payent. Encore. Et encore.
Se faire culpabiliser les traileurs
Ce qui est inquiétant, c’est qu’on ne laisse même plus la place au débat. Le traileur qui refuse de payer 5 € de plus est perçu comme un râleur, un pinailleur, un mauvais esprit. On le soupçonne d’être radin. Pourtant, il ne conteste pas le montant, il conteste la direction. Il ne dit pas que c’est trop cher, il dit que ça s’accumule. Il voit bien que chaque année, le ticket d’entrée au trail s’élève un peu plus. Et que cela finit par exclure.
Le trail devient un abonnement déguisé
On ne le dira jamais comme ça, mais le trail est en train de basculer dans un modèle économique proche de l’abonnement. Ce n’est pas encore un abonnement mensuel, mais c’est une forme de prélèvement continu. On paie un dossard, on paie un service PPS, on paie un package souvenir, on paie un plan d’entraînement, on paie des frais d’inscription à une loterie. Et tout cela est présenté comme raisonnable. Parce que ce n’est « que »…
Ce que cache ce “ce n’est que…”
Il cache une stratégie bien rodée. Celle qui consiste à avancer masqué, à faire accepter une inflation douce, à repousser chaque année le seuil psychologique. Le jour où un ultra passera de 140 € à 190 €, certains répondront encore que « ce n’est que 50 € de plus »… Mais alors, que restera-t-il de l’esprit trail ?
En résumé une bascule est en cours et ceux qui auront refusé de râler pour 5 € auront peut-être contribué à perdre bien plus.
Ce n’est pas une guerre contre les 5 euros. C’est une alerte contre un glissement culturel. Le trail, né dans une forme de sobriété, risque de devenir un loisir premium réservé à ceux qui peuvent payer. Et à force d’avoir accepté que chaque hausse était minime, on risque de se réveiller dans un monde où le dossard n’a plus rien de populaire. Où courir en montagne coûtera 500 € tout compris. Et où il sera trop tard pour dire non.
Lire nos précédents articles sur l’augmentation des prix dans le trail
- Où vont aller les 10 millions du nouveau PPS
- Le PPS devient payant en janvier : ce qui va vraiment changer pour les coureurs
- Diagonale des Fous : les Réunionnais ne peuvent plus s’inscrire à leur propre course
- Malgré les critiques, les organisateurs de la Diagonale des Fous assument l’augmentation des prix
- Diagonale des Fous : l’ultra-trail où c’est le plus facile de s’inscrire
- Diagonale des Fous 2026 : comment décrocher un dossard pour l’ultra le plus mythique de France ?
- Diagonale des Fous : pourquoi la vente des packages bugue chaque année ?
- Diagonale des Fous : pourquoi les packages coûtent-ils si cher ?
- Garmin va-t-il écouter les coureurs et arrêter son offre payante ?
- Garmin Connect+ : qu’est ce qui sera payant dans cet abonnement et qu’est ce qui sera gratuit ?






