Antidopage dans le trail
Dopage dans le trail : l’AFLD intensifie les contrôles, mais moins de 0,02 % des coureurs sont testés
Antidopage dans le trail
Chaussures Trail Hoka Challenger 7
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Antidopage dans le trail
L’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) nous a adressé un droit de réponse après la publication de notre article sur les écarts entre la France et les États-Unis en matière de contrôles antidopage dans le trail. L’un des chiffres marquants : 160 contrôles réalisés dans le trail en 2024. Une hausse spectaculaire par rapport à 2022, qui place désormais le trail parmi les sports les plus testés en France… mais cette statistique doit être fortement nuancée au regard du nombre de participants dans notre discipline.
Le trail, désormais 12e sport le plus contrôlé en France
Avec 160 prélèvements réalisés en 2024, le trail est devenu la 12e discipline la plus contrôlée par l’AFLD, devant des sports olympiques comme le judo ou la natation. Une progression impressionnante, sachant qu’il n’y avait eu que 62 contrôles en 2022.
Ce chiffre témoigne d’un intérêt croissant des autorités pour notre discipline, autrefois marginale. L’AFLD précise que les prélèvements sont à la fois urinaires et sanguins, et que les traileurs sont désormais intégrés dans les groupes de contrôle hors compétition.
Une surveillance renforcée… mais très minoritaire
Mais ce chiffre de 160 doit être replacé dans son contexte : selon les estimations de l’UTMB Group et de la presse spécialisée, plus d’un million de dossards sont distribués chaque année sur les trails français, toutes distances confondues. Cela signifie que moins de 0,02 % des participants sont effectivement testés.
Même si l’on suppose que la majorité des contrôles ciblent les élites, la probabilité d’être contrôlé reste extrêmement faible, même pour les meilleurs coureurs. Ce paradoxe est au cœur du problème : le trail est à la fois davantage contrôlé qu’avant… mais il reste très loin d’une surveillance systématique ou crédible aux yeux du grand public.
Qui est contrôlé ? Où ? Quand ?
Contrairement à d’autres pays, l’AFLD n’a pas besoin de l’accord des organisateurs pour intervenir. Elle peut effectuer des contrôles sur n’importe quelle course organisée en France, dès lors qu’il y a remise de prix, qu’il s’agisse d’une épreuve privée ou fédérale. Cette indépendance garantit que même les événements hors circuit peuvent faire l’objet d’un contrôle surprise.
Autre fait important : les podiums ne sont pas systématiquement testés. L’agence privilégie une stratégie de dissuasion, évitant toute routine. Le ciblage dépend du classement, mais aussi de renseignements, d’analyses de performance, ou de profils suspectés. En parallèle, les meilleurs traileurs français sont suivis hors compétition, tenus de déclarer leur localisation quotidienne.
Quels types de tests sont réalisés ?
L’AFLD utilise des analyses d’urine et de sang, selon la substance recherchée. Elle peut également mettre en place un passeport biologique, qui permet de suivre l’évolution des paramètres du coureur dans le temps et de détecter d’éventuelles manipulations physiologiques.
Les échantillons sont analysés au LADF (Laboratoire antidopage français), accrédité par l’AMA, avec des seuils de détection de l’ordre du nanogramme. Certaines substances comme l’EPO ou les stéroïdes anabolisants sont recherchées via des protocoles spécialisés.
Une prise en charge publique… mais peu de moyens pour les petits trails
L’AFLD finance entièrement les contrôles de son programme annuel à partir d’une subvention de l’État. Les organisateurs peuvent demander des contrôles supplémentaires, mais à leurs frais, et sans interférer dans le ciblage ni dans les résultats. Le coût unitaire varie entre 400 et 800 € selon les analyses demandées.
Autant dire que peu de petites courses peuvent se permettre cette dépense, surtout quand il n’y a ni enjeu de qualification ni prime à l’arrivée. Il n’existe aucun mécanisme de subvention dédié pour alléger ce coût, ce qui crée un déséquilibre entre les gros événements médiatisés et les courses locales.
Faut-il publier les résultats des contrôles ?
Dernier sujet sensible : la transparence. En France, les résultats des tests ne sont pas rendus publics, même lorsqu’ils sont négatifs. Cela contraste avec certaines pratiques anglo-saxonnes, où les agences publient régulièrement le détail des contrôles effectués sur chaque course.
L’AFLD ne ferme pas la porte à une évolution, mais à ce jour, aucune annonce concrète n’a été faite. Ce manque de visibilité alimente les soupçons, même en l’absence de dopage avéré.
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