Les élites qui sont ultra-compétitives se risquent de moins en moins sur les épreuves longues et se spécialisent là où ça va vite : on en a eu la preuve sur l’UTMB et on l’aura encore dans moins sur la Diagonale des Fous.
Le désamour des stars pour l’ultra signe une victoire des américains sur le trail
Les grandes stars du trail semblent « bouder » le long au profit du court
Est-ce qu’on va s’emmerder à la Diagonale des fous ? La question s’était déjà un peu posée lorsque nous avions vu que les grandes stars de la discipline s’étaient détournées de l’UTMB (où il y avait finalement eu plus de spectacle sur la TDS, la CCC ou l’OCC que sur la grande course). On ne peut que constater que la Diagonale des Fous 2019 confirme cette tendance ; en cette période, les grandes stars du trail semblent « bouder » le long au profit du court. On pose la question de manière un peu polémique, mais c’est une piste plausible. Et pour cause, si on regarde l’actualité des grands traileurs sur le dernier trimestre 2019, seul François D’Haene va s’engager sur du long avec l’Ultra Trail de Cape Town. Kilian Jornet, Magnini, Angermund-Vik, Baronian et Lauenstein vont s’affronter sur l’Annapurna ; Jim Walmsley va participer aux championnats du monde en Patagonie ; Xavier Thévenard et Thibaut Garrivier iront quant à eux aux Templiers.
Le trail se court de plus en plus rapidement
François d’Haene avait dit assez tôt dans la saison qu’il ne participerait pas à l’UTMB et à la Diagonale afin de découvrir de nouveaux endroits (il a participé au MIUT et à l’Echappée Belle en 2019 déjà) ; on ne peut donc pas dire que c’est surprenant, et ça n’a rien d’illogique (quand on a tout gagné comme lui, voire comme Kilian, c’est normal de vouloir se challenger sur de nouveaux défis). En revanche, les autres ont fait le choix d’aller sur du plus court.
C’est peut-être le signe que le trail est en train d’évoluer et commence à devenir de plus en plus compétitif. Et qui dit compétitivité dit rapidité. Le problème est que sur de l’ultra (et de surcroît sur un terrain comme celui de la Diagonale), il y a tellement d’incertitudes qu’on n’est jamais sûr de finir, et encore moins d’exploser un record (ce n’est pas Jim Walmsley qui dira le contraire, lui qui a beaucoup plus échoué sur du long) ; sur du court, il y a moins d’incertitudes à ce niveau. Le hasard et les aléas y ont beaucoup moins leur place, pour le plus grand bonheur des élites.
Victoire de l’école américaine du trail sur l’école européenne
C’est peut-être une victoire (ponctuelle ?) de l’école américaine sur l’école européenne ; est-ce que ça veut dire qu’on va pour autant vers une disparition de la compétition au niveau des ultras et vers un avènement des épreuves plus typées skyrunning ? Je ne le pense pas. Je ne suis certainement pas Madame Irma, mais si je devais faire un pronostic, je dirais que les élites vont peu à peu se spécialiser sur le court (dans le sillon de l’école américaine du trail) tandis que les amateurs (au sens noble) vont continuer à se spécialiser sur de l’ultra (plus dans le sillon de l’école européenne du trail), plus à la recherche du dépassement que de la performance (encore que…). Et parmi les amateurs, on trouvera d’un côté ceux qui ont quand-même un minimum d’ambition et ceux qui ne viennent que pour participer (cette scission a été parfaitement actée par la Maxi Race et ses deux marathons).
Pour résumer, on aura les traileurs amateurs randonneurs, les traileurs amateurs compétiteurs et les élites qui vont prendre chacun des chemins différents.
Les premiers iront sur du court ou du long sans pression de chronomètre, les deuxièmes continueront plus sur du long tandis que les derniers iront chercher la performance sur des distances plus courtes.
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